La Charte du Bon Grand-frère

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Quand j'arrive dans la forêt, toujours hors de moi, je me rends alors compte d'une chose : il est bientôt 20h. Je suis seule, dans les bois. Je ne connais pas le chemin, et il n'y a personne pour me raccompagner.

Hum...

Comment dire.

Situation pour le moins embarrassante.

"S'il-vous-plaît, monsieur le Manitou Destin ? De l'aide ?

Je ne demande pas spécialement un prince pour me raccompagner sur un beau cheval blanc. Un gringalet qui sème des cailloux, ce serait suffisant.

Mais s'il-vous-plaît, je veux juste quelqu'un qui sait où il va.

C'est possible ?"

-Mademoiselle.

Je me retourne, Victor est déjà là avec son vélo.

"Toujours adepte de la théorie "au moins j'en fais, au mieux j'me porte", hein M'sieur le Manitou ?

Bon. Je m'en contenterai. Merci."

Je monte sur son vélo, sans lui adresser un mot. Dans un premier temps parce que je ne l'apprécie guère et dans un deuxième, parce que je suis en rogne comme jamais.

Ça ne doit pas exploser. Pas maintenant.

Le trajet se fait rapide, dans un silence des plus total. Tant mieux.

Il me dépose devant chez moi. Je descend, sans un merci, sans un regard.

J'ai décidé d'être la plus désagréable possible. C'est gamin, oui. Mais pour l'heure, ça m'apaise légèrement.

L'inutilité de ces actes équivaut à souffler sur une blessure. On sait que ça sert à rien, c'est purement psychologique. Mais bon. Du moment que je me sens mieux, c'est l'essentiel, non ?

Victor s'en va. Sans un mot, lui non plus.

Je rentre à la maison, en claquant la porte.

Ça va exploser. Je le sens.

-Lisa ? demande ma mère. Je croyais que tu devais dormir chez Raphaël ce soir.

-Annulé, rétorquai-je aussi conviviale que Shreck dans ses débuts.

-Y'a des restes, si tu veux, me propose gentiment Mathieu. Maman a fait...

-Pas faim, le coupai-je en montant les escaliers. Bonne nuit.

Ma voix se brise, je cours m'enfermer dans ma chambre.

Explosion imminente.

J'ai juste le temps de retirer mes vêtements et de les troquer contre un pyjama approximatif avant de me jeter dans mon nid pour lâcher tout.

-Putain, jurai-je entre deux sanglots.

La mémoire.

Vincent.

Maxime.

Et par dessus tout, Raphaël.

Raphaël...

Ce fumier de loup-garou qui m'a...

Je me sens si bête.

"Une tarte, tu n'es qu'une effroyable tarte"

Mes nerfs qui n'ont pas arrêté d'être à vifs décident de lâcher prise. Je m'énerve toute seule, je dois passer ma colère sur quelque chose.

Le piano, mon compagnon de déprime serait tout désigné, si seulement il n'était pas si tard.

Je finis par taper rageusement mon innocent oreiller contre mon lit.

Esclave des Vampires TOME IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant