Esclave des Vampires TOME II

Le Petit Rien

Je le sens mal. Je le sens vraiment mal.

Un vicieux petit être s'est emparé d'un tourne-disque et il ne cesse de jouer la même phrase dans ma tête : "Ça va foirer".

Mathieu et moi avons été obligés de mettre au point un mensonge qui n'est pas des plus élégants, ni des plus crédibles.

Mes parents sont du genre à vouloir tout savoir sur nos déplacements.

Comment on finance ce voyage, avec quelle agence nous voyageons, dans quel hôtel nous allons, et ainsi de suite.

Ce à quoi nous avons inventé ceci :

Un prof d'histoire passionné de la culture grecque qui essaye de mettre au point des voyages, pour pouvoir proposer ça à ses élèves nous a suggéré de partir gratuitement pour tester la chose.

Ce n'est pas tout à fait plausible, mais ils y ont cru. C'est l'essentiel.

Ça expliquait le fait qu'il n'y ait aucune organisation extérieure et aucun site internet à aller consulter. Aussi, l'absence d'autres participants a ainsi pu être tolérée.

Le problème a été d'expliquer comment nous sommes venus en contact avec ce professeur.

Allez-y, demandez moi !

Comment, donc ?

Via le prof de théâtre de Mathieu, bien sûr !

Ce prof est bizarre et il donne l'impression de connaître tout le monde. Aussi, c'est le seul qui ait accepté de mentir à mes parents.

"Pourquoi a-t-il accepté de mentir ?" vous demanderez vous peut-être.

Et bien, parce qu'il est fou.
"Vivez votre jeunesse", n'a-t-il cessé de nous expliquer depuis.

Il était persuadé que moi et Mathieu, nous voulions simplement partir en vacances avec des amis mais que nos parents n'accepteraient pas.

Un peu naïve comme explication mais l'essentiel est que ça marche, non ?

Nous l'avons même invité à dîner pour qu'il explique un peu. Il a rajouté des détails surprenants pour amener de la crédibilité.

Il n'est pas prof de théâtre pour rien.

Enfin bon.

Maintenant, je suis dans la voiture, en direction de l'aéroport. Je ne me suis jamais sentie aussi stressée, et Mathieu se trouve visiblement dans le même état.

Nous nous regardons dans les yeux, et nos pensées se superposent.

Un rien. Il suffit d'un rien pour que tout soit foutu en l'air. Un simple mot pourrait faire comprendre à nos parents que nous avons menti.

Et ce n'est pas vraiment ce que nous recherchons, aussi incroyable que cela puisse paraître. Car oui, en cet instant, j'ai tendance à trouver plutôt idéal que nos parents nous laissent partir sans encombre et ne perdent pas trop confiance en nous.

Et... Et excusez-moi. Je deviens excessivement ironique et fortement désagréable quand je suis sujette à des émotions que je n'arrive pas à gérer. Vous devez commencer à me connaître.

D'ailleurs, ces émotions insupportables qui dansent la ronde autour de mon estomac accélèrent subitement la cadence quand nous nous trouvons en face de Greg et de Vincent, dans le hall de l'aéroport.

-Bonjour, salue poliment mon père.

-Bonjour monsieur et madame Hart, je présume, répond Vincent en venant serrer la main de mon paternel.