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Je la dévisage longuement, pesant le pour et le contre ; accepter de rester reviendrait à affronter son regard, à répondre à un interrogatoire, à malmener ma fierté une fois de plus pour répondre à ses attentes. Je ne l'ai que trop fait.

Je m'apprête à partir mais elle plaque son bras sur la porte et la referme.

- Inutile de fuir. Tu sais autant que moi que c'est ce dont tu as besoin.

J'éclate de rire, de nerfs.

- Ah bon ? Parce que, toi, Riley Edwards, t'en as déjà eu quelque chose à foutre de mes putains de besoins ? T'en as déjà eu quelque chose à foutre de ma gueule ? Tu vas même me dire que t'as déjà eu d'autres sentiments à mon égard que de la pitié, c'est ça ?! Commencé-je, de plus en plus hystérique.

Silencieuse, elle me fixe, impassible, et j'aimerai la secouer, la frapper, l'envoyer voler pour qu'elle réagisse.

- Va te faire foutre, putain ! Ça fait trois putains d'années, trois ! Et toi, tu crois que tu peux revenir comme ça, comme une fleur ? Tu crois que je vais te balancer toute ma vie, comme si t'étais ma psy ? J'ai déjà pas de psy, à l'origine, c'est pas pour que t'en joue le rôle, bordel ! De quel droit tu crois pouvoir me demander des explications, hein ? J'ai dû t'en demander combien de fois, combien de temps même, avant que toi tu ne m'en donnes ? Tu te rends compte de rien, t'es aveugle, bordel ! Tu te souviens de certaines paroles que t'as eu à mon égard ? "Je n'ai de comptes à rendre à personne !" "Tu me prends la tête !", tu t'en souviens, de ces mots ? Eh bien aujourd'hui, je te les retourne ! De quel droit tu crois pouvoir revenir dans ma vie, hein ?! Je refuse, Edwards ! Il est hors de question que tu reviennes, tu m'entends ?!

Je m'arrête de hurler, à bout de souffle. Les larmes montent, mais je refuse de pleurer, plus particulièrement devant elle. Elle m'a déjà fait suffisamment de mal, sans que je ne la laisse le savoir, ce n'est pas pour qu'elle me voit pleurer aujourd'hui.

- C'est bon, tu as fini ? Demande-t-elle d'une voix neutre.

Elle est restée de marbre ? C'est une blague ?

- Non. Je veux que tu me laisses partir, dis-je sur le même ton.

Elle veut jouer à la fille sans émotions ? Jouons.

- Pourquoi ?

- Pourquoi pas ?

- Les pizzas ne sont pas cuites.

- Démerde-toi. J'en ai rien à foutre.

Elle me lance un regard noir.

Des souvenirs affluent.

Je les refoule.

Je monte les escaliers quatre à quatre. Elle me demande ce que je fais, à plusieurs reprises, mais je l'ignore. Je vais dans ma chambre et m'y enferme, les muscles tendus; j'ai envie de tout envoyer voler, cette situation est ridicule.

J'ouvre la fenêtre.

Le sol est trop bas.

J'y jette tout ce que je trouve: ma couverture, mes oreillers, mes draps, puis moi-même.

Je l'entends cogner contre ma porte de chambre, gueuler pour que j'ouvre, jurer.

Elle pète les plombs.

Cute, jealous and bad. [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant