- Bonjour, toi.
Je tente d'ouvrir les yeux, la lumière du jour me brûle les yeux et mes paupières s'ouvrent, se referment, clignent des dizaines de fois.
Lorsque j'arrive enfin à les garder ouverts, une silhouette bien trop familière est accroupie à côté de moi.
- Qu'est-ce que tu fais là ? Et puis, t'étais pas censée être morte ?
Elle sourit et se relève un peu, arpentant la chambre de long en large.
- Tu sais, lorsqu'on se rend compte qu'on tient à quelqu'un, on ne devrait pas le laisser partir. Surtout pendant un conflit.
- Ça ne répond à aucune de mes questions, rétorqué-je.
Elle se retourne et me regarde dans les yeux, l'air quelque peu surprise.
- Pourquoi est-ce que tu fais ça ?
- Faire quoi ? Demandé-je, fronçant les sourcils.
Elle prend un air boudeur et s'assied au bord du lit.
- Tu ne devrais pas faire comme si ça ne t'atteignait pas, tu me déçois beaucoup. Je croyais que tu saurais te rattraper, mais tu t'empire. Pourquoi tu ne m'appelles plus ? Pourquoi tu m'ignores ? Pourquoi tu fais comme si je n'existais plus ?
Je la dévisage froidement.
- Tu es morte. Tu n'existes plus.
- C'est faux, et tu le sais ! S'exclame-t-elle en se levant,faisant de grands gestes avec les bras. Je ne suis même pas partie ! Pourquoi est-ce que tu ne fais plus attention à moi ? Je croyais que tu m'appréciais ! Tu n'es qu'une menteuse ! Tu sais que j'existe ! Je ne suis même pas loin ! Pourquoi tu ne viens plus me voir ? Tu es trop lâche, ou est-ce que tu ne m'en juges pas digne ? Je veux savoir, Riley, dis-moi !
- Mais qu'est-ce que tu veux que je te dise ?! Hurlé-je à mon tour. Que je suis désolée, que je n'aurais pas dû ? Mais combien de fois est-ce que je l'ai fait ? Combien de fois est-ce que je t'ai appelée, demandé de rester ? Pourquoi tu reviens pas, toi, hein ?! Tu nous aime pas assez ? T'es trop égoïste ? Explique-toi, toi aussi ! Vas-y !
Son visage se détend, elle sourit de nouveau.
- Tu vois ? J'avais raison.
Puis elle disparaît.
Je me réveille et fixe le vide quelques minutes, immobile.
Je voudrais me rendormir, pour pouvoir la revoir.
Si seulement c'était possible.
Après de longs instants, je me lève et file à la salle de bain. Là, je me brosse les dents et me lave. J'enroule une serviette autour de mon corps et, ne sachant pas nouer ces trucs, je me dirige vers l'armoire dans laquelle se trouvent mes vêtements. Je prends une tenue, l'enfile, retourne me sécher les cheveux dans la salle d'eau. J'applique une noisette de pâte coiffante sur mes cheveux et retourne dans ma chambre.
Là, je prends mes choses (briquet, porte-feuille, cellulaire, paquet de cigarettes), que je fourre dans diverses poches de mon "boyfriend jean", je mets une veste, une paire de v××s, j'attrape mon skateboard et je sors.
***
Je suis arrivée à destination. Je fume une cigarette pour relâcher quelque peu la pression qui ne cesse de monter en moi. Il en reste deux dans mon paquet. J'en rachèterai un.
Je finis par me décider à rentrer dans le bâtiment. Je jette mon mégot et passe les portes. Le hall est relativement grand. Il y a un bureau d'accueil, des distributeurs, des ascenseurs, des chaises et diverses sorties : vers des escaliers, des chambres, une cafétéria..
Je me dirige vers le long meuble de bois. Une dame, à l'air strict, assez âgée et au nez crochu se tient derrière, pianotant sur son vieil ordinateur. Elle me regarde sévèrement.
- Bonjour, est-ce que vous pourriez m'indiquer la chambre d'Elise Edwards s'il vous plaît ? Demandé-je d'un voix mal assurée.
Elle me dévisage longuement puis se décide à répondre :
- Étage trois, tout au bout du couloir.
- Merci.
Je m'avance vers un ascenseur et appuie sur le bouton pour l'appeler. Les portes s'ouvrent, j'avance d'un pas et appuie sur le chiffre "3". Il monte, s'ouvre à nouveau, je sors.
J'avance lentement le long du couloir. Il n'y a pas un bruit, l'odeur est étrange, l'atmosphère est spéciale. Le bruit de mes pas résonne.
Prise de vertige, je m'arrête.
Est-ce que je suis sûre de ce que je fais ?
Est-ce que je devrais partir ?
Non.
Je n'ai que trop souvent abandonné.
Je ne peux pas la laisser, pas encore.
Je cherche les toilettes, me passe de l'eau sur le visage et reprend mon chemin. C'est droit devant, mais j'ai si peur que je titube à moitié : j'ai du mal à tenir debout.
J'ai la tête qui tourne, mais si je m'écoute, je n'irais jamais.
Je fais un pas après l'autre, lentement, me tenant la tête pour limiter les vertiges, mais je le fais. J'avance.
Je vois trouble, manque de tomber et, enfin, je touche la poignée.
Je la tourne, l'issue se débloque, le bruit des machines se fait entendre et elle est là.
Elle est allongée dans son lit, l'air serein, endormie.
Depuis six mois.
Je l'observe : ses longs cheveux bruns sont ternes, ses iris bleu saphir ne sont pas visibles mais son souffle se fait encore ressentir. Elle est maigre, mais les quelques tâches de rousseur qui l'ont toujours sublimée ne cessent de le faire.
Je me souviens de ces moments où ses lèvres s'étiraient en un large sourire, de ceux où elle sortait la langue pour nous faire des grimaces. Je me souviens de son rire, de ses bêtises.
Mais je ne me souviens pas de quand je suis venue pour la dernière fois.
Je pose une rose éternelle sur sa table de chevet, m'assied sur le bord du lit et replace une des mèches à la couleur mi-chocolat noir, mi-chocolat au lait. Je me penche légèrement et dépose un baiser sur sa joue.
- Quand te réveilleras-tu enfin? Murmuré-je, perdue dans mes pensées.
Une larme s'échappe de mon oeil droit, tombe de mon visage et se pose sur sa joue.
- Je suis désolée, c'était ma faute. Je n'aurais pas dû te laisser partir. S'il te plaît, reviens.
Ma voix se casse, je commence à pleurer. Parce qu'elle ne méritait pas cela, parce que c'est ma faute, parce que je suis impuissante.
- Tu me manques tellement, petite soeur...
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Cute, jealous and bad. [EN RÉÉCRITURE]
RomansAlors qu'elle avait trouvé son coup d'un soir et qu'elle était sur le point d'en prendre soin à sa manière, Alicia retrouve une vieille connaissance. Pleines de rancoeur et de doutes l'une vis-à-vis de l'autre, se retrouveront-elles comme auparavan...