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Vous vous souvenez sûrement de votre premier amour, et si vous ne l'avez pas encore eu, je tiens à vous avertir : ça ne se choisit pas, ça ne se contrôle pas. On est comme attiré par un aimant, on ne peut pas se passer de la personne. Dans mon cas, du moins. C'est puissant, ça rend faible. Ça m'avait rendue très faible.

Trop faible.

Je m'en voulais, parce que, putain, j'avais toujours su m'empêcher d'être attirée par quiconque, contrôler ces merdes qui nous rendent humains. Comment ? J'en sais rien. Mais j'étais devenue forte, et cette connerie ne pouvait que m'affaiblir. Ça l'a fait. J'étais devenue une vraie môme, incapable de contrôler mes émotions, ne comprenant pas mes réactions, je me détestais pour ça. Je pouvais rire et puis pleurer, pour rien.

Je savais ce que c'était, et je savais que je ne pouvais rien contre ça : c'était ma foutue kryptonite.

Lorsque tout ça a volé en éclat, je suis devenue encore plus déglinguée mentalement que je ne l'avais été avant.

Bipolarité, insomnie, sujette aux nausées.

Je refusais de rester comme ça.

Je voulais me redresser.

J'ai voulu me battre contre ça : rien à faire.

Alors un soir, j'ai bu une bière en pensant que ça me reposerait l'esprit. Ça s'est calmé quelques jours, puis ça a repris. J'ai recommencé : cette fois, rien à faire. J'ai donc essayait ce qui m'aidait en temps normal, dès que j'en ai eu l'occasion : me noyer dans le travail, les occupations. Je voulais l'oublier. J'ai dû être patiente, j'ai eu des coups de mou, ç'a été dur.

Je me suis relevée.

J'ai réussi.

Alors, pourquoi est-ce que j'en parle ? Est-ce que je souhaite me vanter ?

Non. Il y a un putain de bâton que la vie a jeté dans les rouages de ce passé. J'avais réussi, je profitais de la vie à ma façon, je m'amusais. Jusqu'à ce que ça arrive. Jusqu'à ce que je la prenne pour cible.

J'aurais aimé être amnésique, pour ne pas la reconnaître, pour que ces souvenirs cessent d'affluer.

Mais il faut bien se rendre à l'évidence : ma mémoire veut m'emmerder. Ou bien cette pétasse mal foutue qu'on appelle La Vie.

***

- Alors ? Reprend-elle, me sortant de mes pensées.

- Il n'y a rien à dire, soufflé-je. Le passé reste dans le passé.

- S'il y restait, il n'influencerait pas le présent, ni l'avenir.

- T'as fini de faire la philosophe ?

- Quoi ? T'as peur que je te fasse parler ?

- Non, je suis fatiguée. Ça m'énerve.

- Dommage pour toi.

Cute, jealous and bad. [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant