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Petite précision: j'ai modifié la fin du chapitre précédent, qui ne me permettait pas réellement de trouver un début pour ce chapitre (ce qui explique le retard dans la publication de celui-ci, dont je vous présente mes excuses, elles sont ravies de vous rencontrer).

Riley fronce les sourcils et monte dans le premier taxi qu'elle trouve, un peu plus loin. Elle s'empresse de donner une adresse au chauffeur, qui démarre aussitôt.

Bon.

- Ça s'annonce plus compliqué que prévu, non ? Questionne Jake, ayant bien vu la scène passée.

- Hein ? De quoi tu parles ? C'était qui ça ? S'enquiert Svetlana, perdue.

- Hm... Euh.. Personne. C'était personne, répondé-je, reprenant mes esprits.

- Mouais, c'était ton ex, je me trompe ?

- T'es chiante, Svet, je t'ai dit que c'était personne.

***

« Riley, c'est encore moi. Je sais que je suis partie du jour au lendemain sans prévenir, et que j'avais pas à le faire, mais rappelle-moi s'il te plaît. Ou répond, au moins. Si tu veux pas me parler c'est pas grave, j'aimerai juste m'expliquer. Je veux reconnaître mes torts, tout simplement. »

- Supprimer.

« Bon, ça doit faire dix fois que je t'appelle et ta messagerie sera bientôt saturée alors répond, s'il te plaît. Ou efface des messages, si tu veux pas que la messagerie de ton filiaire soit saturée, elle aussi. Discutons d'adulte à adulte, comme les personnes matures que nous sommes censées être, s'il te plaît. »

- Supprimer.

« Bon, merde, réponds ou j'appelle Ashton ! J'en ai marre à la fin ! Je t'ai couru après tellement souvent que je saurais même pas te dire combien de fois c'est arrivé... J'en peux plus de tout ça, de vouloir tout rattraper comme ça et je.. »

- Supprimer.

J'approche mon verre de mes lèvres et bois quelques gorgées de son contenu, lassée. Pour qui est-ce qu'elle se prend ? En quel honneur est-ce qu'elle disparaît ainsi pendant plusieurs mois, se plaignant ensuite de toujours me courir après ? Quelle connasse, putain ! Je serre mon verre de plus en plus fort, agacée.

- Je suis rentrée, annonce une voix provenant du rez-de-chaussée.

Je ne réponds pas.

- Riley ? Tu es là ?

Toujours pas.

- Est-ce que tu vas me répondre, putain ?

Non.

- Riley, merde !

De la colère dans sa voie;

Une fissure qui apparaît sur mon verre,

Le bruit de ses pas dans les escaliers;

Les vibrations de mon cellulaire,

Le grincement de ma porte;

Ledit verre qui se casse,

Ladite porte qui claque contre le mur:

Voilà les emmerdes qui débarquent.

« Riley, c'est encore moi. Pour la énième fois, décroche. S'il te plaît. Tu me manques. »

Ma colocataire me dévisage avec un air de dégoût. Elle ne parle pas, mais ses yeux le font pour elle. Ses épaules se baissent, ses bras restent ballants. Elle est juste plantée là, sur le pas de la porte. Je comprend qu'elle est déçue, en colère et triste à la fois. Qu'elle m'en veut, tout simplement. Et elle s'en va, sans rien dire, laissant son regard et son corps parler pour elle.

Je m'allume une cigarette, fixant le vide. Je ne comprends pas, je ne veux pas comprendre et je ne comprendrai pas. Parce qu'elle est partie, parce qu'elle n'a pas su nous laisser une seconde chance, parce que je suis lassée. Et parce qu'elle est revenue, alors que personne ne s'y attendait et que j'avais potentiellement réussi à l'oublier, une fois pour toutes.

C'est à cause -ou grâce, je ne sais pas- de cette situation, que je comprends enfin. Je comprends la colère qui l'animait à mon égard, ses nombreux blocages, sa bipolarité, les difficultés qu'elle m'a imposées. Je comprends le mal que je lui ai fait, à quel point j'ai pu la briser. Et je m'en veux. Mais je recommence.

Je recommence en ne répondant à aucun de ses appels, en ne lui laissant pas l'occasion de s'expliquer, en abandonnant tout espoir la concernant. Parce que la roue tourne, et que c'est mon tour de souffrir, d'être en colère, de lui en vouloir, mais de l'aimer malgré tout et de ne rien faire d'autre. De ne même pas pouvoir en parler, ni lui parler.

Finissant ma cigarette, je l'écrase et m'en vais dans la salle de bain, pour me laver de toutes ces merdes et peut-être réussir à me détendre, ce dont je doute. Je peux toujours essayer, après tout.

***

- Bon, tu viens ? Demande la blonde tout en mettant sa veste.

- Non, merci, dis-je.

- Bon, va en voiture s'il te plaît Svet'. Je te rejoins, demande Jake.

La russe fait une grimace et attrape les clés du véhicule avant de sortir.

- Qu'est-ce que t'as, Ali' ? C'est à cause d'elle ?

- Svetlana n'a rien fait de mal.

- Tu sais très bien que ce n'est pas d'elle que je parle.

- Alors je ne vois absolument pas de qui tu parles.

- Très drôle, vraiment, souffle-t-il. Ecoute-moi bien, Ali'. Je te connais depuis qu'on est mômes, au moins. T'avais la taille d'une taupe quand on s'est connus. Alors crois pas que tu vas me berner comme ça. Je sais très bien que tu vas pas bien. Non seulement parce que ça se voit, mais aussi parce que si ma petite Ali' refuse une sortie, ça n'a strictement rien de normal. Alors si tu veux jouer la comédie, fais-le bien. Compris ?

- Mh.

- Mais quoi ? J'ai juste droit à un "mh" ? S'indigne-t-il. On voit bien qu'on n'est pas dans un film, là ! Sérieusement...  Tu m'exaspères, conclut-il, dépité.

Il sort, me laissant seule avec un petit rire. Ses actes théâtraux ont eu raison de moi. Je vais sous la douche et commence à me préparer, décidant de ne pas me morfondre.

Cute, jealous and bad. [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant