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PDV: Riley

La fumée de ma cigarette s'échappe,
Des promesses sont faites,
Les gens en font une fête,
Juste pour cinq mots venus du pape.

Je suis à un mariage, c'est moi qui vais jouer le taxi pour les deux jeunes fraîchement unis : apparemment, c'est l'ami d'un ami qui les a dirigés vers moi, parce que j'ai déjà mené cet homme je ne sais où, lors d'un job d'été dans une compagnie de taxi.

Personnellement, je m'en moque un peu. Ils m'ont appelée, je n'avais rien à faire, alors j'ai accepté -et ce n'est pas non plus comme si j'avais pu refuser, avec ma chère colocataire provisoire.

Je jette mon mégot et l'écrase, me frotte les mains au gel hydroalcoolique et commence à mâcher un chewing-gum : ne pas déranger les clients avec l'odeur de cigarette.

Le couple sort enfin, précédé de son public.

Ça aurait pu être Ali et moi.

Ils me saluent chaleureusement, je les félicite. Je vais désormais pouvoir les mener jusqu'à une salle, à l'autre bout de la ville. Ils souhaitent y célébrer leur mariage avec leurs amis.

Sur la route, je les entend se murmurer des mots doux, rire ensemble. Ils en seraient presque à faire leur nuit de noce sur ma banquette. Je tente de faire abstraction de ces êtres et me concentre sur la route.

**

Je suis soulagée lorsque je me gare sur le parking de la salle des fêtes : ils n'ont pas souillé ma voiture. Les mariés m'invitent à entrer, je refuse poliment. Ils insistent, je cède : il ne faudrait pas gâcher le plus beau jour de leur vie.

Nous entrons, la femme est aussitôt attrapée par sa mère,  follement excitée mais aussi accompagnée du père, froid comme le marbre. Il me jette un regard mauvais : le conducteur reste dans la voiture et ne se fait pas remarquer. Surtout dans votre situation. Voilà les paroles qu'il tente de me rappeler et qu'il avait prononcées lors de notre entretien au sujet d'aujourd'hui. Ma situation, c'est mon apparence. Il n'aime pas ce que je suis, de l'étiquette invisible "lesbienne" à mon apparence androgyne.

Je m'apprête à repartir alors que le jeune marié m'interpelle.

- Tu pars déjà ? Demande-t-il en se postant derrière moi. Tu n'as pas profité de la fête.

- Je n'ai pas ma place dans cette salle, monsieur. Un chauffeur reste dans la voiture. Surtout dans ma situation, me justifié-je.

Il émet un rire franc.

- C'est vraiment à cause de ça ?  Je t'en prie, commence par m'appeler Aiden, tutoie-moi et n'écoute pas ce vieil homme. Il n'a rien à dire sur mon mariage. Tu es notre invitée d'honneur, pas vrai Ellie ? Dit-il en haussant le ton sur la dernière phrase, interpellant ainsi sa femme.

- Bien sûr chéri, cette demoiselle mérite amplement sa place au sein de cette fête ! D'ailleurs, quel est ton nom ? Répond-elle en nous rejoignant.

- Riley, madame.

- Oh, je t'en prie, tutoie-moi.

- C'est gentil.

- Normal, plutôt. Maintenant, profite de la fête ! Mais ne bois pas plus d'un verre, rit-elle en me faisant un clin d'oeil.

- Je n'y comptais pas, à vrai dire je ne boirais pas.

- Quel sérieux !

***

Il est 20h alors que leur célébration préliminaire se termine. Nous partons en direction de la voiture, le jeune homme me devance en ouvrant la portière à sa femme. Elle se glisse dans la voiture et nous faisons de même.

Je prends la route en direction de l'aéroport. À mi-chemin, Ellie ayant un peu trop bu, elle devient plutôt agaçante : ses paroles sont incompréhensibles, elle ne cesse de prononcer des obscénités sur ses amies et celles d'Aiden. Celui-ci supporte tant qu'il le peut et j'en fais de même.

Seulement, elle annonce à Aiden qu'elle sait qu'il la trompe. Celui-ci ne comprend pas, elle lui dit alors qu'elle a bien vu les regards insistants qu'une certaine Jade et lui se lançaient. Il bafouille quelques excuses, elle le coupe en déclarant que, de toute façon, elle le trompe aussi. Elle pense tout haut au sujet de leur mariage à base de "il sera foireux" "à part le sexe, il ne tient à rien" et autres inquiétudes.

C'est alors que le jeune homme s'énerve, lui disant qu'elle n'est qu'une prostituée, qu'il n'aurait pas dû l'épouser, qu'elle est vulgaire et irrespectueuse.

Alors que le couple se dispute, nous arrivons à l'aéroport. Je me gare et elle me demande de la déposer chez sa mère alors que son mari me demande de le déposer plus tard chez un de ses amis. J'acquiesce, la future demoiselle me donne une adresse que j'entre dans mon gps. Je la dépose.

Après ça, c'est au jeune homme de m'indiquer le chemin. Je m'arrête devant la maison voulue, prête à repartir après l'avoir déposé.

Seulement, alors qu'il sort de la voiture, il insiste pour que j'entre avec lui, justifiant cela par le fait "qu'il me le doit bien, étant donné qu'ils ont gâché mon temps inutilement, l'autre salope et lui". Je finis par céder, garer convenablement mon véhicule et entrer dans le jardin avec lui.

Il toque à la porte et c'est Ethan qui ouvre. Il est aussi étonné que moi. "Justement, tu tombe bien !" S'exclame-t-il.

Nous entrons, et je vois ma colocataire provisoire, mon ancienne colocataire, un jeune homme et une jeune une femme qui me sont inconnus dans la pièce. Seulement, l'inconnue semble me connaître : elle, Maddie et Ash, sont surprises de ma présence.

- Hem... Bonsoir, balbutié-je.

- Oh, Riley !  Ça fait plaisir de te voir ! S'exclament mes amies en me prenant dans leur bras.

- Tiens tiens ! Tu tombe vraiment bien, toi ! S'exclame l'autre personne de sexe féminin ici présente.

J'arque un sourcil d'incompréhension tandis qu'elle se reprend.

- Ah, pardon. Hum. Je suis Aria, enchantée ! Sourit-elle en me tendant la main.

Je la saisie, tandis que sa main se resserre à m'en tordre les doigts pendant de longues secondes, après quoi elle me lâche avant d'affirmer :

- Cool. Je vais pouvoir m'amuser un peu.

Cute, jealous and bad. [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant