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- Les grandes soeurs, s'il te plaît.

Ethan me dévisage longuement, pesant le pour et le contre.

- Tu es sûre ? C'est au moins les ancêtres là.

- Je prendrais un taxi.

- Un taxi ou une ambulance ?

Je le fusille du regard. Il soupire, l'air las et me sert deux nouveaux verres.

- Au moins, tu remplis nos caisses. C'est déjà ça, murmure-t-il.

Je souris en coin.

- À la tienne, dis-je en levant mon verre dans sa direction avant de me taper un énième cul sec.

- Ethan, viens voir là, crie le patron depuis une salle derrière le bar.

- J'arrive.

Le barman revient quelques minutes plus tard accompagné d'une jeune femme au visage tendre. Il lui donne des instructions et je comprends que c'est une nouvelle. Il revient vers moi pendant qu'elle prépare un cocktail à un autre client.

- Évite au moins le coma éthylique s'il te plaît, me demande-t-il.

- À vos ordres, chef ! Sinon, elle a l'air plutôt pas mal la nouvelle...

- Je t'arrête tout de suite : dans ton état,  tu lui ferais seulement peur.

- Je reviendrais alors.

Je vide mon deuxième verre et l'informe que je vais fumer. Il acquiesce,  l'air inquiet. Je me lève, le plafond tourne, la salle tourne, et je tombe comme une cannette mal posée sur le bord d'un bar. Sans les rebonds et le bruit métallique, remplacés par un grognement et la panique de l'homme au tablier.

***

- Tu te réveilles enfin.

- Non, je suis en plein décès. Ça se voit pas ?

- Tu nous as fait peur, imbécile.

J'ouvre finalement les yeux tant bien que mal, me rendant compte que je réponds à une voix que je ne connais pas. Devant moi se tient une jeune demoiselle brune aux cheveux courts et aux airs de garcon manqué -oui, cet écrit est composé à 80% de tomboys.

- Ah, prononcé-je.

- Ah oui, tu étais saoule. Aïda. Nouvelle barwoman dans ce club que tu aimes tant.

- Est-ce qu'on a...

- Non, me coupe-t-elle. D'abord parce que tu n'étais pas en état, ensuite parce que je ne couche pas avec les gens bourrés, puis parce que "jamais le premier soir" comme dit chaque fille qui veut juste baiser mais passer pour une fille bien, et enfin parce que tu ne m'as même pas adressé un mot avant de t'évanouir comme une novice de la bière.

Alors là, je suis sans voix. Non seulement je n'ai pas couché avec elle, mais en plus elle a vraiment l'air excellente ! Elle a du chien. Et on a passé le premier soir.

- Retire-toi ces pensées malsaines de la tête,  tu ne tiens sûrement même pas debout, s'exaspère-t-elle.

-Quoi ? Mais comment tu...

- Le regard ne trompe jamais.

- Oh, maan...

- Eh ouais. Bon, tu as faim ? Et non je ne sers pas de yaourt au petit déjeuner.

Je mime un air déçu et nous rions légèrement. Elle s'en va pour m'apporter de quoi m'alimenter et je la remercie.

***

Ça doit maintenant faire trente-six heures que je suis sortie de mon petit évanouissement. Il se trouve que je suis toujours chez Ethan -qui n'était pas là hier parce qu'il est allé chercher des affaires chez moi, a croisé Jake à qui il a dû tout expliquer, puis Sasha, Svetlana -qui a bien failli le frapper avant qu'il ne puisse parler- et ainsi de suite. Mes amis sont de vraies petites vieilles nées pour être commères -Jake compris.

Après être sortie de ma phase de réveil-endormi, j'ai commencé à avoir une belle gueule de bois. C'était pas beau à voir. Hier ayant été ma journée de récupération, je suis restée au lit toute la journée à vomir, dormir, penser et discuter avec un chat obèse et deux barmen. Le chat obèse passe en premier parce qu'il ne m'a pas engueulée face à mon abus d'alcool en se comportant comme ma mère.

Je suis restée une nuit de plus chez lui parce que, je cite "j'ai pas pris tous ces vêtements pour rien !". Pauvre Ethan. Si j'en avais envie je le plaindrais.

Il est actuellement dix heures et demi, je suis assise sur mon lit depuis dix minutes au lieu de me préparer et je suis enfermée dans ma chambre dont la porte va finir par se décrocher si Aïda -qui aime autant qu'on l'appelle Aiden- ne se décide pas à arrêter de frapper dedans et la charger comme un taureau.

Pourquoi elle fait ça ? Soit elle est folle, soit elle est folle et j'ai son téléphone déverrouillé. Au choix.

- Je te jure que je vais défoncer la porte si tu ne me rends pas tout de suite mon téléphone Ali !

- Tu y es presque, continue.

- Va te faire foutre, putain.

- Oh ! Mais qui est Grace ? La taquiné-je (elle tape moins fort dans la porte, il faut la motiver).

- Ta gueule, rends-moi ça, grommelle-t-elle.

- T'es sûre ?  Elle a l'air sympa, je pourrais lui envoyer un message...

- Je ferais pas ça si j'étais toi.

- Ah oui, et pourquoi ? Le grand Cric va me croquer ?

- C'est tout comme. Elle est hétéro.

Je m'étouffe avec ma salive, ouvre la porte et lui jette son téléphone alors qu'elle recommence à charger.

- Duh ! Garde-les, lui et Grace, finalement ! M'exclamé-je, l'air dégoûté.

Les hétéros, pour moi, c'est Satan. Celles que j'ai connues -hors famille- m'ont draguée sans me dire qu'elles n'étaient pas du milieu, juste pour voir ce que je pouvais leur apporter de plus qu'un mec. Pas une queue en tout cas. Et je peux vous dire qu'elles puaient la queue justement.

Never again.

Cute, jealous and bad. [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant