Chapitre 17 : Remords

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*POV Karma*

Planté devant la porte de la chambre dans laquelle Hana s'était enfermé depuis une bonne heure, le rouquin commençait à s'impatienter. Il avait envie d'enfoncer la porte mais savait que sa petite amie, déjà bouleversé par les révélations de Nora, lui en voudrait de s'imposer brutalement prêt d'elle.

La seule chose qu'il pouvait faire était d'attendre. Attendre que la fille qu'il aimait souffre sans lui laisser l'occasion d'être prêt d'elle. Le rendant impuissant alors qu'il était censé être l'élu de son cœur, celui a qui elle pourrait tout confier les yeux fermés.

Après tous, en plus d'avoir appris récemment qu'elle avait été manipulée par cet enfoiré de médecin, Hana devait maintenant digérer tous les mensonges posés aux fondations même de sa propre vie. La seule chose qu'il pouvait faire était de la soutenir, mais la brune semblait garder ses distances, préférant surement souffrir seule.

-Hey, Chorizo, intervint la voix de Nora, sortant le rouquin de ses pensées.

Il descendit le regard vers la noiraude, qui s'était tourné vers la porte avec un regard inquiet.

-J't'ai déjà dit que j'avais un prénom.

-J'm'en beurre la raie, trancha-t-elle en relevant les yeux vers Karma. Toujours pas d'signe de vie ?

-T'as été trop directe avec elle...

-T'as raison, avec les flics au cul et une extradition à préparer, on a carrément le temps pour faire dans la dentelles, histoire que Mademoiselle ne nous pète pas une durite.

-Une extradition ? répéta-t-il, perplexe.

-C'est c'qui est prévu, mais vous verrez tous les détails avec elle.

-Et si Hana refuse ? Ce serait même totalement logique...

-Alors elle se fera ramener par la police, jeter en prison et les tests reprendrons, tous comme le cours de nos vies ... Souffla-t-elle. Ça va être à toi de la convaincre, le plus vite possible.

Tout en terminant sa phrase, elle remit à Karma une clé, lui faisant comprendre d'un mouvement de tête qu'il s'agissait de celle de la chambre, avant de repartir sous le regard intrigué du rouquin.

Il fixa un court instant la serrure, comme hésitant, et finit pas y glisser l'objet. Le claquement du verrou résonna dans le couloir, avant que le rouquin n'entre-ouvre la porte en silence.

La chambre était plongée dans le noir, l'éclat de la lune, déjà haute dans le ciel, comme seul éclairage dessinant la silhouette de la brune. Hana était là, assise sur le bord du lit, face à la fenêtre dans un silence lugubre presque pesant. Karma avança avec prudence et observa sa belle, qu'il voyait désormais de côté.

Son regard était fixé devant elle, le visage sombre. Pas une larme ne semblait avoir coulée, surement le fruit d'une bataille intérieure afin que rien ne laisse paraître son véritable état. Immobile, le visage bercé par la lueur de la lune, elle souffrait, il en était certain.

Alors qu'il engageait un mouvement pour s'avancer d'avantage, il fut coupé dans son élan.

-S'il te plait, marqua-t-elle d'une voix monotone, mais néanmoins pleine de tristesse.

-Non.

Alors qu'il venait de prononcer sa réponse d'une voix cinglante, se refusant à faire machine arrière, la brune releva enfin le regard vers lui.

-Je ne veux pas de ta condescendance.

-Ne parle pas ce que tu ne connais pas, tenta-t-il pour générer un conflit afin de l'amener à se pousser dans ses retranchements.

Certes, cette manœuvre était périlleuse puisque cela pourrait lui faire plus de mal que de bien, mais le plus important était qu'elle extériorise sa détresse plutôt que de s'infliger mentalement du mal, chose sur laquelle il n'avait aucune emprise.

C'est en appliquant cette logique qu'il continua sa tirade sous le regard terne de sa belle.

-La condescendance requière de l'empathie, et aux vues du jeu auquel tu joues, tu n'as aucune idée de ce que c'est. Tu te fiches de ce que tu infliges aux autre en t'enfermant dans ta souffrance comme une gamine apeurée alors que des gens t'aimes...

Après quelques instants de silences, Karma afficha un air perplexe devant sa belle, donc les lèvres s'étaient misent à dessiner un léger sourire, alors qu'elle baissait le regard.

-Je suis désolé, commença-t-elle alors que son timbre se chargeait d'émotion. Je ne suis pas comme elle. Je ne me livre pas aux gens. Malgré l'amour, malgré ma souffrance, malgré la confiance que je peux accorder... Je ne serais jamais comme elle...

Sous le regard interrogateur du rouquin, qui se demandait qui pouvait bien être cette « elle », la brune poursuivit, désormais au bord des larmes.

-Moi, j'encaisse. Encore ... et encore ... Presque curieuse de connaitre ma limite ... Sauf que ça m'épuise... Je suis sure d'être tombée amoureuse, mais je n'ai plus la force d'aimer... Toutes les personnes que j'ai appris à aimer m'ont mentit... Alors s'il y a un risque pour que tu te serves de moi pour l'oublier ... je ne suis pas prête à le prendre.

Karma resta un instant silencieux, avant de finalement comprendre.

-Il n'y a que Nagisa qui a pu te parler d'elle... Soupira-t-il en s'approchant, ce qui provoqua un léger mouvement de recule de la part de sa bien-aimée.

Il s'assit à son tour sur le lit, maintenant la distance imposée par la brune, avant de reprendre.

-Amelia Kazane est la fille unique du directeur général de la prison de Yokohama. Quand j'ai appris que tu ne bénéficiais pas de visite, j'ai cherché un moyen de te voir malgré tous. C'est Katsu qui m'a donnée l'idée de me rapprocher d'elle, même si elle en plaisantait au début... Princesse, tu es la seule raison qui m'a poussé à sortir avec elle ...

Le brune resta silencieuse, et Karma pu s'approcher au plus prêt, sans qu'elle ne bronche.

-Quand Amelia a compris que je me servais d'elle, elle a juré de se venger, et je ne l'ai plus revue depuis...

Après un instant, Hana daigna enfin relever les yeux vers lui, laissant quelques larmes dessiner la courbe de ses joues.

-Il ... est venu me voir 6 mois après mon arrivé ... tout a commencé ... à ce moment là ...

-Tu penses qu'elle est à l'origine de tout ça ?

Avant qu'elle n'ait apporté la moindre réponse, la brune fondit totalement en larme, se laissant enlacer par le rouquin.

Ce serait donc Amelia qui aurait fait autoriser la reprise des recherches par Kimochi en convainquant son père ? Cela signifierait que s'il n'avait pas joué avec elle, tous les malheurs de sa belle auraient pu être évités...

Alors qu'il resserrait son emprise pour maintenir Hana contre lui, Karma goûta à l'amer goût des remords, pour la première fois de sa vie.

*Fin POV Karma*

Hatred Paradox (T2) - ASSASSINATION CLASSROOM Où les histoires vivent. Découvrez maintenant