Chapitre 11

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Nous étions rassemblés autour du feu de camp avec ces "Yéniches". J'étais assise auprès de Werther, en face de Louis-Henri qui nous fusillait du regard. J'avais beaucoup discuté avec ce nouvel ami. Il m'avait confié que lui et ses compagnons avaient quitté leur peuple. A présent, Werther me parlait de sa fiancée, qui avait été tuée par des soldats prussiens.

- Elle ne s'est pas laissée faire, m'expliqua-t-il. Oh, non. Elle leur a d'abord asséné quelques coups de canifs. Mais ils étaient deux contre une. C'est ce qui a motivé mon départ.

- C'est une histoire bien malheureuse, dis-je en posant ma main sur le bras de Werther. Toutes mes condoléances.

Werther me sourit.

- Plus je te regarde, dit-il, plus je la retrouve en toi. Ces mêmes cheveux blonds indomptables, ce même acharnement au combat... Tu es seulement plus fougueuse. Et plus jolie, aussi.

J'eux un sourire gêné.

- Je..., commençai-je.

- Ah ton tour, maintenant, s'exclama Werther.

Je le regardai sans comprendre.

- A mon tour ?, répétai-je.

- De me raconter ce qui t'amène ici !, répondit Werther comme si c'était évident.

Je passais une main dans mes cheveux, ne sachant si je pouvais dire la vérité ou non.

- Je... Je fuis avec mon demi-frère vers Paris, voilà tout, dis-je.

- Mais vous fuyez quoi ?

Je me recroquevillai.

- C'est...assez long à expliquer.

Werther haussa les épaules.

- Tu es libre de m'en parler ou non, répondit-il.

- Encore heureux !, lançai-je.

Werther se leva et me força à faire de même.

- Allons ailleurs, proposa-t-il. Le chef n'est pas encore arrivé.

- Le chef ?, demandai-je.

Je le suivis néanmoins et nous nous éloignâmes un peu du camp.

- Oui. C'est mon oncle.

J'acquiesçai en silence.

- Je te respecte et t'admire beaucoup, tu sais, ajouta Werther.

- Pourquoi ?, demandai-je, surprise bien que je ne le montrais pas.

- Avant d'intervenir, nous vous avons observés, expliqua Werther. Au départ nous voulions vous piller, mais la façon dont tu t'es battue nous a laissés sans voix. Enfin, surtout moi. Toi, frêle comme tu es, femme en plus, tu as réussi à tenir à l'écart ces policiers.

Je ne dis rien.

- Si tu n'avais pas été là, ton frère aurait déjà été rattrapé par eux, ajouta-t-il.

- Louis-Henri n'est pas mon frère, dis-je. Il n'est que le fils de l'épouse de mon malheureux père.

- Et ta mère ?, demanda Werther.

Je baissai la tête.

- Elle est morte de maladie...mais j'étais trop petite pour m'en souvenir.

- Mes condoléances.

Je ne dis rien, car je préférais garder le silence. Soudain, quelqu'un arrive, une vieille femme.

- Le chef est là, jeune gens. Venez.

CendrillonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant