Nous étions rassemblés autour du feu de camp avec ces "Yéniches". J'étais assise auprès de Werther, en face de Louis-Henri qui nous fusillait du regard. J'avais beaucoup discuté avec ce nouvel ami. Il m'avait confié que lui et ses compagnons avaient quitté leur peuple. A présent, Werther me parlait de sa fiancée, qui avait été tuée par des soldats prussiens.
- Elle ne s'est pas laissée faire, m'expliqua-t-il. Oh, non. Elle leur a d'abord asséné quelques coups de canifs. Mais ils étaient deux contre une. C'est ce qui a motivé mon départ.
- C'est une histoire bien malheureuse, dis-je en posant ma main sur le bras de Werther. Toutes mes condoléances.
Werther me sourit.
- Plus je te regarde, dit-il, plus je la retrouve en toi. Ces mêmes cheveux blonds indomptables, ce même acharnement au combat... Tu es seulement plus fougueuse. Et plus jolie, aussi.
J'eux un sourire gêné.
- Je..., commençai-je.
- Ah ton tour, maintenant, s'exclama Werther.
Je le regardai sans comprendre.
- A mon tour ?, répétai-je.
- De me raconter ce qui t'amène ici !, répondit Werther comme si c'était évident.
Je passais une main dans mes cheveux, ne sachant si je pouvais dire la vérité ou non.
- Je... Je fuis avec mon demi-frère vers Paris, voilà tout, dis-je.
- Mais vous fuyez quoi ?
Je me recroquevillai.
- C'est...assez long à expliquer.
Werther haussa les épaules.
- Tu es libre de m'en parler ou non, répondit-il.
- Encore heureux !, lançai-je.
Werther se leva et me força à faire de même.
- Allons ailleurs, proposa-t-il. Le chef n'est pas encore arrivé.
- Le chef ?, demandai-je.
Je le suivis néanmoins et nous nous éloignâmes un peu du camp.
- Oui. C'est mon oncle.
J'acquiesçai en silence.
- Je te respecte et t'admire beaucoup, tu sais, ajouta Werther.
- Pourquoi ?, demandai-je, surprise bien que je ne le montrais pas.
- Avant d'intervenir, nous vous avons observés, expliqua Werther. Au départ nous voulions vous piller, mais la façon dont tu t'es battue nous a laissés sans voix. Enfin, surtout moi. Toi, frêle comme tu es, femme en plus, tu as réussi à tenir à l'écart ces policiers.
Je ne dis rien.
- Si tu n'avais pas été là, ton frère aurait déjà été rattrapé par eux, ajouta-t-il.
- Louis-Henri n'est pas mon frère, dis-je. Il n'est que le fils de l'épouse de mon malheureux père.
- Et ta mère ?, demanda Werther.
Je baissai la tête.
- Elle est morte de maladie...mais j'étais trop petite pour m'en souvenir.
- Mes condoléances.
Je ne dis rien, car je préférais garder le silence. Soudain, quelqu'un arrive, une vieille femme.
- Le chef est là, jeune gens. Venez.

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Cendrillon
Ficción históricaIl était une fois... Car tout conte commence ainsi. Sauf que, on le sait très bien, la vie n'est pas un conte de fée. Encore moins la mienne. Je suis Cendrine De Tréville, mais tout le monde m'appelle Cendrillon, et voici mon histoire. La vraie.