Chapitre 25

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Quelques jours avaient passés sans que je neus de nouvelles ni de lun, ni de lautre. Louis-Henri, je le savais, courtisait une riche dame pour se faire entretenir, quant à Lanvais, jignorais ce quil faisait. Sans doute mavait-il déjà oubliée, sempressant de faire sa cour à une autre jeune fille plus fortunée. Aurais-je dû lui céder ? Bien sûr que non. Mais encore sous lemprise de cette maudite passion qui me rongeait sans pitié, javais perdu gout à la vie. Je mangeais peu, ne dormais point et pleurais de temps à autre au souvenir de cette cruelle soirée qui avait voulu que je tombe sous le charme cruel de ce maudit Lanvais. Tantôt je le chérissais, tantôt je le haïssais. Ce qui était sûr, c'était que Lanvais me hantait.

Un jour, lady Elizabeth me fit appeler. Cela faisait déjà trois jours que je ne sortais plus de ma chambre. Je mhabillai et me coiffai de manière simple : Une robe taupe et une longue tresse. Je sortis.

Lorsque jentrai dans le salon où j'étais attendue, mes mains tremblaient. Jinspirai profondément puis tournai la poignée et entrai. Lady Elizabeth sourit doucement.

-Cendrine, dit-elle. Je me réjouis de vous voir après ces trois jours dabsence. Vous connaissez, bien sûr, Lanvais.

Lanvais. Je tournai la tête et le vis. Ma vision se brouilla et je sombrai.

Lorsque je me réveillai, jétais dans mon lit. Je vis un visage penché sur le mien. Celui de Lanvais. Je détournai le regard.

-Que faites-vous là ?, demandai-je.

Mon cur battait la chamade. Mes yeux menaçaient de laisser couler mes larmes à chaque instant. J'étais au supplice.

-Quavez-vous fait, chère Cendrine ?, répondit Lanvais. Pourquoi vous priver de nourriture et de la lumière ?

-Pourquoi membrasser et me laisser sans nouvelles de vous ?, rétorquai-je, sachant trahir mes sentiments. Non, ne répondez pas, jen connais très bien la raison. Vous collectionnez probablement vos malheureuses conquêtes comme on collectionne les trophées. Je suis finalement heureuse de ne pas mêtre donnée à vous. La douleur est moindre.

Lanvais me caressa la joue, mais je repoussai sa main.

-Cendrine

-Non, laissez-moi, murmurai-je. Vous voir est un crève-cur. Vous êtes expérimenté, moi pas. Alors ne jouez point le surpris : depuis le début vous naviez de cesse de mon courtiser, vous savez très bien quelle est la nature des sentiments que jai pour vous.

Lanvais fronça les sourcils.

-Cendrine, vous divaguez, dit-il. Je vous ai vue au manoir de votre père, alors même que je me destinais à épouser Antoinette, et vous voir a été une révélation jai donc, effectivement, décidé que vous serez mienne et vous ai courtisé. Mais jamais je n'ai eu l'idée de vous déshonorer !

Il prit mes mains et les baisa.

-Pour rien au monde je ne souhaiterais vous abandonner, poursuivit-il. Je ne vous ai guère donné de nouvelles car j'étais submergé de travail. Croyez moi, je brulais de venir ici et vous toucher de nouveau, de vous parler de nouveau, et je vous aime.

Lanvais avait murmuré cette phrase. Je me redressai, mes cheveux épars tombant sur mes épaules.

-Lanvais, commençai-je.

-Non, Cendrine. Appelez moi Jean. Je vous pries

Je regardai Lanvais, surprise et mitigée, quand je me rappelai ces paroles de Louis-Henri : « à trop se poser de questions, on finit par oublier de respirer ». Alors je passai ma main dans la nuque de Lanvais et lembrassai.

CendrillonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant