Chapitre 18

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Elizabeth m'avait donné une ancienne robe à elle afin que je sois "correctement attifée", pour reprendre ses mots, et Yvette s'était chargée de me coiffer. Je lui avais demandé une simple tresse, mais la coquette n'avait pu s'empêcher de rajouter des fleurs dans mes cheveux. Je regardais mon reflet dans le miroir. Ma robe était rose, et était faite à l'anglaise, dans ce qu'ils appelaient le style victorien en hommage à leur reine. J'étais légèrement maquillée, mais pour moi c'était déjà trop, bien que je ne me trouvai point non plus repoussante. Je me levai, et observai ma chambre. Les murs étaient bleu pastel, avec des dessins de roses dessus. Ma chambre était simple, à vrai dire. Un lit à baldaquin était disposé au centre de la pièce, et il y avait également une coiffeuse et une commode. Puisque je n'avais rien à faire, je décidai de partir à la découverte de la maison. Au pire, si je me perdais, je pouvais toujours demander à un domestique de m'aider. Yvette était très bavarde et m'avait appris que Lady Elizabeth allait se marier avec un duc anglais qui la comblait déjà de présents, dont la plupart de ses propres domestiques. Je sortis de ma chambre et commençai à me perdre dans ces dédales de couloirs rose pastel. J'entrevis bientôt un escalier qui descendait, et vis une double porte qui attira mon attention. Je l'ouvris alors, et vis qu'elle donnait sur une cour extérieure. Je sortis, et fis quelques pas avant d'être appelée.

- Cendrine ! Yvette a fini de s'occuper de toi à ce que je vois !, s'exclama Elizabeth.

- Oui, madame, dis-je. Je tiens d'ailleurs à vous remercier pour la robe.

Elizabeth chassa l'air de la main.

- Oh, ce n'est rien, répondit-elle, ça fait longtemps que je ne la mets plus car elle est passée de mode... D'ailleurs que je demanderais à une couturière de remettre certaines de mes tenues au gout du jour afin que tu puisses les mettre. À présent tourne-toi que je te voies maintenant que tu ressemble à quelque chose...

Je m'exécutai, tout en ayant la désagréable impression de n'être qu'une bête de foire. C'est alors que ma maitresse eut un petit rire.

- Il faudra faire attention, Cendrine, car il se peut que tu aies une foule de prétendants dans les jours à venir, plaisanta-t-elle.

- Oh, m'exclamai-je, choquée, non madame...

- Détends toi, Cendrine, je plaisantais, répondis alors Elizabeth. Décidément, je ne sais pas ce qu'ils vous apprennent en pension, mais probablement rien du monde. Tu es aussi innocente qu'une fillette.

- Détrompez vous, madame, dis-je en repensant aux meurtres commis lors de ma fuite avec Louis-Henri. En racontant mon parcours, j'avais volontairement omis ce détail, sachant qu'il pouvait me conduire à l'échafaud.

Lady Elizabeth haussa les épaules, et pris mon bras, puis nous nous mimes à marcher.

- Ta chambre te plait-elle ?, me demanda-t-elle.

- Oui, madame, elle est parfaite, dis-je.

Elizabeth sourit.

- Bien. J'ai faim, pas toi ? Que dirais-tu de déguster un "lunch" ?, répondit-elle.

- Un lunch ?, répétai-je sans savoir ce que c'était.

- C'est vrai que vous autres français disent "déjeuner", il me semble, s'exclama Elizabeth en riant.

CendrillonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant