Chapitre 12

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Werther et moi retournâmes nous assoir près du feu accompagnés de la vieille dame. Il y avait déjà tout le monde. En les regardant tous, je me rendis compte qu'ils n'étaient pas aussi nombreux que je l'avais cru lors de la confrontation avec les policiers.
Alors que je m'apprêtai à m'assoir près de Louis-Henri, Werther me prit par le poignet et m'emmena près d'un grand homme que je devinai être le "chef" car il était le seul à avoir son fauteuil. Nous nous assîmes juste à côté, et je n'osai rien dire car je pressentais que cela devait être un grand honneur.

- Père, dit Werther au "chef", laisse moi te présenter Cendrine.

- Cendrine ?, répéta le père de Werther. Oh, la jeune femme dont on m'a parlé.

- Dont on t'a parlé, père ? Qui donc ?

Je fixai le feu distraitement. Je n'avais pas sommeil. J'avais seulement un peu faim, et envie de parler avec Louis-Henri. Je voulais savoir ce qui était advenu de Bertille et Anne. Ma douce Anne, si craintive, faisait, je le savais, un réel effort pour me suivre, comme lorsque nous étions à Kervillais.

- D'où venez vous, exactement ?, me demanda le père de Werther.

- De Metz, dis-je en toute honnêteté.

Le père de Werther me lança un regard en coin. Visiblement, ce n'était pas la réponse qu'il attendait.

- De Metz, répéta-t-il. Et pourquoi fuyez-vous ?

- Louis-Henri veut seulement regagner Paris en toute discrétion, expliquai-je, quant à moi, si j'étais restée, ma belle-mère aurait sans doute voulu me contraindre au mariage avec je ne sais qui.

Cette réponse parut plaire au père de Werther, car il sourit et ses traits se firent plus chaleureux.

- Il est vrai que certaines natures sont plus libres que d'autre, s'exclama-t-il. Mais puisque nous allons au même endroit, autant y aller ensembles, qu'en dites vous ?

Un bref coup d'oeil à Louis-Henri suffit pour que je voies qu'il n'approuvait pas la proposition du chef. Raison de plus pour accepter, me dis-je.

- Ce sera avec joie !, répondis-je en souriant.

Je vis mon demi-frère se crisper. Il se leva.

- Puis-je parler à ma chère demi-soeur ?, demanda-t-il. En privé.

Il acquiesça et je suivis Louis-Henri la boule au ventre, sachant d'avance ce qu'il allait me dire.

- Tu es devenue folle ?!, explosa Louis-Henri.

- Je l'aurais été si j'avais refusé !, répondis-je du tac au tac.

Louis-Henri se passa une main sur le visage.

- Et tu as pensé à Bertille ?, dit-il.

- Elle saura se débrouiller avec Anne. Elles ont de l'argent et leur avenir se trouve en Bretagne. C'est là qu'Anne a sa famille et Bertille son amante. Elles n'ont pas besoin de nous, conclus-je.

Louis-Henri serra le poing.

- On ne les connait même pas !, s'exclama-t-il.

Je croisai. Depuis le début du voyage, Louis-Henri me parlait et me considérait comme une enfant. Je ne disais rien, mais ce comportement commençait à m'agacer.

- Si tu veux partir, je ne te retiens pas, criai-je, mais moi je reste là, c'est beaucoup moins dangereux ! Au moins je n'aurais plus à subir des remontrances comme si j'avais six ans !

Louis-Henri semblait consterné, mais il ne bougea pas d'un poil.

- Alors ?, m'impatientai-je avant de rire comme une démente. Monsieur finirait-il par entendre raison ?

- Je reste, Cendrine, mais c'est uniquement pour veiller à ce que rien de fâcheux ne t'arrive, grogna mon demi-frère.

J'esquissai un sourire satisfait avant de retourner auprès de Werther et de son père.

CendrillonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant