Nous commençâmes à galoper pour s'éloigner le plus vite possible de Nancy. Malheureusement pour nous, les hommes lancés à nos trousses nous repérèrent assez rapidement.
- Séparons-nous !, dis-je à Bertille. Nous nous rejoindrons à Bar le Duc...
Comme nous galopions je fus forcée de m'agripper à Louis-Henri. Je vis Bertille hésiter.
- C'est un groupe de quatre jeunes personnes qu'ils cherchent !, continuai-je. Nous pourront les semer plus facilement si Louis-Henri et moi prétendons être un couple et vous des soeurs !
Cela parut convaincre Bertille car elle prit un autre sentier avec son cheval. J'étais tout de même inquiète. J'espérais de tout coeur qu'il n'arriverait rien à Anne...peu m'importait le sort de Bertille.
Louis-Henri accéléra, ce qui attira l'attention de nos poursuivants. Il se mirent à nos trousses. Aussitôt, je dégainai mon poignard. Le plus proche d'entre eux semblait faible, mais son cheval robuste. Si je lançai correctement mon arme il n'y survivrait pas et je pourrais alors le pousser, récupérer ses armes et mon poignard et prendre son cheval. Mais il ne fallait vraiment pas me louper, sans quoi ce serait moi qui serais tuée. Je m'installai à l'envers sur le cheval de Louis-Henri.
- Qu'est-ce que tu fabriques ?!, me demande-t-il tandis je lance mon couteau qui atterrit dans la poitrine de l'autre.
Ce dernier poussa un gémissement de douleur et de surprise, et j'en profitai pour sauter sur son cheval et récupérer mon arme. Il poussa un cri rauque de douleur, et je pris le pistolet qu'il avait sur lui avant de le pousser. C'est alors que je me rendis compte de ce que je venais de faire. Je venais de tuer un homme de sang froid. Faire une veuve et des orphelins. J'étais tellement sous le choc de ce que je venais de faire que je ne prêtai même pas attention aux encouragements et aux félicitations de Louis-Henri. Qu'aurait dit Henriette ? Ou père ? J'étais devenue une meurtrière et une voleuse. Et Louis-Henri qui me félicitait. L'avait-il vécu lors de sa première escapade à Paris ? Je soupirai.
- Il y a encore plein de policiers à nos trousses, dit Louis-Henri. Et même si tu excelle au lancer de couteau, je doute que ce soit suffisant.
- J'ai récupéré le pistolet de celui que j'ai tué, répondis-je. Mais tu as raison, ça n'ira pas : j'ai tué l'un d'eux, ce qui va accroître leur détermination à nous attraper.
Alors que l'un de nos poursuivants s'apprêtait à me rattraper, je tirai en visant sa tête. Il s'écroula, et je décidai de tirer sur les trois suivants. Louis-Henri jura. Je tournai la tête vers la gauche et vis qu'à présent des vagabonds se joignaient aux autres. Louis-Henri dut en poignarder un ou deux, tandis je l'imitai avec des policiers qui commençaient à nous rattraper. Il y en avait moins, grâce aux truands. S'ils n'étaient là pour nous piller je leur aurais rendu grâce. Mais le fait était qu'ils n'étaient là que pour nous détrousser. Ils étaient nombreux. Très nombreux. Bientôt, le peu de policiers qui restaient décidèrent de rebrousser chemin. Nous fûmes bientôt encerclés par les vagabonds. Je me rapprochai de Louis-Henri, peu confiante.
- Louis-Henri..., soufflai-je.
- Chut, aucun geste brusque... Rien qui puisse nous compromettre.
Je fronçai les sourcils. Louis-Henri en parlait comme s'il s'agissait d'animaux. Or, c'étaient bien des êtres humains que nous avions devant nous. Ils se rapprochèrent encore. Sans savoir pourquoi, je songeai aux Yéniches qui étaient un peuple nomade vivant en Alsace. De ce que je savais, ils étaient en train de migrer vers la France. Louis-Henri m'en avait vaguement parlé. Ils n'avaient pas l'air hostiles. Peut-être ne nous voulaient-ils pas nous faire du mal. Non, il ne fallait pas écouter Louis-Henri.
- Bonjour, dis-je en descendant de cheval. Nous sommes des voyageurs et nous cherchons seulement à atteindre la France en toute discrétion.
L'un d'entre s'avança vers moi, et j'entendis Louis-Henri jurer. Je l'observai. Il semblait avoir mon âge et était plus grand que mon beau-frère.
- Vous parlez français, mademoiselle, me dit l'inconnu. Et votre ami ? Il dit rien ?
Je souris.
- Louis-Henri est d'une nature méfiante, il ne faut pas lui en vouloir.
L'inconnu consulta les siens du regard et me tendit la main.
- Je suis Werther, dit-il. Vous pouvez passer la nuit au campement, vous serez plus en sécurité.

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Cendrillon
Historical FictionIl était une fois... Car tout conte commence ainsi. Sauf que, on le sait très bien, la vie n'est pas un conte de fée. Encore moins la mienne. Je suis Cendrine De Tréville, mais tout le monde m'appelle Cendrillon, et voici mon histoire. La vraie.