Il souriait. Encore. C'était insupportable.
- Je vous rebute à ce point que vous n'acceptiez qu'à contrecur que je vous porte compagnie ?, demanda Lanvais.
- Pour être honnête, oui, répondis-je.
- Alors ce qu'on dit est vrai, les femmes les plus belles sont également les plus cruelles, conclut-il, toujours en souriant.
- Oh, vous êtes poète à présent, pour faire de telles rimes ?, le raillai-je. On eut dit Ronsard.
Puis, perdant mon rictus :
- Que me voulez-vous, à la fin ?
- Vous êtes charmante, ce soir, dit Lanvais en réitérant son baisemain, ignorant ainsi ma question.
Je levai les yeux au ciel.
-Je vous en prie, si c'est une blague, elle est de très mauvais goût.
-Je ne plaisante pas. J'ai vraiment le désir dapprendre à vous connaitre, désir que vous ne semblez pas partager, douce Cendrine, répondit-il avec lair le plus sérieux du monde.
-Je suis tout sauf douce, répliquai-je.
Lanvais caressa mon bras du dos le main, ce qui me fit frissonner.
-Ah, s'exclama-t-il. Que votre bras est doux ! Et vous dites ne pas l'être ?
-Vous ne me connaissez pas, Lanvais, et entre lapparence et le fond dune personne, il y a parfois un gouffre.
Lanvais sapprocha de moi, sourire aux lèvres. Son visage était désormais si près du mien que nos nez se frôlaient. Je sentais son souffle chaud sur moi. Mon cur tambourinait dans ma poitrine afin de me supplier de m'éloigner de Lanvais, mais c'était vain : j'étais paralysée sur place, captivée et effrayée.
-Allons, Cendrine, me murmura Lanvais. Ne vous cachez point derrière cette armure distante et froide que vous essayez en vain de vous composer, à Paris règne la loi du plaisir, et non point celle étouffante de la morale.
- Qu'entendez-vous par là ?, demandai-je, méfiante.
Je jouais nerveusement avec mon pendentif, tentant vainement de maîtriser le feu qui commençait, malgré moi, à me consumer. Depuis quand exactement ? Je ne savais point, et ne m'étais point rendu compte de mon état jusqu'à ce que Lanvais me frôle. Moi qui ignorais tout de ce que lamour provoquait comme sensations, j'étais bien surprise. Et pourtant, je détestais toujours autant Lanvais. Du moins le croyais-je.
Je me serais volontiers laissée allée par cette passion nouvelle, cependant, j'ignorais les véritables intentions de Lanvais et surtout je songeais trop à Antoinette. Sans toutefois la considérer comme une amie, javais de lestime pour elle et ne pouvais me résoudre à aimer lhomme quelle convoitait.
Malgré ces bonnes raisons de m'éloigner de Lanvais, je restais plantée devant lui, incapable de réagir. Je me maudis de mon état, et mordis ma lèvre.
-Réalisez-vous enfin, Cendrine ?, demanda Lanvais. Ne vous retenez point, embrassez moi, ou sinon ce sera moi.
-Vous divaguez, Lanvais, réussis-je à articuler. Auriez-vous trop bu ?
-Vous vous voilez volontairement les yeux, ma mie.
Lanvais caressa mes cheveux.
-Laissez moi vous les ouvrir, dit-il en penchant la tête pour m'embrasser.
J'étais trop surprise pour me dégager de son étreinte -ou peut-être ne le voulais-je tout simplement pas. Fermant les yeux, je décidai enfin à me laisser aller à cette douceur.
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Cendrillon
Fiction HistoriqueIl était une fois... Car tout conte commence ainsi. Sauf que, on le sait très bien, la vie n'est pas un conte de fée. Encore moins la mienne. Je suis Cendrine De Tréville, mais tout le monde m'appelle Cendrillon, et voici mon histoire. La vraie.