Cendrillon

Chapitre 29

Dès que Jean m'eut quittée, je m'étais précipitée dans ma chambre afin d'écrire une lettre à Werther et une autre à Louis-Henri annonçant la bonne nouvelle. J'étais en effervescence. J'avais couru embrasser Yvette. Je m'étais engouffrée dans la serre où lady Elizabeth et lady Mary prenaient le thé, puis j'avais exécuté quelques pas en entraînant Sofia de force dans ma joie. Telle la Cendrillon de Perrault (car en bonne Lorraine, je me refusais à évoquer celle des frères Grimm, celle des Allemands ayant tué mon père) j'avais trouvé mon prince. Avec Jean, nous avions convenu que le mariage se déroulerait le 19 septembre, ce qui certes ne nous laissait que trois semaines afin de tout préparer, mais Jean avait assez d'argent et lady Elizabeth nous avait promis son soutient. J'étais comblée.

Une semaine s'écoula... je revis régulièrement Jean, qui ,je le savais, rendait également certaines visites à Clarysse et Antoinette. Cela ne m'indisposait guère, tant qu'il ne leur donnait point de mes nouvelles. Elles étaient là depuis peu, et Jean me rapportait souvent le désir de Clarysse de s'entretenir avec moi au sujet de l'héritage de mon père. Je refusais toujours. Louis-Henri et Werther venaient également de temps à autre nus assister pour les préparatifs des noces. Bien que le premier faisait énormément d'efforts pour cacher sa peine, je n'étais pas dupe et lui répétais maintes fois qu'il n'était pas obligé de se forcer ni même de nous aider. 

Deux semaines. Le 4 septembre, un grand événement nous frappa, tous, si bien que Jean et loi avions songé à retarder les noces. L'Empereur avait été démis de ses fonctions et la IIIème République avait été proclamée. En raison des tensions existantes, nous ne nous sentions plus en sécurité et lady Elizabeth et sa soeur Mary commençaient à envisager leur retour en Angleterre. Nous ne sortions plus autant qu'avant.

Trois semaines...le grand jour...