C'était notre dernier soir en compagnie de Werther et des siens. Nous étions juste à côté de Paris. Plusieurs jours avaient passés, et en apprenant à vivre avec eux, j'avais tissé un véritable lien avec eux. Je savais que Louis-Henri avait soigneusement gardé ses réserves et était toujours aussi méfiant que le premier jour. Il n'aimait pas me savoir seule avec un membre du clan, et encore moins lorsque c'était Werther. Mais je me contrefichais bien de son avis, et passais mon temps avec Werther à m'entrainer au combat ou bien avec Liliane - tel était le nom de la vieille dame qui était venue nous chercher pour le repas, Werther et moi, le premier jour - à faire des tisanes ou des décoctions pour soigner les malades et les blessés.
Contrairement à mon demi-frère, j'avais réellement trouvé ma place dans le clan, et le chef, qui s'appelait Karl, m'avait souvent proposé de rester avec eux, car je faisais à présent "partie de la famille".
Ce soir-là, je cherchais désespérément Werther. Nous étions devenus très proches, et j'espérais pouvoir me battre une dernière fois avec lui avant mon départ. J'avais remarqué qu'il était plus maussade, plus renfermé ces derniers temps. Quand enfin je le trouvai, il était adossé à un arbre et semblait en pleine réflexion.- Werther ?, appelai-je doucement.
- Oui ?Il se redressa et vint à ma rencontre. Comme nous allions rentrer dans la ville, Louis-Henri et moi, j'avais revêtu une robe de femme. Je surpris mon ami me détailler de haut en bas.
- Les vêtements féminins te vont bien, mais tu es plus seyante en homme, lâcha-t-il. Tu as l'air d'être déguisée.
- Parce que je le suis, répondis-je. Tu sais, ce soir...je...pars.J'avais murmuré ce dernier mot. Ce n'était pas de bon coeur que je partais à Paris avec Louis-Henri, et j'avais l'impression de laisser une partie de moi ici.
- Je sais, répondit Werther. Tu vas me manquer. Je ne suis pas sûr de trouver une femme de ta trempe, ici.
Il me prit dans ses bras, et à sa respiration saccadée, je compris qu'il pleurait. Je ne dis rien. Il n'y avait rien à dire.
- D'abord elle, ensuite toi..., continua Werther. J'ai l'impression que mon coeur se brise une deuxième fois.
- Tu sais, c'est pas...je...tu vas me manquer.Je ne trouvais pas les mots. Que dire ? Je ressentais exactement la même chose. Puis, Werther me lâcha, et Liliane apparut. Les yeux larmoyants, elle me serra dans ses bras à son tour.
- Tu faisais une apprentie fabuleuse, s'exclama-t-elle.
- Liliane...vous aussi, vous me manquerez, bredouillai-je.La vieille dame essuya ses yeux, et sourit.
- Bon, les enfants, le chef va prononcer son discours....mieux vaut y aller.
Werther et moi acquiescèrent. Nous suivîmes Liliane jusqu'au feu de camp où tous étaient déjà rassemblés. Je ne pus m'empêcher de songer au premier soir. Nos chevaux, à Louis-Henri et à moi, étaient scellés et prêts à partir. Je retins un sanglot. Karl me serra affectueusement l'épaule.
- Tu seras toujours la bienvenue, toujours, me dit-il. Et sache que si tu décide de partager notre vie, nos bras seront toujours ouverts, car tu es notre amie, notre soeur et notre fille.
Je fus si touchée par le discours de Karl. Je ne sus quoi répondre. Soudain, sans que je ne m'y attende, Werther prit la parole.
- Père, laisse moi les accompagner, dit-il.
Tout le monde se tut et tous les regards se dirigèrent vers nous. Surprise, je me tournai vers Werther. Lui fixait son père du regard. Karl resta figé un instant, puis sourit.
- Bien. Si c'est là ce que tu souhaite, répondit finalement le chef.
Werther sourit et enlaça son père avant d'aller chercher un cheval. Heureuse, je grimpai sur Colombus, tel que j'avais nommé le cheval que j'avais dérobé, et je vis Louis-Henri se crisper, puis jurer. Par chance, Werther n'entendit rien. Une fois prêts, nous nous avançâmes vers Paris. La capitale. Une nouvelle étape de ma vie.
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Cendrillon
Fiction HistoriqueIl était une fois... Car tout conte commence ainsi. Sauf que, on le sait très bien, la vie n'est pas un conte de fée. Encore moins la mienne. Je suis Cendrine De Tréville, mais tout le monde m'appelle Cendrillon, et voici mon histoire. La vraie.