Paris. Nous étions enfin arrivés. Etrangement, je n'étais pas si heureuse que ça. Je me demandais si père était toujours en vie. Je me demandais ce que nous allions faire. Où allions-nous aller ? Nous ne pouvions pas aller dans l'une des propriétés de mon père, il serait facile pour Clarisse de nous retrouver, ce dont je n'avais aucune envie. Elle poserait des questions sur Bertille, et comme nous ignorions où elle était vraiment, nous serions alors dans une situation délicate. Je me tournai vers Louis-Henri.
- Où va-t-on, à présent ?, demandai-je.
- Dans une auberge, répondit mon demi-frère. Nous y séjournerons le temps d'avoir un logis. Demain, nous devrons tous trouver un travail. Cendrine, puisque ton père est baron et que tu es noble, tu devrais pouvoir te trouver facilement un travail en tant que dame de compagnie.
- J'entends bien, dis-je, mais auprès de qui ? Je ne connais personne.
Louis-Henri soupira.
- J'ai quelques connaissances ici, dit-il. Je parlerais de toi.
- Quelques connaissances ?, répétai-je en me doutant de la nature de la relation liant mon demi-frère à ces "connaissances", comme il disait.
- A Paris, contrairement aux provinces, il n'y a plus de notions de bien ou de mal, m'expliqua Louis-Henri. C'est la loi du plus fort. Celui qui manipule le mieux est celui qui vit le mieux.
Je ne répondis rien, car nous entrâmes dans une vieille auberge. Ça empestait l'alcool, la transpiration et le tabac. Je me rapprochai de Werther, peu rassurée. Louis-Henri paya la chambre en avance, et nous montâmes. Il n'y avait qu'un lit et deux chaises rapiécés. La tapisserie se décollait par endroit. Le plancher miteux grinçait lorsque l'on marchait dessus. J'étais pour ainsi dire peu désireuse de m'avancer dans la pièce de l'horreur. Même mon dortoir de Kervillais pouvait sembler luxueux à coté de cette chambre. Je soupirai, regrettant amèrement le campement.
- On va vraiment vivre à trois là-dedans ?, dis-je.
- C'est ça ou la rue, répondit Louis-Henri. J'ai pas assez d'argent pour trouver mieux.
- Mais moi j'en ai, tu n'avais qu'à demander !, répliquai-je, agacée par le tempérament de mon demi-frère.
Comme je me dirigeai vers la porte, Louis-Henri me demanda où j'allais.
- Prendre l'air, dis-je.
Je sortis en ignorant le brouhaha des ivrognes qui semblaient, pour la plupart, m'appeler. Ils devaient sans doute me prendre pour une catin. Je soupirai. Une fois dehors, je levai les yeux vers le ciel étoilé. Mon père était-il encore en vie ? Cette question sans réponse me tourmentait. C'est alors que j'eus l'idée risquée d'envoyer une lettre à Henriette afin de m'en informer. Mais si Clarisse était toujours en Lorraine, elle pouvait très bien intercepter mon courrier. Je pouvais me renseigner auprès d'Antoinette. Nous n'étions pas amies, mais notre relation était cordiale. En marchant, je ne me rendis pas compte que j'étais suivie, perdue dans mes pensées. C'est alors qu'une main se posa sur mon épaule pour me forcer à me retourner, tandis qu'une autre se posait sur mes lèvres, m'empêchant d'appeler au secours. Illuminé par les lampadaires environnants, je reconnu aussitôt son visage.
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Je sais, ça fait longtemps que je n'ai pas posté par rapport à mon rythme ordinaire, mais j'ai été prise par une vieille amie : la page blanche... J'en suis sincèrement désolée 🙏🙏🙏 ... J'espère que je ne vous ai pas trop fait attendre...

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Cendrillon
Fiksyen SejarahIl était une fois... Car tout conte commence ainsi. Sauf que, on le sait très bien, la vie n'est pas un conte de fée. Encore moins la mienne. Je suis Cendrine De Tréville, mais tout le monde m'appelle Cendrillon, et voici mon histoire. La vraie.