Paniquée, je mordis la main de mon interlocuteur, et me mis à courir sans savoir où. Ce fut sans compter sur lui qui me rattrapa.
- Lanvais, laissez moi !, criai-je.
- Jean, Cendrine, appelez moi Jean, dit-il. Excusez moi, je ne voulais pas vous faire peur, loin de là, mais vous ne répondiez pas lorsque je vous appelais.
Rassurée, je me détendis et m'excusai. Lanvais alors me sourit.
- Paris est le dernier endroit où je m'attendais à vous voir !, s'exclama-t-il. Vous, Louis-Henri et Bertille avaient disparus, mais nous ne savions pas...
- Êtes vous à Paris depuis longtemps ?, le coupai-je.
Lanvais me regarda avec étonnement, puis me répondit :
- Non, je ne suis là que depuis ce matin et votre mère ainsi que votre soeur Antoinette devraient arriver d'ici peu, le temps de régler certaines affaires.
- Savez-vous si mon père est...?, demandai-je.
Je me sentais incapable de prononcer ce mot, la simple pensée du décès de mon père étant une torture.
- Oui, hélas. Il y a trois jours.
Je ne dis rien. Ma gorge était serrée, mais pas une larme vint. Je m'y attendais après tout. Cela faisait atrocement mal. Trop pour que je pleure, sûrement.
- Je vois, dis-je. Je vous remercie.
J'allais partir quand Lanvais me retint par le bras.
- Ce n'est pas très sûr pour une demoiselle de s'aventurer seule la nuit dans Paris, dit-il. Laissez-moi...
- Parce que vous me croyez incapable de me défendre seule ?, répliquai-je, sourcil levé.
Lanvais me dévisagea, visiblement surpris.
- Non, bien sûr que non, dit-il.
- Très bien, dis-je finalement en continuant mon chemin.
Je ne souhaitais donner à cet homme aucun élément lui permettant de me retrouver, me rappelant sa proximité avec Clarisse, et de plus Lanvais ne m'inspirait aucune confiance. Une fois arrivée à l'auberge, je vis que les ivrognes qui m'avaient appelé étaient partis, à mon grand soulagement. J'entrai dans la chambre à pas feutré, et trouvai Louis-Henri et Werther endormis sur les chaises. Je souris. Louis-Henri avait beau avoir son caractère, il restait tout de même un gentilhomme. Et un gentilhomme cède toujours la meilleur place à une femme, comme il se plaisait à dire. Je m'endormis d'un sommeil sans rêve dès que je fut couchée.
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Cendrillon
Fiction HistoriqueIl était une fois... Car tout conte commence ainsi. Sauf que, on le sait très bien, la vie n'est pas un conte de fée. Encore moins la mienne. Je suis Cendrine De Tréville, mais tout le monde m'appelle Cendrillon, et voici mon histoire. La vraie.