Le Changement

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Jamais je n'aurais eu la prétention d'imaginer une vie comme celle-ci.
J'ai toujours été une personne sensée, réservée, et bien que timide ne soit l'adjectif adéquat, pudique rendrait justice à ma personne.
Alors! Pour quelle raison je me retrouve face à une telle impasse?

À 27 ans j'étais encore chez les parents. Sans travail, sans vie sociale, sans vie amoureuse. Juste un coeur brisé par mes illusions.
Les quelques amis que j'avais, si je peux les appeler ainsi ont fini par m'oublier vu que je ne sortais de chez moi que pour des courses personnelles, qui n' incluaient pas des visites à domicile.

Alors comment se fait-il qu'une femme comme moi, ait à présent cette vie, que certains qualifieront de débauche dans une société trop conservatrice comme l'Afrique?
Aurai-je la liberté de choisir ou une fois encore la vie s'en chargera pour moi.

Demain je repenserai à tout ça. Le décalage horaire faisant son oeuvre, je tombe de sommeil. Il est une heure du matin le voyage à été long.
C'est une belle chambre spacieuse que j'ai là. Un lit deux places, drapé de blanc, une décoration sobre mais époustouflante. La salle de bain à elle seule fait ma chambre au pays. Dis donc! Il n'a pas lésé sur les moyens pour me faire plaisir.

Assise sur le lit, je repense à comment j'en suis arrivée là.
Maman n' était du tout pas d'accord avec cette décision qu'elle qualifie d'absurde.
Suivre un homme que je viens à peine de rencontrer, sur un tout autre continent, était pour le moins risqué et à la limite fou.

J'ai voulu prendre une décision radicale. Pour une fois, je n'ai pas voulu réfléchir. L'aventure est très tentante, pour que je rejette sa proposition.
Cet homme, à beaucoup fait pour moi. Plus que ce prétentieux de Maxence auprès de qui j'ai perdu trois années.

Maxence Codjo, est un homme charmant, qui m'a ébloui avec son sourire d'ange, autoritaire et volage. Aujourd'hui avec un peu de recul, je me demande comment j'ai pu tenir tout ce temps dans une relation assez compliquée comme la nôtre.

Les frontières nous séparent, ma relation avec lui était virtuelle.
Malgré cela, mon coeur battait à la chamade, chaque fois qu'on discutait sur messenger ou whatsapp. Ces réseaux sociaux étaient donc devenus mes lieux de prédilections. Je restais scotché à mon portable pour ne pas manquer ses messages.

Avec lui je vivais un ascenseur d'émotions. Il se passait toujours quelque chose. Les rares fois, qu'il rentrait à la maison, je passais juste une nuit dans ses bras. Cette situation a durée trois années de ma vie, jusqu'au jour où n'en pouvant plus, j'ai fini par dire ce que je pensais de notre relation. Il en a profité pour rompre.

À croire qu'il me poussait exprès à bout. Ça ne m'étonnerait même pas qu'il ait pu utiliser mes propres faiblesses contre moi.
Je suis de nature jalouse et l'incertitude me déstabilise.
Il en profitait pour semer le doute dans mon esprit.

J'ai eu toutes les raisons assez convaincantes, de vouloir changé d'air.
Suivre Illan en Italie, bien qu'imprudent de ma part est bel et bien une chance en or. Je n'ai jamais quittée mon pays, par contre j'ai toujours espérée découvrir le monde.
Il s'y rend pour son travail, et moi je ferai le tourisme comme il l'a si bien dit.
De toute façon, il a l'autorisation d'emmener quelqu'un avec lui. Notre séjour sera au frais de la Société.

Réveiller par la sonnerie de mon portable, je parcours d'un regard furtif la chambre d'hôtel où nous sommes descendus. J'ai pas eu le temps de visiter ce lieu qui devra être mon refuge durant les cinq prochains mois à venir. Encore une prouesse , quand on est cadre dans une des sociétés les plus puissantes du monde.

Ne pouvait-il pas louer un appartement, au lieu de vivre à l'hôtel? Je risque de confondre la réalité au rêve dans lequel je me retrouve depuis trois semaines.

Cependant, j'espère bien en profiter. Je ne suis plus cette femme suspicieuse et précautionneuse qui avait toujours peur de l'aventure.
Je dois le reconnaitre, j'aime avoir le contrôle sur tout, mais de bonnes résolutions pour une nouvelle année sont de mises.

M'étirant avec nonchalance, je me dirigeai vers la coiffeuse pour me regarder dans la glace. Ça peut paraître bizarre, et rassurez-vous je ne suis pas narcissique, bien que mon corps de rêve, puisse succiter des envies chez n' importe qui.

Je fais un mètre soixante dix, les cheveux noirs et épais tombent sur mon cou. Je ne suis ni frêle, ni ronde, mes courbes sont bien dessinées, j'ai lair d'une flûte, avec un postérieur légèrement rebondi.
Me mirer les matins juste après mon réveil est devenu mon rituel depuis peu.
Face à la glace, je me peigne les cheveux en toute douceur durant dix minutes, contemple mon sourire, et respire délicatement comme si un geste brusque allait me causer un infarctus, et répète avec détermination cette phrase qui me rassure tous les matins.

" Je suis la plus belle des roses. Délicate et tendre, mes épines me protègent du monde. Je suis forte et confiante, et mes journées seront ce que je déciderai d'en faire. Je suis maître de ma vie."

Après mon rituel, mon attention fut attiré par un bout de papier déposé sur ma boîte à bijoux .
Ça vient certainement d'Illan, c'est le seul qui pourrait entrer dans ma chambre. mais à quel moment est-il venu, je ne l'ai pas entendu. C'est à croire que j'ai eu un lourd sommeil.
Mais pour quelle raison il ne m'a pas réveillée.

Je pris donc le bout de papier, et un sourire rêveur étire mes lèvres.

<< Bonjour ma jolie, j'ai une réunion ce matin, je n'ai pas voulu te réveillé. Ne t'enferme pas dans la chambre, profite de ta journée pour visiter l'hôtel. Bonne journée. Bisous.>>

Je me demande si ma bonne étoile ne m'a pas envoyée, cet homme pour soigner mes blessures.
Il a tout pour plaire à une femme. De son mètre quatre vingt, cheveux brun, peau matte, il a une carrière de rêve. Expert comptable dans une banque mondiale, son poste lui permet de voyager au quatre coins du monde.
Jamais je n'aurais pensée que notre rencontre serait le début d'une nouvelle vie pour moi.

Je me souviens comme hier de ce jour. Je voulais retirer le peu qui restait sur mon compte, et partir de cette ville qui devenait au fil des jours trop petite pour moi.
J'ai laissée derrière moi trop de mauvais et de bons souvenirs. Il fallait que je l' oublie, que je passe à autre chose. Que j'aille de l'avant.

Oasis D'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant