Joyce Duran

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J'aime la liberté. Sentir le vent balayer mes cheveux, l'air fleuré son mélange de parfum. Je n'ai pas d'attache, et pour moi il n'y a rien de plus passionnant que parcourir des kilomètres avec ma moto.

Je vis au jour le jour, et profite des plaisirs de la nature.
Ma carrière de rêve me donne assez de liberté. À trente ans, je peux me vanter de présenter une émission dont l'audience dépasse les frontières. Je suis  aussi actionnaire à DBM.

Je suis inverti. Comment je l'ai découvert, ça par contre je ne saurai le dire. J'ai tout naturellement une attirance pour les femmes, et je n'ai jamais cherché à comprendre les raisons. J'éprouve les mêmes sentiments qu'une personne normale qui flashe sur une autre, comme en ce moment où Ishane obsède mes pensées..

Mon paternel l'a pris avec philosophie, le jour où je me suis confiée. Fille unique, ma mère nous a quittés quand j'avais cinq ans. Depuis nous n'avons plus de nouvelles d'elle. Je n'ai pas senti le manque d'affection car mon père a su jouer avec brio ces deux rôles.

Je ne comprends pas pour qu'elle raison mon coeur l'a choisi. Elle n'est pas comme moi, et fiancée de surcroît. Je sens toutefois le besoin d'être près d'elle. Depuis le jour où ils m'ont diagnostiquée cette maladie j'ai compris qu'il ne me restait qu'à vivre pleinement ma vie en attendant l'instant fatidique.

Je m'apprête pour me rendre dans ce bistro, et les pulsations de mon pauvre coeur me coupe la respiration.
Bien que mon docteur m'ait demandé d'éviter les émotions fortes, je ne pourrai malheureusement pas respecter ses consignes à la lettre. Je n'ai aucune maîtrise sur mes émotions.

Il aurait mieux fallu lui annoncer au téléphone ce matin la décision du conseil administratif. Mais je m'ennuie à la maison, du coup je lui ai proposé qu'on se voit, histoire de faire connaissance. C'est un début je pense. Bien qu'il n'y ait aucune chance qu'elle me regarde autrement, je me contenterai d'être son amie.

Jusqu'ici je me refuse d'avoir des amies intimes. Par peur de les faire souffrir quand je ne serai plus de ce monde. Mais une force indescriptible me pousse vers elle. 

Une demie heure suffit pour me rendre là-bas. Je sors de mon appartement, monte sur ma moto. Je n'aime pas qu'on me fasse attendre alors j'évite d'être en retard à mes rendez-vous.

Le lieu a été facile à retrouver. Je gare ma moto sur le parking, et entre dans le bistro. Il semble très discret et convivial. Je parcours la salle des yeux et tombe sur Ishane. Elle me fait signe de venir.
Pourquoi choisir une table au fond alors qu'il y en a de libre devant?

Je m'approche finalement de sa table, elle se lève et me fit la bise. Sa peau au contact de ma joue me donne des frissons. Elle est belle dans cette petite robe blanche.

Je pris siège en face d'elle, et la regarde appeler la serveuse.

- Tu prends quoi Joyce?

Je consulte le menu, je n'ai particulièrement pas faim. Ishane remarquant mon embarras demande qu'on nous apporte des gâteaux et deux tasse de café.

- Merci.

- C'est rien. À cette heure de la journée on a forcément pas faim.

Je la contemple sans retenue. Les cheveux tirés en arrière, lui donne un visage plus sévère que d'habitude. Je me souviens de son entretien. Il m'a fallu faire violence sur mes émotions pour ne pas la serrer dans mes bras. Ce serait maladroit de ma part, mais son parfum en était la cause.

- Tu es ici avec ta famille depuis quand ?

Elle ouvre les lèvres et j'eus envie de les mordiller.

- Bientôt un an. Ma famille est en Afrique de l'ouest. Je vis avec mon fiancé.

L'entendre mentionné son fiancé me brise le coeur.

- Et toi, je suppose que tu n'es pas avec la tienne, mais qu'elle est ici.

- En effet. J'ai mon appartement, et mon père après sa retraite, s'est installé à la campagne.

- Je vois. Dis tu as des nouvelles ?

Des nouvelles j'en ai mais pas de bonnes. Depuis qu'on est là je cherche comment le dire.

- Oh oui. Le conseil veut une personne qui a plus d'expérience. Si tu veux j'envoie ton CV à un collègue.

J'ai du mal à lire la déception sur son visage.

- Je m'y attendais. Ce n'est pas grave.

Après un moment de discussion, elle regarde sa montre.

- Je n'ai pas vu le temps passé. Est ce que ça te dirait qu'on se voit dans la semaine?

- Oui si tu veux. Appelle moi tu as mon numéro.

Elle se lève, insiste pour régler la note et nous sortîmes du bistro.

Oasis D'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant