Oasis D'amour

La pointe au coeur

Depuis que je l'ai rencontrée, je remercie le ciel de l'avoir mise sur mon chemin. Mais toute cette euphorie quand je suis près d'elle, la voir étincelante quand je l'amène découvrir mon monde contraste avec ce sentiment d'impuissance qui m'enrage. J'ai toute les raisons de vouloir vivre quand je l'entends pouffer de rire. Quand elle mordille ses lèvres pour ne pas dire une bêtise. Quand elle me complimente. Quand son parfum enivre mon appartement. J'ai autant de raisons de vivre, malheureusement nul n'est maître de son destin et le mien est scellé.

Ce matin au parc face à son insouciance et les compliments de cet idiot de Fabio qui la faisait marrer j'ai réalisé que je ne pourrai plus m'éloigner d'elle.
J'en eus une vive douleur à la poitrine, que je dissimule en tempêtant contre le pauvre Fabio. Je pris vite mes cachets que je garde toujours dans mon sac à main avec une bouteille d'eau.

Selon les médecins je ne survivrai pas à ma prochaine crise. J'ai subi deux opérations pour renouveler mon pacemaker. J'ai eu droit au premier à dix-sept ans. Au bout de six ans de vie, il a fallu en changer.
Ces derniers jours je faiblis et la douleur devient fréquente surtout depuis ma rencontre avec Ishane. À cette allure j'en aurai pour un an.
Toute personne sensée aurait tout fait pour se tenir à l'écart. Malheureusement je n'ai aucune envie d'être loin d'elle.

Après sa séance de photos, nous rentrâmes à l'appartement. Elle était fatiguée, je lui ai donc proposée de se changer, le temps que je fasse la cuisine. Il n'y a pas mieux que des pattes quand on veut un repas rapide et facile à cuisiner. Je ne suis pas un cordon-bleu, j'ai un chef cuisinier pour ça.

Nous mangeons sur la terrasse, et rions comme deux adolescentes. J'en oublie ma douleur. Après le repas je remarquai qu'on a vidé une bouteille de vin.

J'ai tout de même l'esprit claire, et contrairement à shaine je tiens encore sur mes pieds. Sans pouvoir résister à cette force qui m'attire comme un aimant vers elle, mon visage se trouve trop près du sien. Je ressens un indescriptible besoin de l'embrasser, mais j'ai peur d'être repoussée. Elle ne bouge pas et mes lèvres effleurent les siennes. Je sens une décharge électrique parcourir mon corps. J'embrasse ses lèvres qui refusent à ma langue l'accès à sa bouche. Je n'insiste pas, continue de les mordiller doucereusement. Ses lèvres ont un goût de menthe. Mes doigts se glissent avec légèreté sous son déshabillé, et caresse son dos.
Ishane se leva d'un bond comme si elle venait de faire connaissance avec le diable.

Je m'y attendais, pourtant son geste me brisa de nouveau le coeur. Je farfouille mes cheveux décontenancée par ce qui vient de se produire. Ce que j'ai ressenti dans ce léger baiser dépasse toutes mes espérances. Elle m'a laissé faire, peut être qu'elle a été surprise. Je sais qu'elle ignorait cet aspect de ma vie. Je me suis gardée d'en parlé de peur qu'elle me fuit.

Elle se tient à distance évitant de croiser mon regard. Je décide de débarrasser la table, lui laissant le temps d'accuser le coup. J'espère qu'elle ne profitera pas que j'aie le dos tourné pour prendre la poudre d'escampette.

Elle est toujours au même endroit que tout à l'heure, les yeux rivés sur la toile accrochée au mur .

Je réfléchis un instant à ce que je vais dire pour la détendre, son corps est tellement raide, aussi je sens la colère montée. Est ce que je la répugne?

- Shaine écoute! Je n'ai pas l'intention de m'excuser parce que j'en ai rêvé. Dès l'instant où tu as apparue dans le salon de Tessa j'ai eu envie de t'embrasser à en perdre l'haleine. Je suis attirée par les femmes si c'est la question que tu te poses.

Elle relève la tête pour me regarder prenant conscience de l'ampleur de cet aveu.

- Je...je vais partir Joyce, il se fait tard et je dois préparer le dîner.

Sur ses mots elle se sauva évitant que je lui fasse la bise. Je l'accompagne à sa voiture.

De retour dans mon appartement je fonds en larme les nerfs à bout. Son mépris viens de briser mes espoirs.