Je suis né en automne. Quand l'été et les vacances sont finis et que les arbres se teintent de couleurs ocres. Quand on entasse ses souvenirs dans les placards et tiroirs pour ensuite les oublier aussitôt.Je suis venu au monde, plus précisément à 23h32. Je n'ai pas crié.
Ma mère est morte en couche. Elle était très jeune. À peine majeure. Son cœur était fragile.
Mon père, un peu plus vieux que sa compagne, m'a élevé tout seul et n'a jamais cessé de me répéter pendant toute mon enfance, que j'étais sa copie conforme.
J'étais un nouveau né frêle. Pas trop petit, pile dans la moyenne mais tout léger. J'ai été enfermé dans une paroi vitrée pendant quelques heures. Une couveuse. Je déteste ce nom.
J'ai peu de photos de ces moment là. Juste deux.
Une où je porte un bonnet de laine blanc troué au bout et un pyjama bleu ciel en coton, prêté par la maternité. Je dors dans le berceau en verre, les poings crispés.
Sur l'autre, je suis dans les bras de mon père. Il a les yeux rouges et porte un vieux sweat et un jean froissé. Ses cheveux bruns sont en bataille. Il semble ne pas vouloir de cet enfant dans ses bras. De cette responsabilité. Ma mère devrait être là. C'est ce qu'il pense à ce moment.
C'est elle qui a choisi mon prénom.
Néza.Elle avait une idée précise de l'orthographe. Avec un "z" ou rien du tout. C'est pour ça que c'est si rare. Si impossible à trouver.
Avec une autre orthographe Néza signifie "qui règne sur le ciel et la terre".
Mais comme le mien s'écrit différemment, il ne veut sûrement rien dire.
La bonne blague.
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Néza
Short StoryJe considère que ma vie est séparée en deux parties, la première avant l'annonce et la deuxième quand tout s'est écroulé. La première est synonyme d'enfance, d'innocence, de piano, de mon amitié avec Aloïs, de la boutique de disque et malheureusemen...