1 an plus tard...
-Aïssa, t'es rentrée ?
-Ouai ! Je suis dans la salle de bain !
Ma colocataire apparaît dans l'encadrement de la porte du séjour, ses longs cheveux noirs et frisés, dégoulinant sur son haut blanc. Elle est pieds nus, en pantalon fluide retroussé aux chevilles. Elle me sourit.
-C'était une bonne journée ? Comment ça s'est passé avec ta nouvelle élève ?
Je retire mes tennis usées et pose ma veste sur le dossier d'une chaise.
-Ouai, super ! Elle est très attentive et très passionnée. Elle fait du piano quasiment depuis qu'elle sait tenir debout.
-Sympa ! Et t'es de service ce soir ?
-Non pas cette fois, Luc s'est enfin décidé à prendre sa place derrière le bar.
-On mange ensemble alors !
Elle se précipite dans sa chambre pour enfiler un sweat. Je passe une main dans mes cheveux noirs coupé court et me dirige vers la cuisine pour disposer les vieilles assiettes et couverts fêlées sur la table en bois bancale récupérée à Emaüs. La peinture du mur de la cuisine se décolle par petits morceaux et certains endroits sont bouffés par l'humidité. Le salon n'est pas mieux, avec ses fenêtres mal isolées qui laissent passer le froid ou encore la salle de bain et ses murs bouffés par d'immenses tâches sombres.
Cet appartement craint sérieusement. Mais je me suis tellement battu pour l'avoir que je ne pense pas une seule seconde à me plaindre. Avec Aïssa, on a tout tenté pour le rendre à peu près vivable en recouvrant les murs de mètres de tissus africain chinés dans des brocantes.
La moitié de nos meubles nous on été donné par des associations ou par le collectif qui aide les jeunes adultes sdf. On s'en sors pas trop mal.
-Il reste des briques de soupes des resto du coeur et les fruits que Sam nous a filé.
-Parfait !
Le repas se déroule tranquillement. On parle de tout et de rien, des maisons où Aïssa fait le ménage, des cours de piano que je donne, de mes soirées et journées passées à servir des clients chiants.
-Au fait ! J'ai une bonne nouvelle ! J'ai une adresse !
-Ah Ouai ?
-Ouai, attend je te l'ai noté.
Elle part fouiller dans sa veste et me tend un papier plié en quatre.
-J'ai recroisé une amie avec qui je faisait les trottoirs. Le nom "d'Elijah" lui disait vaguement quelque chose. Elle m'a conseillé d'aller voir à cette adresse.
Je déplie le papier doucement. Mes mains tremblent.
1 an a passé et je n'ai jamais désespéré de retrouver Elijah. Jamais.
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Néza
Short StoryJe considère que ma vie est séparée en deux parties, la première avant l'annonce et la deuxième quand tout s'est écroulé. La première est synonyme d'enfance, d'innocence, de piano, de mon amitié avec Aloïs, de la boutique de disque et malheureusemen...