La première nuit, je l'ai passée enroulé dans une couverture qui empestait la clope et la bière, dans un coin du squat qui appartenait à une connaissance. Les mecs qui y vivaient n'étaient pas vraiment très nets. Il travaillaient dans le trafic de drogue.
J'ai vraiment mal dormi cette nuit là. Je m'inquiétais énormément pour Elijah. Où était-il allé ? La rue tout seul, c'est tellement dangereux et il n'était pas bien capable de se défendre correctement. J'avais peur qu'il fasse des mauvaises rencontres.
J'ai passé la semaine à le chercher dans le quartier autour du foyer. Rien. Personne ne le connaissais, c'est à peine si il avais existé. J'avais pu utiliser le squat pour y dormir pendant environ une semaine avant de m'y faire virer comme un malpropre.
Pendant le mois qui a suivi, j'ai dormi comme j'ai pu, chez des amis, des connaissances, à l'arrière d'un camion, quelques heures dans une salle de spectacle. Pour l'argent, j'ai été homme de ménage avant de me faire virer quand mon chef à compris que mes papiers étaient falsifiés. Il y a même eu directeur de la boutique de musique qui m'a autorisé à dormir dans sa salle.
Mais j'ai préféré partir pour ne pas lui attirer des ennuis. Mais je ne savais plus où aller, j'avais épuisé mon stock d'idées.
J'ai passé ma première nuit dehors, à 17 ans et demi. J'ai dormi sur un banc dans un parc. Il faisais froid. J'ai eu peur.
D'autres clochards étaient venu me tabasser mais j'avais pu courir assez vite pour qu'ils ne me volent rien. L'angoisse me nouait les tripes.
Et c'est dans cette nuit noire, frigorifié, allongé contre un mur, pelotonné contre mon sac et incapable de trouver le sommeil, que je me suis rendu compte d'une chose.
Je suis SDF. Je suis à la rue.
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Néza
Short StoryJe considère que ma vie est séparée en deux parties, la première avant l'annonce et la deuxième quand tout s'est écroulé. La première est synonyme d'enfance, d'innocence, de piano, de mon amitié avec Aloïs, de la boutique de disque et malheureusemen...