Epilogue

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-Eh Yuri ?

-Mmh?

-Tu voudrais bien m'accompagner quelque part ?

                                                                                                        ***

Ses cheveux sont collés à la vitre du train qui file à toute vitesse. De la buée se forme sur cette dernière. Ma main est posée sur sa cuisse un peu trop maigre. Il se retourne et me sourit.

Qu'est ce que j'aime ses cheveux rouges.

-ça va ?

Je hoche doucement la tête. C'est pas facile comme journée mais il est là et c'est tout ce qui compte. Le train arrive quelques minutes après, on attrape nos sacs et on sort. Le vent d'été souffle doucement et laisse apparaître un quai bordé de champs de fleurs. Tout semble désert jusqu'au moment ou je vois une tête blonde et bouclée arriver juste en face de nous. Il nous salue chaleureusement.

-Salut Néza ! Et toi tu dois être Yuri, enchanté, moi c'est Alois. 

Sur le chemin on échange quelques banalités superficielles et une fois arrivé, Alois nous prête un vélo et on s'élance directement. Yuri est assis sur le porte bagage, les jambes pendantes de chaque côté, agrippé à mon t-shirt. Le vent nous porte tout simplement et on ne dit rien. Mon ventre se serre, je suis anxieux. 

La grille du cimetière se dessine devant nous et j'abandonne le vélo contre un massif de fleurs blanches. Yuri tient fermement mon poignet quand on foule les allées de gravier. Je prends un tournant et déchiffre les noms gravés jusqu'à trouver le bon. Je m'assois devant et Yuri reste en retrait. Ma gorge est sèche, je ne sais pas par quoi commencer. 

-Salut Papa, c'est moi, Néza. Je suis désolé d'avoir mis autant de temps à revenir te voir mais tout a volé en éclat, littéralement. Sans toi, rien n'était pareil. J'ai fais beaucoup de bêtises, j'ai été très en colère, je suis passé par des moments très sombres, c'était dur, très dur. Ma vie a pris des putains de chemins de traverse. Tu aurais surement été furieux contre moi. 

Ma voix tremble légèrement, je me retourne et fais signe à Yuri d'approcher.

-Mais maintenant ça va beaucoup mieux. Et ça c'est grâce à la musique, au hasard de la vie, aux rencontres que j'ai faites. Lui c'est Yuri, je suis quasiment sûr que vous vous serez bien entendu. Tu sais, tu me manques vraiment papa. Tu ne méritais pas ce qui t'es arrivé. Mais sache que quoi qu'il arrive, je reste ton fils. Je t'aime fort.

Ma voix se brise et je sens les sanglots monter. Je m'étais promis de ne pas pleurer mais tant pis. Yuri me caresse la joue et fait des petits cercles apaisants sur le dos de ma main. Son souffle est tellement proche du mien. On pourrait céder, mais ce n'est pas le bon moment, on le sait tout les deux.

Et puis j'ai une idée, je ne veux plus rester ici. Après avoir jeté un dernier regard en arrière, on s'en va.

-J'aimerais te montrer un endroit.

-Comme tu voudras.

On remonte sur le vélo et je pédale à toute allure. Bientôt, seuls les champs fleuris par l'été nous entourent. Aucune habitations. On prend des chemins de terres, caillouteux qui nous obligent à finir à pied. Je l'entraîne et on court. 

Plus rien ne compte. 

On est rien que nous deux. La clairière s'offre à nous. Ce coin solitaire, caché de tous, nous offre son bout de ciel bleu, ses hautes herbes et ses fleurs. J'étends la couverture au milieu et on se couchent l'un contre l'autre.

Je n'entends que le vent, l'herbe qui se plie et la souffle de Yuri contre mon oreille. Nos regards se croisent et bientôt nos lèvres aussi. Chaque baiser me donne des frissons. J'en veux encore, je veux l'aspirer, le garder pour moi. Je me penche doucement au dessus de lui, le surplombant. Je sens son cœur battre contre le mien. Je ne veux pas que ça s'arrête. Ce baiser devient fou, avide de sensations nouvelles qui se propagent dans nos deux corps. On se sépare a bout de souffle. Nos mains se cherchent et se serrent.

Il est magnifique

-Tu me rends fou putain. Je t'aime à en crever. Qu'est ce que tu m'emmerdes !

Il rit. Très vite nos corps se rapprochent de nouveau et nos gestes se font de plus en plus insistants. On s'embrasse de plus en plus fort.

Tout se mélange.

Les caresses de Yuri sur mes bras tatoués, sont tellement lentes que ça en devient une torture. Nos souffles s'entremêlent et s'accélèrent petit à petit. Mes mains passent partout, sur sa peau parfaite et pâle.

Ses yeux fermés, la bouche entrouverte, laissant passer des soupirs doux.

J'ai l'impression que tout va exploser, les sentiments, les sensations. Une boule de chaleur très agréable se loge au fond de moi et ne me quitte pas. Nos mains froissent le drap blanc.

Son corps contre le mien.

Le vent emporte tout, les herbes nous cachent, il n'y a que nous.

C'est si beau, je me sens si bien...

                                                                                                        *** 

-Néza ?

-Oui? 

-Je t'aime.

Il se couche dans le creux de mon bras et je caresse lentement ses poignets marqués. Doucement ses yeux se ferment et il s'endors. Je me relève doucement, m'assois un peu plus loin dans l'herbe, attrape une cigarette et la porte à mes lèvres. Le briquet claque et la fumée s'échappe. 

Je ne sais pas combien de temps je reste là, sans rien faire, a fixer le bleu du ciel. Bientôt la nuit approche. Je secoue doucement Yuri.

-Viens, la nuit tombe, on rentre.

Il me sourit et se lève les jambes tremblantes. On s'installe sur le vélo et il enroule ses bras autour de mon cou et ses jambes autour de ma taille.

Le ciel nous offre ses belles couleurs rose, orangés. Soudain Yuri se met à rire.

-Pourquoi tu ris ?

-Je sais pas. Tout est surréaliste.

-On doit être différents.

-C'est vrai... Est ce que c'est mal?

-Non, je ne pense pas.

On rit encore.

Et puis là, sur ce vélo grinçant, Yuri accroché à moi, nos rires qui s'échappent dans l'air et le paysage qui défile, j'ai l'impression d'avoir tout compris.

Est ce que ma vie était elle vraiment sensée prendre cette voie là ? 

Je n'en sais foutrement rien, mais maintenant j'ai l'impression que l'avenir est plein d'espoir... 

NézaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant