Elijah s'est tiré.
C'était le jour de ses 18 ans. Je ne le pensais pas la première fois que je l'ai vu, mais il est bel et bien plus âgé que moi. On est pas de la même année mais il doit avoir seulement 6 mois de plus.
Il a tenté de passer son bac la semaine dernière mais tout a foiré.
C'était un échec total. Il a vu son rêve s'effondrer, sa fac de psychologie dont il rêvait tant.Ce matin là, en me réveillant j'ai trouvé son lit et son casier vide. Il avait tout emmené et s'était barré ensuite. Il y avait juste un petit mot griffonné à la vas-vite sur un bout de papier, sur son oreiller.
« T'en fais pas trop pour moi, ça ira. J'ai besoin de partir. Je n'oublie pas notre promesse ne t'inquiète pas. Merci pour tout Néza, je ne sais pas ce que j'aurais fait sans toi. Eli. »
Rien que ses quelques petites phrases minables, m'ont données envie de chialer.
Moi, j'avais laissé tomber le lycée il y'a bien longtemps, préférant me battre avec les gars du foyer, fumer, boire et aller jouer du piano et de la batterie à la boutique. Mais une fois que Elijah n'était plus là avec moi, c'était hors de question de rester.
Dans ce nouveau foyer d'urgence les autres mecs passaient leur temps à tabasser Eli et moi au passage. Je m'étais énormément endurci, plus rien ne pouvait m'atteindre. Sauf, son foutu départ de merde...
Mon coeur bat bien trop vite. Je répartis mes maigres affaires à tout vitesse dans un sac à dos et un sac en bandoulière. Des vêtements, de l'argent, des clopes, un album photo, mes partitions dans des classeurs, un peu de bouffe et le mot d'Eli. J'ai plus beaucoup d'affaires personnelles depuis que mon téléphone et mon piano ont fini écrasés contre un mur.
J'enfile un manteau par dessus mon sweat noir éliminé. J'attrape une écharpe et mes deux sacs. Avant de partir définitivement et de me retrouver à la rue pendant une durée indéterminée, je fouille la chambre de mes agresseurs, leur vole un briquet, de l'argent et met feu à leur fringues qui traînent par terre avant de les balancer par la fenêtre, dans la boue.
Je pars en courant et pousse la porte. Je n'y reviendrais jamais. Je m'enfuis sans un regard en arrière.
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Néza
Short StoryJe considère que ma vie est séparée en deux parties, la première avant l'annonce et la deuxième quand tout s'est écroulé. La première est synonyme d'enfance, d'innocence, de piano, de mon amitié avec Aloïs, de la boutique de disque et malheureusemen...