Néza

Solitude et découverte

Ça fait maintenant 3 mois qu'on habite dans ce petit appartement à presque 5h de mon village d'origine. J'ai eu treize ans et aucun changement. À part le fait que papa m'ai obligé à me couper les cheveux très court.

Avec l'argent de la maison vendue papa m'a acheté un synthétiseur. C'est largement plus petit qu'un piano normal et il peut tenir dans notre appart sans prendre trop de place.

C'est un trois pièces aux murs abîmés par l'humidité. Ma chambre à une moquette râpé et déchirée à certains endroits et mes étagères croulent sous les disques et les livres. Celle de mon père n'est pas bien mieux. Seul le salon-cuisine est agréable. On a repris l'abat-jour orange et la nappe à carreaux. Notre canapé qui, avant, me paraissait austère, est maintenant recouvert d'une couverture toute douce dans laquelle j'adore m'enrouler.

Le synthé est poussé dans un coin de la pièce. Je découvre des nouveaux sons, des nouveaux univers. J'ai de plus en plus envie de composer avec des sons différents. J'aurai envie de découvrir d'autres instruments, mais ce n'est pas possible.

Papa cherche encore du boulot et on tient avec les économies de la vente de notre maison. On passe beaucoup plus de temps ensemble. J'aime beaucoup.

Je suis à un collège tout à fait normal, avec des embrouilles, des préjugés, de la violence, et de la pitié.

Les autres personnes de ma classe me regardent comme une bête de foire. Je parle très peu et je mange seul à la cantine. Pour eux je suis un asocial, un autiste, un crétin pour certains.

Tout les soirs en rentrant du collège je passe devant cette boutique qui vend des instruments et donne des cours de musique. Presque à chaque fois je m'arrête pour contempler les piano et les belles affiches.

Ce soir là, j'avais passé une journée un peu longue et pénible. J'avais été le dernier choisi dans en sport en l'équipe de basket et des filles avaient commencé à répandre des rumeurs dans mon dos. Mon ego d'adolescent était blessé. Et Aloïs me manquait terriblement.

Je suis passé devant la boutique et je suis resté bloqué devant l'affiche sur les cours de piano. Il faisait déjà froid et mes mains gelés avaient agrippé la bordure de la vitrine. J'allais partir quand la porte s'est ouverte sur un jeune homme, dans un tintement de carillon.

-Attends ! Tu veux bien entrer cinq minutes ?

J'ai murmuré un petit "oui" et j'ai passé la porte. C'était encore plus beau à l'intérieur. Il faisait chaud et il y avait une belle moquette rouge au sol. L'homme m'a fait signe de m'asseoir sur une chaise libre.

-Comment tu t'appelles ?

-Néza.

-Je te vois souvent devant la boutique. Tu aimerais jouer d'un instrument ?

-J'en joue déjà.

-Ah oui ?

-Oui, du piano.

-Tu en fais depuis longtemps ?

-Depuis que j'ai 5 ans.

Il semblait impressionné.

-Tu pourrais me montrer ?

-Oui, c'est possible.

Il poussa une porte dans le fond de la pièce et dévoila une pièce insonorisé avec tout un tas d'instruments. Dont un joli piano. Il m'invita doucement à m'asseoir sur le tabouret.

Je plaça mes doigts sur le clavier et commença à jouer. J'ai commencé par des morceaux classiques un peu complexes pour finir par enchaîner par des musiques de films assez connu. Je jouais les yeux à moitié fermé pour déguster les sons du piano. Tout ça sans presque aucune pause.

Quand j'eus fini je me retourna vivement. Il me regardais avec un immense sourire.

-Ça te dirais de revenir demain ?