Les néons rouges clignotent par intermitences, rendant l'endroit encore plus glauque qu'il ne l'est déjà. La ruelle est sombre et froide. La façade est noire et les lettres de la devanture sont à moitié effacées. Je triture nerveusement le bout de papier que je tiens dans les mains. J'ai peur d'être déçu une nouvelle fois encore. Mes doigts sont parcourus de tremblements incontrôlables.Je pousse la porte et entre.
L'endroit est sombre et enfumé. Ça sent la clope, la sueur, l'alcool et le renfermé à la fois. L'air est lourd et chaud. C'est désagréable. La porte se renferme sans un bruit derrière moi. Je me sens mal à l'aise.
Des hommes se pressent autour d'un bar noir charbon et d'une jeune femme aux seins nus.
De la musique suivie de cris et de sifflements provient d'une pièce adjacente. Je jette un coup d'oeil. Une scène, des danseuses à moitié nues, en talons hauts, des billets dans leurs sous vêtements et des hommes autour parfois avec un verre dans une main. La musique est trop forte. Je sens quelqu'un me taper sur l'épaule et me retourne vivement.
-Salut. Me lance une fille à la jupe très courte et portant un plateau remplis de boissons. Tu cherches quelque chose ?
-Euh salut. Oui, je cherche quelqu'un. Il s'apelle Elijah. On m'a dit que je pouvais le trouver ici.
Elle me détaille lentement, regarde mes cheveux, mes tatouages qui dépassent légèrement de ma veste.
-Chambre 12, le couloir à droite dans l'entrée. Il t'expliquera pour les tarifs et le règlement.
-...les tarifs?
Elle n'entend pas ma question et tourne les talons. Ses chaussures claquent sur le sol noir. Je prend le couloir de l'entrée. Les portes ont chacune des numéros et je trouve bien vite la 12. Je frappe, aucune réponse. La numéro 10 s'ouvre en face et une fille en long t-shirt gris me dévisage. Elle fume une cigarette à moitié consumée du bout des lèvres.
-C'est pour quoi ?
-Je cherche Elijah.
-Aller y, entrer, je vais vous le chercher.
J'entre dans la pièce. Il y a juste un lit deux places sur un sommier en fer avec des draps jetables, une petite table grise avec une lampe et une porte qui mène à une salle de bain. Il n'y a aucune fenêtres et les murs sont nus. Je m'assois sur le rebord du lit, dos à la porte d'entrée. Cet endroit me fait froid dans le dos. Tout paraît triste et terne.
Mes pensées se perdent tellement à imaginer les choses horribles qui ont pu se produire dans cette pièce que je n'entend pas la porte s'ouvrir. Une pression sur mon épaule me fait sursauter. Je me redresse précipitamment.
Elijah.
Ma voix se bloque dans ma gorge. Après deux années passées à le chercher, je n'arrive pas à y croire. Il n'a pas vraiment changé physiquement mais se sont ses yeux. Ses yeux bleu océans sont ternes. Il n'y a plus aucune lueur, aucun espoir. Cette vision de lui me donne envie de pleurer. Il me regarde en fronçant les sourcils.
-Eli... T-tu ne me reconnais pas ?
Il s'approche doucement de moi. Ses doigts effleurent mes bras incrustés d'encre. Sa voix tremble d'émotions.
-Néza ? C'est vraiment toi ?
Les larmes s'échappent de ses orbes et coulent sur ses joues creusées. Je le prends dans mes bras et le serre fort contre moi. Je sens ses omoplates saillantes sous mes doigts. Il enfoui sa tête dans mon coup. Il aggripe ma veste.
-C-comment s'est possible ? Je pensais que tu m'avais oublié depuis tout ce temps...
-Dit pas n'importe quoi, comment je pourrais t'oublier ? On s'est fait une promesse. J'ai promis de te protéger et j'ai échoué, j'en suis désolé.
-C'est ma faute, pardon... J'ai fais tellement d'erreurs, j'ai gâché ma vie..
Je me retire doucement pour prendre son visage dans mes mains.
-Elijah, qu'est ce qui s'est passé ?
-Tu veux vraiment savoir ?
-Oui.
-Je suis devenu une pute voilà tout.
Il se met à tousser violemment et à se plier en deux. Je me mords les lèvres et lui frotte doucement le dos. Il tousse dans un mouchoir blanc froissé qui se tâche lentement de sang.
-Eli, tu es malade ?
Il ne répond pas et essuie ses joues trempées. Je suis déchiré de l'intérieur de le voir dans cet état déplorable. Je m'accroupis à ses côtés et croise mon petit doigt avec le sien.
-Je te promet de te sortir de là. Tu m'entends ? C'est promis.
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Néza
Krótkie OpowiadaniaJe considère que ma vie est séparée en deux parties, la première avant l'annonce et la deuxième quand tout s'est écroulé. La première est synonyme d'enfance, d'innocence, de piano, de mon amitié avec Aloïs, de la boutique de disque et malheureusemen...