Baston et tatouages

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C'est décidé. Je vais me faire tatouer. Avec l'argent que papa cachait derrière la latte de parquet, "au cas où". J'espère qu'il ne m'en voudra pas.
Je n'ai même pas 18 ans je m'en contrefiche. J'ai même falsifié un papier d'autorisation. De toute façon là où je vais, ils tatoueraient même un enfant, du moment qu'on leur file le pognon.

Le salon de tatouage est complètement pourri, sombre avec ses posters de groupes de métal qui se décollent des murs et à la peinture mal faite. Le tatoueur est un cliché parfait. Piercings à la lèvre et au nez, écarteurs, tatouages sur toute la longueur des bras et sur le visage.

J'ai sur papier, les croquis des dessins que je veux sur mes deux bras. Des motifs, des fresques sans significations mais avec des morceaux de musiques. Des notes, glissées entre les fresques, des morceaux cachés, de mes partitions préférées...

Finalement le tatoueur a regardé mon autorisation juste du coin de l'œil et m'a directement emmené dans une salle, après que je lui ai dit que je voulais les tatouages tout de suite. Il m'a posé les questions de bases auxquelles j'ai répondu assez approximativement, m'a dit les consignes et a commencé son travail. Il a d'abord regardé mes cicatrices bizarrement mais n'a pas hésité quand je lui ai tendu l'argent.

La douleur était largement supportable par rapport à la brûlure infernale de ma stupide maladie.

Ça a duré longtemps. Quand il eu fini, je suis immédiatement rentré au foyer d'urgence, ou on a été déplacé il y avais de cela, une semaine, avec Elijah. On avait fugué à plusieurs reprises, ne supportant plus l'ancien foyer complètement pourri. Manque de chance, on s'était fait grillé et ils avaient donc décidé de nos foutre la dedans, histoire d'être enfin tranquille.

Mes bras étaient cachés dans mon manteau. C'est à peine si les responsables me remarquaient. Comme d'habitude de toute façon.

Je poussa la porte de la chambre dans laquelle on a longuement insisté avec Elijah pour être placé ensemble.

Mon ami est à terre, ses tâches de rousseur recouverte de sang. Un de ses deux yeux bleu est refermé et enflé. Deux garçons le tabasse. L'un le maintient et le bourre de coups de poings. Elijah tremble et s'affaisse comme une poupée de chiffon.

L'autre garçon a laissé mon piano électrique en miette, explosé contre le mur gris. La haine monte et je me jette sur celui qui frappe Elijah.

Je le tire en arrière et lui explose la tête contre les barrots du lit. Il a quand même la temps de me foutre un coup dans la lèvre qui m'arrache un grognement. Une fois à terre je lui donne un coup de pied dans le ventre et dans son entre-jambes. Son copain tente de porter un coup sauf que je l'évite, et bloque ses bras dans son dos. Je le met dehors à coup de pied au cul et lui lance son pote à moitié inconscient dans les bras. Je lui crache à la figure et referme la porte à clé dans un claquement sec.

Je ne prête pas attention à mes piano complètement bousillé et me précipite vers mon colocataire.

-Elijah ! Ils t'ont frappé où ?

-Néza... Comment t'a fais ça ?

-De quoi ?

-Les battre aussi facilement...

-Mais on s'en fout de ça ! T'es blessé abruti.

-Je suis désolé.

-Mais non t'y es absolument pour rien...

NézaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant