Chapitre 23 : Trident et privilège

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Nous nous trouvons tous les dix devant une énorme villa aux nombreux étages. A quelques mètres d'ici trois camions, truffés de soldats de l'état qui seront chargés d'escorter les criminels et de nous seconder en cas de danger, nous attendent sagement. 


Toute l'équipe me suit lorsque j'amorce l'ascension des quelques escaliers qui me mèneront au perron. Nous marchons d'un même pas, comme un seul homme. Tous de noir vêtus nous imposons le respect, comme des guerriers parcourant le champ de bataille. Ma cape rouge flottant au vent j'inspire un bon coup avant de me composer un visage froid, austère, et fière.

Arrivés devant la porte j'y frappe deux coups brefs. Les neufs membres de ma brigade forment un rang ordonné à ma suite alors que la porte s'ouvre en grand sur un homme aux yeux transparents. Il fronce les sourcils et nous dévisage avec agacement, son regard s'arrête alors sur nos broches il grogne :

-Madame l'Inquisitrice. Que nous vaut le plaisir de votre visite ?

J'entends très bien l'hypocrisie et mon ton froid lui fait comprendre qu'il m'indiffère :

-Nous aimerions nous entretenir avec votre reine dans le cadre d'une accusation portée à l'encontre de membres de votre Maison.

Mon interlocuteur semble stupéfait mais il nous fait signe d'entrer dans le hall. Nous nous exécutons et il referme la porte derrière nous avant de s'excuser :

-Je vais prévenir notre Reine de votre venue, veuillez patienter.

Je le regarde s'éloigner puis tourne mon regard vers le hall. Les murs de marbre blanc illuminent l'espace d'un éclat luxueux. Tout semble fais d'opulence et de matières hors de pris. Du chandelier de cristal aux meubles de bois précieux. Même le sol fait de carreaux en pierre noble semble inestimable. L'homme qui nous a ouvert nous fait signe de le suivre en nous expliquant :

-La Reine vous attend, suivez-moi.

Nous traversons une pièce immense où une dizaine de sirènes s'affairent et arrivons finalement dans un endroit au paysage tout autre. Les murs peints de couleurs clairs encadrent un bassin d'eau transparente. Des plantes de toutes les couleurs se balancent au grès du courant et quelques sirènes barbotent parmi les nombreux poissons .

J'ai toujours détesté les poissons.

Une femme vêtu seulement d'un peignoir de soie qui traine sur le sol s'avance vers nous avec arrogance. Sa peau translucide laisse deviner les  sillons de ses veines. Des gouttes d'eau coulent sur son cou et son visage alors qu'elle ajuste son peignoir . Sa longue chevelure blonde platine est ramenée en arrière par le poids de l'eau et frôle presque le sol. Ses sourcils clairs surplombent des paupières creuses et des yeux verts d'une pureté incroyable. Son nez droit et fin, les légères rides qui ornent son visage, sa bouche généreuse à la teinte d'une pèche, tout son visage semble irréel. 

Cette femme magnifique passe une main dans ses cheveux en nous scrutant sans gêne. Une sirène arrive presque en courant et se courbe face à elle avant de lui tendre un trident qui, je l'ai appris en lisant le dossier préparé par Irel, est le symbole de la royauté chez les sirènes.  Le trident d'argent massif attire directement mon regard. Des runes son gravés sur tout son manges et ses dents sont incrustés de gemmes de différentes couleurs.

-Inquisitrice, je suis ravie de faire enfin votre connaissance, même si la raison est bien déplorable.

Elle incline légèrement la tête en ne me quittant pas des yeux et se tourne vers mes compagnons:

-Bienvenue à vous aussi, camarades. 

Son regard scrute la banshee est ironie et elle prend ensuite un air digne :

Âme sœur née du malheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant