Parfaite, pour lui...

Chapitre 1

---- Mina

Les médecins semblent assez perplexes. Le nouveau directeur leurs convient, je crois, mais les commérages fusent sur sa crédibilité. Certains pensent qu'il ne mérite pas sa place, étant trop jeune, il ne saurait pas gérer l'hôpital. D'autres vantent ses qualités, souvent ce sont des femmes charmées par le regard perçant du dirlo... moi, tant que j'ai mon salaire, ça me va, surtout que je n'ai pas encore eu l'occasion de le croiser.

Être la secrétaire du service de gynécologie ne fait pas de nous une priorité pour les présentations officieuses. Les médecins ont eu droit à une soirée de rencontre, les infirmières également, et nous, secrétaires, nous ne sommes pas assez... médicale, pour monsieur. Prendre les rendez-vous, renoter, gérer les annulations, supporter les patientes presque à terme qui se plaignent du retard constant du docteur, ça on peut faire, mais rencontrer le grand boss, non !

Ridicule.

Je m'en fiche après tout, d'ici peu de temps, un autre prendra sa place. Voilà deux années de loyaux services, et trois directeurs sont déjà passés par le grand poste, donc, non, je ne vais pas me plaindre parce que celui-ci est beau, selon les critères féminins évidemment, ou parce qu'il semble entreprenant, selon les dires des hommes.

- Marie organise une sortie, ce samedi, tu es partante ?

- Evidemment, pourquoi ? Demandé-je à ma collègue, elle rougit un peu, regarde ailleurs et je me retiens de sourire un peu plus. Je pense qu'elle a invité Carl, Matt, et Simon, chez les infirmiers, terminé-je en jouant des sourcils.

- Ah bon ? Feint elle l'ignorance, je plisse les yeux.

- Jo, tu devrais arrêter ce petit jeu du « je t'aime, moi non-plus ». À notre époque, une femme ne devrait pas attendre d'être courtiser, non, au 21ème siècle, les nanas savent ce qu'elles veulent, et font ce qu'il faut pour l'avoir !

- Je sais, mais... J'ai peur de tout gâcher, marmonne-t-elle alors que son téléphone sonne.

- Justement, assuré-je, si tu oses, et que ça tourne mal, ça voudra tout simplement dire qu'il n'est pas fait pour toi, et le destin placera sur ton chemin un homme digne de toi et de la folie qui t'anime ...

- Comme c'est spirituel, me taquine Joséphine, puis relève le combiné. Service gynécologie, que puis-je faire pour vous aider ?

La conversation est close, je n'insiste donc pas et reprends mes activités.

C'est fou comme les femmes peuvent se montrer stupide quand il s'agit d'amour. Il y a beau avoir toute sorte d'enseigne « danger », de signes du destin nous hurlant que ce chemin est mauvais, des sentiments, émotions, ressentit par notre instinct ... Pourtant, nous, les femmes, nous continuons à avancer, sourire Béa sur le visage, et quand la chute arrive... que l'impact avec la réalité nous coupe le souffle... C'est la faute de l'univers.

Ça m'est déjà arrivée, et j'ai eu tellement mal, qu'il m'a fallu des semaines pour me relever... Je ne souhaite cette douleur à personne. Quitte à ne plus jamais aimer vraiment. Je parle de cet amour qui nous rend aveugle au point de ne pas voir ce qui se passe autour de nous. Tout est beau, tout est rose... même si ça ne l'est pas... Je parle de cet amour qui nous comprime le cœur, resserre notre estomac, déliquescent nos jambes, et tout ça dans la joie et la bonne humeur !

Je vais certainement finir vieille fille, mais j'ai des raisons valables !

Primo, les relations ont toutes le même parcourt. Il y a les étincelles des premiers jours, les flammes des exordes, tout nous semble beau, unique, lumineux et chaud... alors, on ose passer le cap, et s'unir vraiment, que ce soit psychologiquement, ou spirituellement... Et là, l'être aimé nous devient acquis, prêt à tout pour l'autre, et la saveur change, les quotidiens s'enchaînent, l'amour est là, mais différent... Et puis, une tierce personne arrive, les étincelles reviennent, raniment la flamme, et l'infidélité subvient parce que... Tous les hommes (et femmes) sont pareils.