Parfaite, pour lui...

Chapitre 3

Il est inhumain de commencer aussi tôt, six-heure trente, les secrétaires ne sont pas encore là, et moi, je dois me coltiner l'allumage des ordinateurs, la préparation de la salle de repose, et le rangement des dossiers prioritaires. Evidemment, l'hôpital est constamment animé, je remarque que les urgentistes sont épuisés, la nuit à été longue à ce que je vois.

Je salue les infirmières qui partent, celles qui arrivent, bientôt, les premières femmes enceintes arriveront, et je pense qu'il y en a deux qui devront rester sur monitoring durant une heure. Joséphine arrivera dans une heure, cette semaine, c'est à moi de tout gérer, mais la prochaine, je ne me priverais pas, et je viendrais cinq minutes avant l'heure, comme les autres.

Je remarque les dossiers non rangés sur le bureau, je peste contre ma collègue, elle aurait pu les amener au moins deux, ces femmes ont accouchée il y a dix jours. Sur son pc, je note qu'elle a classé les accouchements, la paresseuse, elle savait que je le ferais. Tout est prêt, ici, je prends les documents et sors de la pièce pour les descendre en fredonnant.

Au moins deux, je cherche les dossiers du gynécologue, classe par ordre alphabétique les derniers accouchements, et lorsque je sors de là, tout mon sang se glace lorsqu'un étrange bruit se fait entendre. Je relativise. Le surnaturel n'existe pas, ce n'est donc pas un fantôme. Ensuite, il est peu probable que ce soit un assassin, parce que le sous-sol est vraiment le dernier endroit pour trouver une victime... Il y a le parking pour ça...

Un autre bruit survient, étrange, comme un craquement, un gémissement, je me relaxe, quelqu'un s'envoi en l'air ? Je devrais m'en aller, mais savoir qui s'est alimentera les ragots des semaines à venir ! Et oui, je suis une pipelette. Lentement, je me dirige vers le fond du couloir... Je vois une silhouette... mon sourire s'estompe parce qu'il est seul, et son pantalon toujours ou il faut, il ne joue donc pas tout seul...

Quand il me fait face, la peur contracte douloureusement mon ventre, bloque ma respiration, un froid s'éparpille dans ma poitrine, je suis incapable de bouger... Lui ? Le directeur... Il a du sang autour de la bouche, son teint est presque bleuté, et ses yeux... Ses yeux trop sombres pour être normaux. Il tient une poche de sang entre les mains, et lorsque j'arrive à faire un mouvement de recul, je me retrouve emprisonné entre son corps et le mur... Comment est-ce possible ? Quand ? Je n'ai rien vu...

L'odeur du sang sur sa bouche me retourne l'estomac, je voudrais inspirer par la bouche mais un arrière-goût métallique persiste, et me donne envie de vomir. Je suis bouche bée quand j'aperçois de longues dents, si pointue, sanglante, des tas d'images me viennent en tête... peu probable... impossible. Quand j'ose le regarder dans les yeux, il se passe une chose étrange...

Je suis aspirée par les ténèbres. Je suis là, sans être là. Je ne ressens plus grand-chose, il n'y a que le son de ma propre voix dans ma tête, qui me hurle de m'enfuir, je suis en danger, c'est un prédateur, c'est le mal, et... si je reste, je mourrais... malheureusement, mon corps me donne l'impression de flotter, je ne sens plus rien. Ni mes bras, ni mes jambes, ni ma tête, les battements frénétiques de mon cœur retenti dans mes tempes, étrangement, ils se calment malgré la situation.

- Tu vas prendre l'ascenseur pour monter dans mon bureau, dit-il d'une voix grave, non, grasse, non... démoniaque, et hypnotique. Si tu croises quelqu'un tu souriras, tu agiras comme à ton habitude, mais dans le cas contraire, tu ne diras pas un mot... Va maintenant.

Son corps me libère, je respire enfin, je vais pouvoir fuir. Mon cœur se remet à cogner trop fort dans ma cage thoracique, je vais partir d'ici, sortir de cet hôpital et ne plus jamais y remettre les pieds. Il boit du sang ! il a des dents pointus... pas comme dans les films, non, il y en avait quatre. Il buvait du sang, merde ! il a vidé la pochette, et il y en a d'autre dans un coin par terre... Du sang...