Chapitre 17

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Lorsqu'il s'approche un peu de moi, moqueur cette fois, je retiens mon souffle. Se rend-il compte combien il me blesse en cet instant ? Se rend-il compte qu'il me compare à une autre, qu'il m'aime pour celle qu'il voit en moi. J'ai tellement mal que le souffle me manque, complètement figée par la situation, je dois partir, là, j'en ai envie...

- Emina, Amina, Mina, tu comprends la similitude ? Demande-t-il, je suis perplexe, mais le chagrin m'empêche de répondre. Chaque siècle, tu reviens au monde... Parfaite pour moi. Veux-tu que je te site chaque nom que tu as possédé ?

- Je ne suis pas elles... Je suis...

Je bafouille, la voix brisée par les émotions, et Cole remarque enfin mon état. Il écarquille les yeux, j'ai l'impression qu'il ignore s'il doit rire ou pleurer face à mes mots. Pour qui se prend-il ? Je me sens lamentable à souffrir de la sorte alors que lui...

- Je pense qu'il y a un malentendu, Mina, se reprend-il, soudain compatissant. Laisse-moi plutôt te raconter comment tout ça a commencé... Les premiers siècles, j'étais incontrôlable, Zeia à dû m'enfermer plusieurs fois pour ma propre sécurité, elle ne comprenait pas la folie qui m'animait... J'avais tellement honte que... Je n'en ai jamais parlé, mais c'est nécessaire maintenant. Je te préviens, Mina, j'ai fait des choses...

- Je suis prête à tout entendre, Cole... tant que c'est la vérité, affirmé-je d'une voix que je ne reconnais pas. Il sourit tristement, ne semble pas me croire, mais se lance quand même.

- Je t'ai dit que ton sang était parfait pour moi, il crée des choses étonnantes en moi, il me rend vivant, humain, malheureusement, pour l'avoir, je suis prêt à devenir le pire des monstres. Le dire comme ça semble impossible et pourtant... Imagine ce que c'est. Sentir son corps, sans pourtant en éprouver les sens. Avoir constamment faim, tellement faim, ou soif, je ne sais pas t'expliquer, mais la douleur est telle que j'ai l'impression que mon estomac est collé à ma colonne vertébrale, qu'il se dessèche, se tord. Ce mal se répand dans mes membres, me émotions, me rend frustré et en colère... Je devais me nourrir, peu importe de ma manière, peu importe si je fais du mal à mon prochain... tant que moi je ne souffre plus.

- Continue, soufflé-je alors que Cole tente de savoir ce que je pense.

- Le sang calme la souffrance, malheureusement, ce n'est que pour un moment. Conscient que mes victimes étaient... humaines... Qu'elles avaient une famille, des amis, qu'ils étaient fils, frère, sœur, mère, enfant ou parents, j'ai commencé à apprendre la contrainte pour faire le moins de mal possible, malheureusement, il fallait également que j'apprenne à connaître la limite... Celle qui laisse un brin de vie dans ce corps blessé... Alors que je commençais à savoir... J'ai rencontré ma première perfection.

- Amina ? Dis-je dans un des rares souffle dont je dispose, Cole sourit amèrement.

- Non... Je... Mina, j'ai perdu le contrôle, je... Cole bafouille, il regarde ailleurs, un peu affolé.

- Cole, ne sois pas aussi anxieux... Je suis prêt à tout entendre, le rassuré-je, il passe sa main sur son visage, sans me croire, et se lance.

- La douleur constante ressenti durant presque trois siècles commençait à devenir supportable, Mina, j'apprenais à ne plus tuer, je vivais comme les hommes... Et un jour, une odeur différente survolait les airs, elle m'a tout de suite interpelé, et cette faim gardée sous contrôle à explosé en un clin d'œil. Je n'avais qu'une chose en tête, trouver la source et... me nourrir. Explique-t-il d'une voix pleine de regret, je commence à comprendre. Zeia vivait loin, elle pensait que j'y arriverais tout seul... Elle s'est trompée.

Parfaite, pour lui...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant