Chapitre 23

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Je fulmine, seule dans ma chambre depuis des heures, la nuit est tombée et Cole n'est pas revenu me voir, j'ignore même s'il est dans la maison, parce qu'il a juste couru vers les bois qui entourent la demeure, il semblait affolé... Je le suis également. Comment pensait-il que je réagirais ? Il a voulu me mettre devant le fait accompli ? J'ai un arrière-gout de trahison... C'est horrible.

Alors, seule, je réfléchi à ce qu'il veut. Le lien que nous avons me pousse à sourire en imaginant le reste de... nos vies... Côte à côté. Heureux. Ensemble. Mais la réalité est toute autre, comme si la voix de la raison avait pris l'apparence de deux femmes d'avant, aimée, tout comme je le suis, non... non, il les désirait seulement.

Et elles me hantent pour ça. Elle me hante parce que Anoha à tourné la page et me clame un amour éternel. Il les a oubliés... tout comme il m'oubliera. C'est ce qu'elles me disent. Je suis terrifié parce que je les crois. Cole a peur d'être seul, il l'a toujours été, et ferait n'importe quoi pour échapper à cette solitude...

N'importe quoi... il l'a déjà fait.

Toutes ses conneries sur la vie éternel me reviennent en tête. Dans les films, chacun cherche le Saint Graal. La jeunesse éternelle... D'après Anoha, vivre aussi longtemps, est une longue agonie, un mal qui ne peut espérer trouver le repos, il est constant... Immortel.

J'imagine combien il a dû se sentir seul, abandonné. À chaque fois qu'il s'est attaché à quelqu'un, il était voué à le regarder vieillir, tomber malade, mourir, s'éteindre devant lui. Pire encore, sa constante jeunesse a causé de nombreuses fuites, des questions auxquelles il ne pouvait répondre et quand il le faisait...

Il n'éveillait que la peur.

Nous savons combien la peur peut faire faire à l'homme des choses ... aussi monstrueuses que le monstre qu'ils voient en Anoha. Il a dû fuir, il a souvent perdu la tête, il à supporter tant de chose pour une poignée d'amour...

Ce sera différent, me soufflé-je. Nous serons tous les deux.

Pourrais-je, si son truc marche, voir mes parents vieillir, mourir, ma sœur, ses enfants, Joséphine... Je devrais partir pour sauvegarder les apparences. Je devrais changer d'identité. Je devrais m'en aller, à chaque décennie, pour ne pas éveiller les soupçons, les peurs... Pour ne pas être chassée.

Mais je serais avec lui... Si ça marche... si je ne deviens pas... Sans âme.

- Il te l'a dit, dit Zeia en entrant dans ma chambre, je ne relève pas les yeux, me contente de hocher la tête. J'ai pensé qu'il ne trouverait jamais le courage, je détestais te savoir dans l'ignorance... Je peux venir te rejoindre ? Demande-t-elle timidement.

- Bien sûr, Zeia, je souffle d'une voix éteinte.

Quand elle prend place sur le lit, elle pose timidement sa main sur la mienne, grimace sous mes ressentis, son don est vraiment spécial. J'ignore si elle peut entendre mes pensées, je ne crois pas que ce soit possible, elle doit ressentir les ondes produites par le corps... les positifs, ou négatif, et interprète comme elle peut... comme elle le ressent elle.

- Il ne peut pas me faire ça, Zeia, dis-je le regard perdu dans le vague, si c'était possible...

- Je l'aurais fait, termine-t-elle et mon cœur se resserre douloureusement de désespoir. Seulement, nous ne sommes pas pareil, Mina, moi... je me contente de ce que j'ai, alors que lui... Anoha veut toujours tenter le tout pour le tout.

- Il ne veut pas être seul, renchéris-je abattue.

- Personne ne le veut, me rappelle-t-elle et je trouve son regard.

Parfaite, pour lui...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant