Parfaite, pour lui...

Chapitre 28 - Lui

Elle s'est enfin calmée, quel soulagement... Mais de courte durée, malheureusement.

Un sourire étend mes lèvres alors que les siennes miment mon prénom... le véritable. Elle me cherche dans les ténèbres de ses songes, elle me voit, j'en suis certain, mais refuse de croire en mes mots. Je n'arrêterais pas de lui susurrer des mots doux, de l'encourager, de la soutenir dans cette épreuve si difficile.

Elle l'a fait.

Pour moi...

Quand l'aiguille à percée ma peau, la désolation m'a envahi. Elle préférait me blesser que de me suivre dans la vie éternelle. Elle avait peur... Elle m'a même détesté lorsqu'elle a compris... bien avant moi. Zeia m'a manipulée avec tant d'aisance que je me sens stupide. Comment se fait-il que je n'aie jamais chercher à la pousser dans les extrémités auxquelles j'ai eu droit ? Elle aurait également perdu ses êtres si chers à son cœur... Son cœur ? Peut-être que la différence est là, Zeia n'en avait plus.

Le poison l'a détruit.

Moi, j'ai perdu mon âme...

Et Marcus... sa tête.

Je dois aller le voir, je dois retourner auprès de mon frère et implorer son pardon. Pour le calmer, j'ai dû le délabrer, l'étendre dans les quatre coins de la terre car sa chair cherchait à se régénérer. Zeia à pensé à son cœur, il a bu si peu de sang qu'il est possible que le remède y soit encore... elle ne s'est pas trompée cette fois... elle l'a cherché, l'a rassemblé, et comme si le temps n'avait aucun effet, sa peau séchée s'est resoudée, laissant une masse de chair désseché.

Je comprends désormais que Zeia l'avait sournoisement condamné, et je l'ai aveuglément suivi. J'ai cru en ma cadette, elle a poussé notre frère à bout, et avec ce poison, il n'en fallait pas beaucoup... Je me remémore la scène comme si c'était hier, et je regrette tellement de ne pas avoir vu et entendu les détails.

Le soleil me brûle la rétine, je sens sa chaleur plus que la normale. Je vois le ciel, et malgré la lumière du jour, je peux percevoir les étoiles au loin. L'air emporte des odeurs, un mélange parfois exquis, et d'autre horrible, une puanteur nauséabonde, comme si chacun portait le parfum de son âme.

Je me demande si mon frère et ma sœur le sente...

Zeia à tellement changée, j'imagine que ce que nous avons fait l'a énormément marqué. Et Marcus... Marcus se rend malade par culpabilité. Il refuse de se nourrir, il sait pourtant que ça n'éveille que la colère, l'incontrôlé, nous devenons menaçants pour nous-même... Il pourrait s'en prendre à moi, ou à notre sœur sans le vouloir et là, sa culpabilité sera sans fin.

Il ne reste que nous...

Les années passent, nous avons fui le carnage que Marcus à laissé chez nous, parce qu'il l'a perdu, elle. Celle qu'il voulait épouser. Celle qui a eu peur. Il ne va pas bien, et j'ai peur de ce qu'il devient. Nous devons pourtant nous soutenir... Nous avons changé, et personne ne peut nous comprendre.

- Anoha, il faut qu'on soit prudent, qu'on le nourrisse de force. Dit Zeia en me rejoignant sur la terrasse.

- Nous ne pouvons pas le forcer, Zei...

- Il est faible, et grincheux, il me fait peur, je... s'il continue ainsi, je m'en irais, Anoha...

- Pour aller où ? Je grogne en lui faisant enfin face. Tu veux nous laisser ? Nous abandonner ? Tu ignores tout du monde, Zeia...