Chapitre 18

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Indignée, je m'apprête à l'engueuler, mais, la peine présente dans tous son être me calme sans attendre. Il a essayé, et ... ça n'a pas marché puisque je suis là, moi. Cole est prêt à tout pour ne plus être seul, ce que je considère comme de l'égoïsme est pour lui un besoin vital... Cole se passe la main dans les cheveux, il devient nerveux, j'imagine que ça s'est vraiment mal passé.

- J'ai essayé de reproduire la mixture, j'avais tout ce qu'il faut ou presque, j'ignorais que les plantes ne sont plus ce qu'elles étaient, et la ressemblance ne vaut rien. Explique-t-il la voix enroué par les remords. Je l'avais pour moi, elle était en vie et me rendait heureux... J'aurais dû me contenter de ça... Malheureusement, j'avais tellement peur que ce rêve prenne fin que j'ai... je lui aie donné le breuvage, Emina à plutôt bien réagit les deux premiers jours... j'ai pensé qu'elle...j'ai cru que ça avait marché, mais... son odeur devenait différente, nauséabond, j'ai paniqué et je lui ai parlé...

- Cole, elle mourrait, comprends-je tristement, il hoche la tête en grimaçant.

- Pas seulement... Elle était horrifiée, elle avait peur de moi, je la répugnais, Mina, alors... Blessé dans mon amour propre, dit-il amèrement, je l'ai regardé pleurer des larmes de sang, j'ai observé sa peau s'assécher, pourrir devant moi, j'ai reculé quand elle m'a tendu la main et je l'ai laissé mourir dans d'atroces souffrances... réclamant son mari et ses enfants dans son dernier souffle.

Perplexe, j'ignore comment réagir à cette révélation. C'est inhumain de réagir de la sorte, mais paradoxalement, Cole me fait de la peine. Il avait fondé tant d'espoir en cette femme qu'il a oublié que les hommes changent d'avis sans raisons... ou presque. Je m'apprête à lui demander de poursuivre mais il se met à parler tout seul, et me brise le cœur tant il a l'air désespéré.

- Je regrette tellement, geint-il, je l'ai pris dans mes bras, je lui ai demandé pardon durant quatre jours, Zeia a dû me briser la nuque pour me sortir de cette chambre. J'avais non seulement échoué, perdu ma perfection si rare et si importante, j'ai également été le monstre égoïste que je dis ne pas être...

N'y tenant plus, je me lève pour prendre place sur l'accoudoir afin de tirer Cole contre ma poitrine. Je ne devrais pas, ce qu'il a fait est horrible, mais... j'imagine que le lien me pousse à lui pardonner, à la plaindre, à l'aimer malgré tout... Le lien, et... moi. Son bras m'enlace, il se reprend doucement, sa honte le quitte et son regard voilé redeviens azuré.

- J'ai passé tout mon temps à revoir ce qui n'allait pas. J'était anéanti, et je jalousais que ma sœur puisse se contrôler au point de passer un petit bout de vie en compagnie de sa propre perfection. J'ai cherché... cherché... C'était une sombre partie de ma vie, le désespoir m'avait gagné, je me suis laissé enfermé, encore, et... Monstre ! Gronde-t-il en resserrant son étreinte. Petit connard de merde... Enfant de pute... Merde, il est encore vivant ? Putain, c'est impossible... Brulez-le ! Brulez cette merde...

- Oh mon Dieu, Cole...

La voilà la raison de son horreur pour les gros-mots. Combien de temps est-ce que cet enfer a duré ? Je tente de le rassurer de mon mieux, son expression me déchire le cœur, il regarde le vide, perdu dans ses pensées, il revit encore ces horreurs, et je m'en veux de lui infliger ça. Quand il tourne la tête vers moi, se niche contre ma poitrine, et inspire, un délicieux frisson se propage sur tout mon corps.

- Ca a duré longtemps... tellement longtemps, poursuit-il, Zeia n'est pas venue m'aider, elle dépérissait dans son coin car sa propre perfection s'en allait.

Parfaite, pour lui...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant