Parfaite, pour lui...

Chapitre 6

Je ne sais pas comment nous nous sommes retrouvés sur le divan, silencieux, chacun perdu dans ses pensées. Enfin, lui pense, moi, j'imagine ces horribles choses pointues, qu'il a aimablement comparé à des bistouris, trouer ma peau fragile pour me saigner à blanc. Cependant, une petite voix, en moi, me dit qu'il fait des efforts... Je pourrais rester ici. Chez moi.

- Je ne veux pas m'en aller, dis-je au bout d'un moment, ma famille est ici, mes amis aussi, mon travaille... toute ma vie...

- D'où ma proposition, Mina.

- Tu as dit devoir partir pour changer d'identité... Quand Cole Merkens mourra, je pourrais reprendre ma vie tel qu'elle était ?

- Absolument...

- Combien de temps est-ce que cela prendra ?

- Une petite dizaine d'années.

- Ton truc... ça consiste en quoi ?

- Bon sang, je vais le regretter, grommelle-t-il nerveusement. Tu es sûr vouloir rester ici ? Je te donnerais de l'argent, et tout ce que tu demandes...

- Je veux rester ici, réponds-je catégorique.

- Bien... Mon truc, comme tu dis, consiste à prendre un peu de ton sang, affaiblir tes défenses pour que ma contrainte dure... aussi longtemps que je me nourrirais de toi.

- Aussi longtemps, répété-je abattue.

Cole m'ignore, comme si j'en faisais trop, et ça m'énerve, cela dit, je suis loin d'être en position de force. J'ai vu son visage, à l'hôpital, ses yeux injectés de sang, il n'y avait plus rien de ce bleu étrange. Est-ce que la couleur à quelque chose à voir avec son état ? Je me rappelle qu'il m'a collé au mur à une telle vitesse, que fuir m'est impossible. Je m'imagine essayer de courir, je serais bien ridicule comparé à lui... Et puis, ses dents...

- Il va falloir que tu m'aides pour la première fois, je... je ne l'ai pas fait depuis longtemps...

- Oh, putain, juré-je en revenant au présent, alors qu'il me foudroie du regard.

- Ton langage ! Claque-t-il. Que crois-tu ? Que c'est plus facile pour toi que pour moi ? Je ne voulais plus, bonté divine ! Je ne voulais plus me nourrir à la source parce que ça éveille en moi... le monstre.

- Bordel de merde... soufflé-je et un sifflement fait vibrer sa poitrine. Je vais souffrir et je dois rester polie ? M'agacé-je, Cole lève les yeux au plafond.

- Tu surréagis ! Tu ne sentiras mes dents que la première fois, ensuite, je pourrais faire en sorte que tu ne ressentes rien...

- Je peux ne pas avoir mal ?

- Je ferais en sorte...

- Pourquoi ne pas avoir commencé par-là ! Couiné-je comme si j'avais trouvé mon salut.

Je me lève d'un bond, m'imaginant rentrer chez moi tout de suite après ce mini massacre, et deux semaines de congé m'attendent. Je me vois revenir et tendre le bras, ce sera comme donner son sang, en mieux, puisque je ne sentirais pas l'aiguille. Remontant ma manche, je tends le poignet, imaginant qu'il se servira là, mais Cole fronce les sourcils, mal à l'aise, il gigote, se racle la gorge et regarde ailleurs.

- Je pense que partir serait la meilleure chose à faire, Mina, il n'y a pas de retour en arrière... Tu ne veux pas connaître les conditions ?

- Conditions ? Répété-je en baissant le bras.