Cela m'emportera...

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Je sonnais le branle bas de combat à 10h pétante. Le bus nous conduisit jusqu'a la Dune du Pilat, un très grande dune de sable située sur le littoral du bassin d'Arcachon. Cet emplacement était très touristique et je comptais y rester jusqu'au soir. De ce fait, on pourrait s'amuser et profiter du couché de soleil. Ils étaient tous contents. Surtout Logan qui courait partout, s'enfonçant les pieds dans le sable. Ses chaussures en étaient remplies. Ainsi, toute la journée, les garçons s'amusèrent à courir, à faire des allers-retours entre la mer et le haut de la dune. Moi et Christina nous occupions par des discussions animées sur les concerts et le groupe. A la fin de la journée, le soleil se réfléchissait dans l'eau claire du bassin d'Arcachon. Le bleu se mélangeait au rouge-or du ciel et créait une atmosphère parfaitement incroyable. La nuit prenait place et je commençais à descendre la dune pour aller rejoindre le bus. Le vent se levait et mon champ de vision était réduit. Je trébuchais sur une racine d'un arbre -ou sur quelque chose de long et dur en tout cas- et je me mis à dévaler la pente. J'eus le réflexe de rentrer ma tête, retenir ma respiration, fermer mon nez et ma bouche. Lorsque je ne bougeais plus, lorsque j'étais en bas de la dune, je ne parvenais pas à relever ma tête. Je m'étais bloquée la nuque et une douleur semblable à une décharge électrique me parcourait la colonne vertébrale. Je n'osais pas bouger, je n'essayais même pas et je restais en bas de la pente. Je ne parlais pas non plus, on n'aurai pas entendu et je commençais à avoir besoin d'air frais. J'entendis Daniel crier. Il descendit rapidement et se mit à côté de moi. Les autres descendirent et se mirent autour de moi. Je ne savais toujours pas comment leur dire ce que j'avais. Je murmurais.

Finalement, Logan me débloqua le cou et je parvins à me redresser, comme si ne rien c'était passé. Nous reprenions le chemin du palace. Dans le bus, Daniel s'était allongé sur son lit et j'étais appuyée contre son torse, le visage vers le ciel, discutant avec Jack de l'origine de sa coupe de cheveux. Daniel était soucieux de l'état de mon dos et n'arrêtait pas de vouloir me le masser. Je n'avais plus mal et il ne le comprenait pas tellement il s'inquiétait. Au début c'était mignon mais je commençais à m'inquiéter moi pour lui. Je lui demandais une fois puis deux puis trois et il s'arrêta, passant ses bras autour de moi. Nous étions tous fatigués et nous savions que le réveil du lendemain en serait d'autant plus difficile.

11h du matin, au centre Bordeaux-Floirac, les répétitions commençaient. Tout se déroulait comme prévu jusqu'à ce que Daniel réalise que les cordes de sa guitare s'étaient cassées pendant le trajet en car. Nous n'avions pas de temps à perdre que je sautais dans un bus de ville, accompagnée par Jonah. Je pris les choses en main. J'avais repérée un magasin de musique et j'espérais qu'ils auraient la référence de Daniel.

-Tu te sens bien Justine ?

-Oui oui très bien... dis je accélérant le pas.

-Tu ne sais pas mentir...

-Je sais...

-Alors pourquoi tu essayes ? Maintenant, arrête toi 30secondes et dis moi ce qui ne va pas.

-Je ne sais pas... J'ai une migraine je suppose. Je suis juste un peu stressée, j'ai l'impression que le monde m'en veut et que quelque chose va m'arriver. Donc je m'inquiète pour Daniel, s'il m'arrive quoi que ce soit d'autre il ne se relèvera pas cette fois, surtout si je ne le fais pas moi... Je me confiais à lui. J'avais confiance en lui et je savais que quoi qu'il se passe il serait là et pour moi et pour Daniel

Il ne dit rien. Il se contenta de me prendre dans ses bras et de reprendre la route jusqu'au magasin. Cela me faisait du bien de lâcher prise, de dire ce que j'avais sur le coeur.

Nous arrivâmes au magasin et récupérâmes les cordes pour Daniel. Dans le bus, sur le chemin du retour, il n'y avait personne. Nous étions seul avec le conducteur et de ce fait je continuais de me confier.

-Tu sais, Jonah, j'ai peur. J'ai peur de ce qui pourrait m'arriver. De ce qui se passerait si un jour, je ne me réveillais pas.

-Pourquoi tout ça maintenant Justine ? Je pensais que tu étais heureuse, tout va bien dans ton couple et dans ta vie à part peut-être la santé mais qui s'améliore. Alors, pourquoi ne crache tu pas le morceau ? Me demanda Jonah.

-Je...je...je ne sais pas. Je sens quelque chose, parfois... Quand j'écoute les battements du coeur de Daniel, ceux du tien. Puis que j'écoute les miens, quelque chose ne me semble pas normal. Je ressens une sorte de masse dans ma poitrine qui m'alourdit de jour en jour... Je ne pense pas que je survivrais... Je suis terrorisée... Je paniquai, littéralement. Je ne savais pas quoi faire et machinalement, je serrais l'enveloppe contenant les cordes.

Jonah me suppliai de me calmer, il me prit contre son buste et je laissais mes inquiétudes glisser le long de mes joues.

Nous arrivions au lieu du concert.

-Justine, attends. Calme toi, prends une bouffée d'air et après va voir Daniel, dis lui. Il a le droit de savoir. Me conseilla Jonah avant d'arriver au niveau des garçons.

Je répondis par un mouvement de tête et alla voir Daniel. Jonah avait raison, c'était mon petit-ami et il méritait de connaître mes inquiétudes. J'allais vers lui et je lui donnais ses cordes.

-Waouh... dis donc Justine, tu étais en colère ? Me dit-il amusé... Pourquoi tes yeux sont si rouges? Tu es sûre que tout va bien? Me dit-il, essuyant une dernière lame au coin de mon oeil irrité.

Je pris les cordes, les posai puis pris sa main et l'entrainait dans les loges. J'avais ce besoin d'être seule avec lui... sans tout le monde autour... Ils étaient tous sur scène, à s'amuser mais cette atmosphère m'étouffait... Ils nous observaient partir et se questionnaient ...

-Ils vont nous faire un petit Seavey ? Dit Logan sur le ton de la plaisanterie.

-Non... Justine est à cran, elle est très inquiète sur certains points et je lui ai conseillais d'en parler à Daniel... répondit Jonah. Il utilisa les mots justes, sans trop en dire.

Je continuais d'avancer dans le couloir et enfin, entrais dans la loge.

-Daniel... commençais-je d'une voix monotone.

-Qu'est-ce qu'il y a ma princesse ?

-J'ai peur. J'ai l'impression que dans un futur proche, tu seras éveillé et moi non. Je serais aussi pâle que la mort, je serais aussi froide que la mort...

-Mais tu m'expliques la raison première de ces idées noires?

-Dans ma poitrine... il y a... quelque chose que je ne peux identifier. C'est lourd. Cela augmente, de jour en jour, et elle m'emportera loin de toi. Alors j'ai peur. Pour moi, mais pour toi aussi. Je te connais Daniel, et je n'ose pas imaginer ce que tu serais capable de faire si je ne devais plus ouvrir les yeux. Mes paroles me troublaient à un tel point que mes sanglots se transformaient en « torrents ». Mon T-shirt était trempé.

Je perdais mes moyens au fur et à mesure que je voyais l'expression de mon homme évoluer. Il me serra dans ses bras comme il ne l'avait jamais fait auparavant.

-Rien ne pourra jamais te séparer de moi. Dit-il...

Il continuai de me tenir mais je sentais que j'allais tout lâcher. Je ne pouvais plus tenir, mes membres étaient trop fatigués et Daniel m'assit lentement sur l'unique chaise de la pièce. Il m'enleva mon t-shirt et m'observa. Une légère trace violacée était au milieu de ma poitrine et Daniel l'effleura du bout de ses doigts. Il me fit enfiler un de ses grands pulls de scène et me porta. Il me rassit avec un tendre baiser devant tout le monde. Daniel installa une sorte de canapé sur le côté de la scène et je réussis à l'atteindre. Je ne bougeais pas, mes jambes étaient du coton et mes muscles des miettes de pain. Une fois le concert terminé, Logan me souleva et me conduisis à la couchette de Daniel dans le bus. Nous prenions la route pour un endroit dont je ne leur avais pas parlé...

Ma maladie d'amour//d.svyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant