Ma maladie d'amour//d.svy

Deux bancs, un arbre, une falaise.

Je passais mes examens avec brio et rentrais, un mois plus tard à L.A.

Les garçons m'attendaient à l'aéroport, et je sautais dans les bras de Dani. J'avais beau être fatiguée, le fait de le revoir me procurait une impression de vitalité qui fut courte. Je dormais dans la voiture. Le sommeil m'avait emporté jusque dans les bras de Morphée, ou plutôt, dans les bras de Daniel.

Je me réveillais, dans mon lit, au côté de Daniel. Je traînais sur les réseaux sociaux tels Instagram et consultait la multitude de photos sur lesquelles j'avaient été identifiée. Une attira mon regard. La photo était particulièrement sombre. Le décor ressemblait à un bar et Daniel embrassait une fille tout en se penchant sur le côté. Mais la fille ne me ressemblait pas. Elle était très blonde et faisait à peu près la même taille que lui alors que j'étais plus petite et les cheveux châtains. Daniel se reconnaissait facilement mais je n'étais pas la personne en question sur la photo. Je me levais doucement, pris mes affaires et sortis en courant de la maison. Une fois dehors, je criais à en perdre haleine. "Pourquoi ?" Cette question résonnait dans ma tête et ma respiration saccadée se perdait dans l'air frais du matin. J'arrivais devant un petit jardin. Une falaise sur le bord. Elle m'attirait. J'avançais, un pied devant l'autre et retenait ma respiration en arrivant à l'extrémité. Cela faisait une heure et je recevais un appel de Corbyn.

-Justine ?! Tu es où ? On te cherche partout, Daniel est complètement dingue !

Daniel est complètement dingue... il fallait y réfléchir avant alors.

-Deux bancs, un arbre, une falaise, un pas de plus et c'est fini. Je me contentais de ces quelques indications et raccrochais.

Et si j'avançais encore ? Quelle serait la sensation, peut être la chute sera moins douloureuse que le poignard qui venait de se planter dans mon coeur. Peut-être que je ne les embêterais plus avec ma satanée maladie. 

J'entendis la voiture des garçons et vis Corbyn et Christina en sortir. Ils s'affolaient et Corbyn vint me rejoindre sur le petit bout de roche en suspension au dessus du vide. Je tendais mon téléphone dans sa direction, la photo mise en évidence.

-C'EST QUOI CA ? Dis-je les larmes emplissants mes yeux.

-Justine... viens vers moi et je t'explique tout.

-NON ! J'AI DIT C'EST QUOI CA ?

-Justine s'il te plait... il me regardait, le regard suppliant.

Il avançait et je reculais. Je ne voyais pas où j'allais et mon pied glissa. Mon coeur fit un bond dans ma poitrine et ma vie défila devant mes yeux. J'abandonnai tout. Tout se terminait ainsi. Je pensais sincèrement que ma vie allait se finir mais l'on me retint la main. Je me cognais contre la paroi rocheuse et Corbyn, aidé de Christina, me remonta sur la terre ferme. J'étais en transe, je tremblais comme une feuille en automne, prête à se détacher de la branche. Il me prit dans ses bras et je laissais mes larmes couler sur son T-shirt.

-Justine...Pourquoi ?

-Regarde la photo... disais-je toute vulnérable. Expliquez moi ce que je n'ai pas fais de bien...

-Ce n'est pas toi...Ce n'est pas ta faute.

Corbyn se levait pour me laisser avec Christina et appela Daniel. Je reconnut sa voix.

-Daniel...

-Oui ?

-Tu as bien merdé sur ce coup là.

-De quoi ?

-Je t'envoie une photo. Justine était au bord de la falaise et a glissé. Elle est en transe. Alors ramène vite tes fesses.

Le bip de fin de conversation retentit. En même temps, je parlais avec mon amie.

-Et si je m'étais trompée ?

-Ecoute, tout le monde fait des erreurs mais ce n'est jamais une erreur que d'avoir aimé passionnément. Tu sais, mon père m'a dit que le jour où tu tombais vraiment amoureuse, cela te marquait à jamais et peu importe les épreuves, l'amour gagne toujours. N'oublie jamais ça. 

Ses conseils étaient précieux. Elle avait souvent raison.

Corbyn se tourna vers nous et s'assit à côté de moi.

-Justine, Daniel te doit des explications c'est vrai. Mais en fait,... comment dire, il ne peut pas te les donner car il n'est même pas au courant de ce qui c'est passé.

-Quoi ?!

-Quand tu ne te réveillais pas, il était jour et nuit à ton chevet -pour ne pas changer- et avec les garçons on a pensé que c'était une bonne idée qu'il aille se changer les idées... Il est allé au bar et Jack est allé avec lui pour le surveiller. Daniel a BEAUCOUP trop bu, -Jack aussi- histoire d'oublier sa souffrance et celle que tu endurais. Une fan était là et elle a profité de sa faiblesse à ce moment. Il était trop saoul pour être conscient de quoi que ce soit...

Mes spasmes reprenaient et Christina me prit dans ses bras. Mes sanglots reprenaient et je criais.

-Tout est ma faute !!! Pourquoi je suis née !!!! Pourquoi je suis venue à ce foutu concert ? Pourquoi je ne suis pas morte ????

Une deuxième voiture fit irruption et Daniel en sortit pour me rejoindre. Mes yeux toujours fermé, aveuglés par la lumière, et toujours prise de spasme. Je le sentais me porter, me mettre dans la voiture puis le noir et enfin la lumière. Une chambre, un meuble. Je suis sous la couette et accommode mes yeux à la lumière. A côté de moi, mon amour, ses cheveux en batailles. Je le papouille et le réveille au passage.

-Salut toi. Me dit-il.

-Je suis désolée. Ces quelques mots sortirent d'entre mes lèvres.

-Ne le sois pas. Je t'aime. C'est tout.

-Moi aussi.

Un sourire apparut sur son visage et sur le mien. Comment peut-on imaginer qu'un jour, on rencontre l'amour de sa vie grâce à une maladie qui a failli nous tuer plusieurs fois ? Et bien on ne l'imagine pas, on le vit si on en a la chance (ou pas, dépends du point de vue) et c'est tout. On ne peut pas choisir notre destin à la place de la vie, parfois notre chemin est tout tracé et parfois il reste à être tracé. On ne peut pas prévoir ce qui se passera, comme on n'a pas put prévoir ce qui s'est passé.

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