Chapitre 19 : Asghet

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Bonjour !

Tout d'abord un grand MERCI : on approche bientôt des 1K de vue sur les Insoumis et y'a pas à dire, je trouve ça énorme ! Vous êtes quand même assez nombreux à suivre les aventures de Matiass et Cille et croyez-moi, ça me fait plaisir... :)

Avant de commencer le chapitre, je tiens tout de même à écrire un avis aux âmes sensibles :  c'est, selon moi, le plus violent de l'histoire. Si vous ne désirez pas le lire, aucun problème : dans la partie suivante, il y a un résumé ;)

Sur ce, bonne lecture pour les plus téméraires !

Gravity

~

- Putain, elle est où ?!

La voix du garçon. Je me terrai dans mon pauvre buisson, terrifiée à l'idée qu'ils puissent me trouver.

- On ne peut pas l'avoir de nouveau perdu, merde ! cria l'adolescent.
- Mo... Calme-toi, s'il te plaît, plaida la blonde.
- J'en ai marre, Tina, j'en peux plus ! Jouer le rôle d'un mec malade mental qui a peur de tout, juste pour être admis au foyer afin de capturer cette fille, qui en plus nous échappe de nouveau... J'en ai par dessus la tête !
- Je sais, Mo, je sais... On va la retrouver, t'inquiète pas.
- Heureusement que t'es là, bébé... Sans toi je tiendrais pas.
- Hé, vous deux ! s'exclama Margaux, je vous signale que tant que nous ne sommes pas à la base, vous êtes censés être frères et sœurs ! Alors agissez en tant que tel, même si vous êtes en couple, et aidez-moi à chercher Cille !

Base. Il était donc question de base. Mais que se tramait-il ?

« Pas de doute, le Mémoria a bien fonctionné ».

Oh mon dieu.

L'injection du Mémoria il y a un mois. C'était eux.

Margaux, Tina et Mo.

Trois noms que je n'oublierai jamais.

Que me voulaient-ils ? Qu'avais-je vu pour qu'ils veuillent tous me faire perdre la mémoire ?

J'entendais des pas tout près de moi.

Les minutes, puis les heures passèrent. Interminables.

Au bout d'une durée de temps indéterminée, j'entendis la voix de Tina dire :
- Ça va faire plusieurs heures qu'on la cherche. Je crois bien que c'est mort.
- Tu as raison, répondit Mo, laisse tomber, Margaux. Cille doit être déjà loin à l'heure qu'il est.
Détrompe-toi, Mo... Je suis juste à quelques mètre, à ta gauche. Mais ça, tu ne peux pas le savoir...
- Akwins va nous tuer, soupira Margaux. Mais vous avez raison, s'acharner ne sert à rien. On rentre.

Je les entendis s'éloigner. Par prudence, j'attendis une bonne vingtaine de minutes pour me relever. Je poussai un gémissement : j'avais mal partout.

Akwins. Ils avaient parlé d'Akwins. Serait-ce cette même personne qui écrit des articles dénonçant la société ? Cette journaliste que j'admirais ? C'était fort possible...

Mais alors, ils menaient des activités dans une base ? Si Mo avait dû changer de caractère et Tina de couleur de cheveux, cela signifiait qu'ils étaient sûrement recherchés... Un peu comme moi.
Alors, les activités qu'ils menaient étaient forcément illégales. Cela collait bien avec Akwins qui, elle, écrivait des articles dénonçant la société...
Et le rapport avec moi ? Pourquoi me cherchaient-ils ?
Si seulement mes souvenirs effacés par le Mémoria revenaient...

Je soupirai. Je n'aurais sûrement jamais l'occasion de répondre à mes questions, car j'allais passer le restant de ma vie à Asghet avec Matiass. Il fallait donc oublier ces gens.

Je me mis à marcher, au hasard. Les arbres se tenaient en face de moi, fiers. Je poursuivis ma marche. Il y avait beaucoup d'empreintes d'animaux. Les feuilles mortes craquaient sous mes chaussures.

Je vis alors des sortes de ruines. Surprise, je m'avançai vers elles, m'avançai... Le spectacle que je vis alors me glaça d'effroi.

Des constructions détruites sauvagement. Une odeur de sang flottant, et des cadavres. Des multitudes de cadavres. Dégoutée, je titubai parmi ces horreures. Le sol était rouge tant le sang coulait. Il y avait des têtes, des membres arrachés. Des hommes. Des femmes. Des enfants. Des êtres humains coupés en deux.

Qui ? Qui avait pu commettre un acte aussi atroce ?

Tout mon corps tremblait.

J'emjambai les corps. Ma tête se mit à tourner à toutes vitesse. Je m'appuyai contre un arbre, écœurée.

Alors c'était ça, Asghet ? Mon refuge, c'était ça ?

Je serrai les poings. Alors que, bouleversée, je m'apprêtai à faire demi tour, j'entendis des pleurs.

Je m'approchai et je vis alors un jeune garçon âgé de huit ou dix ans sangloter. Émue, je m'accroupis près de lui. Il cessa ses sanglots et, dès qu'il me vit, poussa un cri de terreur avant de se reculer brusquement.

- Non ! Non, ne pars pas, je ne te veux pas de mal, je te le promet ! m'écriai-je alors.

Je m'aperçu que ma voix tremblait. Je n'en menais pas large...

En voyant que j'étais inoffensive, l'enfant s'approcha de moi. Je m'assis à côté de lui et ne dis rien. Nous restâmes ainsi, pendant de longues minutes, à réaliser l'horreur qui était survenue. Ce fut lui qui brisa le silence :
- Ils sont venus et... et... Et ils ont tués tout le monde. Heureusement que mon papa et ma maman étaient partis en ville, sinon...
- Je suis désolée, murmurai-je, des sanglots dans la gorge. Et... Tu sais où ils sont, à présent, tes parents ?
- En ville, je crois...
Le garçon fit une pause, puis reprit :
- Les hommes qui ont tués les autres disaient qu'on était indignes de vivre... Parce que nous sommes Inutiles.
- Viens là, dis-je doucement.
Le garçon obéit et se blottit contre moi.
- Ce qu'ils ont fait... C'est atroce, expliquai-je, l'émotion me serrant la voix. Mais ne t'inquiète pas... Tout ça va changer, je te le promet. Et puis... Tu retrouveras ton papa et ta maman, ne te fais pas de souci là dessus.
- Oui...
Vu comme ce garçon avait décrit la scène, ce crime avait été indéniablement commis par les Autorités. Ma haine envers la Société ne faisait que s'accroître. À présent, je la détestais au plus au point. Pour ce qu'elle avait fait à ces gens.

Soudain, une idée traversa mon esprit.
- Comment tu t'appelles ? demandai-je au petit garçon.
- Moi ? Euh... Aksil.
- Très bien, Aksil... Et ton nom de famille ?
- Diaz.
J'hochai la tête, puis sortis ma carte d'Utile. Aussitôt, je griffonnai ma photo de mes doigts jusqu'à ce qu'il n'y est plus rien. Je pris un stylo que j'avais glissé dans ma chemisette, et écrivis sur la carte : Aksil Diaz.
- Et voilà, maintenant tu es un Utile, souris-je en lui donnant ma carte.
Les yeux d'Aksil s'agrandirent et il murmura :
- Un... Un Utile ? Pour de vrai ?
- Oui, expliquai-je. Maintenant, va avec ta nouvelle carte en ville et renseigne toi sur tes parents. Tu sauras faire ça ?
Il hocha la tête.
- Bien. Mets-toi bien ça dans la tête, Aksil : si jamais on te demande quel rang tu es, à partir de maintenant tu es Utile, d'accord ?
- D'accord !
- Maintenant, va, souris-je. Et... Bonne chance. »

Plein de volonté, Aksil me fit un bisou sur la joue et partit en courant vers la forêt. « Pourvu qu'il s'en sorte... », pensai-je.

Je me relevai. Et maintenant, j'étais censée faire quoi, moi ? J'étais recherchée, et la seule issue que j'avais trouvé pour m'en sortir n'était plus une option. Je soupirai. Dans tous les cas, j'étais fichue... Je n'avais personne chez qui me réfugier.

Maudissant la société, je pris un caillou et le lançai en l'air.

« Cille ! ».

Je me retournai, aux aguets. Cette voix, je la connaissais.

C'était celle de Matiass.

Les InsoumisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant