Chapitre 25 : Confiance ?

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Antoine.

L'information mit longtemps à percuter.

Antoine l'Insoumis.

J'étais face à un rebelle. Un opposant de la société qui avait combattu à mes côtés et m'avait porté sur ses épaules pour me permettre d'échapper aux Autorités.

Je passai la main dans mes cheveux. Comment se comporter ? Feindre l'ignorance, crier, poser des questions ou s'enfuir ?

Antoine était le frère de Margaux, qui avait tenté de m'enlever avec Tina et Mo. Cependant, ce garçon m'avait sauvé d'une mort certaine en me délivrant de la prison.

Alors que voulaient ces Insoumis dans ce cas ?

Méfiante, je reculai.

Doucement, un pas après l'autre, pour que l'Insoumis ne se rende compte de rien. Puis, lorsque je serai suffisamment loin de lui, je m'enfuirai.

La trahison de Matiass m'avait donné la preuve que je ne pouvais compter que sur moi-même. Évidemment, j'étais extrêmement reconnaissante envers Antoine pour son aide, mais bien trop méfiante pour aller jusqu'à le suivre. Et s'il cherchait à me faire du mal ? D'autant plus qu'il était le frère de la fille qui avait cherché à m'enlever...

Enfin, je fus à environ un mètre d'Antoine. Il se contentait de me regarder. Il devait probablement penser que je n'étais juste pas en très grande confiance... alors que c'était un sentiment beaucoup plus fort que ça !

Je me tournai d'un coup et m'enfuis à toutes vitesses. Pour aller où ? Je n'en savais trop rien.

Je courai de toutes mes forces, évitant les arbres, trébuchant sur les racines. Soudain, alors que je m'apprêtai à changer de direction, Antoine se jeta sur moi, m'immobilisant.

« Lâche-moi ! », rugis-je.
- Sérieusement, Cille ? Tu pensais réellement que j'allais te laisser partir comme ça ?
Il me tordit les bras, m'arrachant un gémissement de douleur. J'étais à présent incapable de bouger, entièrement à sa merci. Tout mon corps se mit à trembler frénétiquement et je me mis à crier à l'aide, même si cela ne servait à rien... Des larmes inondèrent mon visage. Qu'avais-je fait pour qu'autant de personnes s'acharnent ainsi sur moi ?
- Hey... Calme-toi, reprit le garçon, je ne te ferai pas de mal. Je veux juste que tu me suives.
- Mais te suivre où ? demandai-je.
- À notre base. De toutes façons, si j'ai bien compris, tu n'as aucun autre endroit à aller, non ?
Il n'y avait rien à répondre à cela. Antoine se leva, toujours en m'immobilisant les bras, m'attirant contre lui. Tout mon corps fut contraint de se plaquer contre son torse musclé. Je cherchai à me dégager, en vain. Il avait beaucoup plus de force que moi.
Je soupirai.

Nous marchâmes ainsi plusieurs heures dans la forêt. J'avais abandonné toute résistance. L'Insoumis m'avait convaincu : après tout, où pouvais-je aller, à part le rejoindre dans sa base ?

Je levai le nez. Le ciel était bleu et dégagé, mais il était masqué par les nombreux arbres. D'ailleurs, certains avaient été déracinés par le vent. Une odeur de pluie mélangée à la terre se propagea dans mes narines. Quelques animaux téméraires virent à notre rencontre, curieux.

Le garçon aux yeux bleu nuit desserra alors son étreinte, avant de me lâcher complètement. Je frottai mes bras. Il avait une poingne de fer !
- Tu me promets que tu ne t'enfuiras pas, maintenant que je t'ai lâché ? me demanda-t-il.
- Je ne peux rien te garantir, répliquai-je en reprenant notre marche de plus belle.
Soudain, Antoine me prit par la taille et me plaqua contre son torse. Mon cou s'écrasa contre sa poitrine. J'eus un cri de protestation.
- Je veux une vraie réponse.
Je serrai les poings. L'idée de me soumettre de cette façon m'était insupportable, mais visiblement je n'avais pas le choix, car l'Insoumis ne semblait pas près de me relâcher aussitôt !
- Je ne m'enfuirais plus, râlai-je.
- Je préfère ça, sourit Antoine.
Il me poussa devant lui, et nous continuâmes de marcher.

Quelques minutes plus tard, Antoine me proposa de se reposer  un peu et de  manger. J'aquiesçai et nous nous arrêtâmes près d'un grand sapin. Le garçon sortit de ses poches deux barres énergisantes aux insectes. Il m'en tendit une, que je mangeai de bon cœur.
- Pourquoi ne me fais-tu pas confiance ? me demanda-t-il soudain.
Je plongeai mes yeux verts dans les siens.
- Donne-moi au moins une seule bonne raison de te l'accorder.
Un petit sourire étira le visage de l'Insoumis :
- Je t'ai sauvé d'une mort certaine en te délivrant de prison. Cela me semble être un bon argument.
Je pinçai des lèvres. Il n'y avait rien à répliquer à cela. Je me butai donc dans un lourd silence.
- Alors ? reprit Antoine, pourquoi ne me fais-tu pas confiance ?
Comment t'expliquer, Antoine ? Comment t'expliquer que si je refuse de te faire confiance, c'est parce que Matiass m'a trahi ? Comment t'expliquer que depuis cet événement, je me sens tellement brisée que je ne peux envisager d'aimer quelqu'un d'autre ? Comment t'expliquer qu'à présent, ce sentiment d'abandon et de vide n'arrive plus à quitter mon cœur ?
- Parce que ta sœur et ses amis ont cherché à m'enlever, soufflai-je.
Mensonge. J'eus un pincement au cœur. J'avais besoin de me confier, d'avouer ma souffrance, mais je ne m'en sentais pas capable. Surtout que, pour l'instant, Antoine n'était qu'un inconnu pour moi...
- Ma sœur s'y est très mal pris, admit le garçon aux yeux bleu nuit. Tina, Mo et elle se sont pris un sacré savon, crois-moi.
Je hochai la tête, silencieuse. J'avais envie de pleurer. Penser à Matiass m'avait tant serré le cœur que cela formait une grosse boule dans ma gorge.
Penaude, je terminai d'avaler ma barre.

Nous reprimes notre marche. À présent, le soleil commençait à se coucher. Le ciel prenait une couleur située entre le rose et le orange, sans hologramme pour le masquer. Cette lumière faisait prendre une teinte noire aux arbres. Ce spectacle était somptueux, à couper le souffle.

Mais je n'y faisais pas attention, trop occupée à me poser des questions. Une fois arrivée à la base, que m'arriverait-il ? Quel lien avais-je avec les Insoumis ? Antoine voulait que je lui fasse confiance. Devais-je au moins essayer de la lui accorder ? Ou alors  rester méfiante ?

Nous nous retrouvâmes devant un immense rocher. Étonnée, je m'approchai. Je m'apprêtai à toucher la pierre avant que, soudain, Antoine ne me pousse violemment.

Je fus aussitôt projetée à l'intérieur du rocher.

Alors que, effarée, je cherchai à lever les yeux pour voir le décor qui m'entourait, une voix me susurra à l'oreille :  « Bienvenue chez les Insoumis, Cille ».

Les InsoumisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant