Chapitre 21 : L'officier Horton

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Quelques heures auparavant...

Pdv Matiass

Des bruits de pas me tirèrent de mon doux sommeil. Cette nuit, j'avais rêvé de Cille. Dans mon rêve, j'avais pu la toucher, profiter de son corps. Je voulais qu'elle m'appartienne, qu'elle ne soit rien qu'à moi. Cela semblait bien parti...

Je souris en repensant à la nuit que nous avions passé tous les deux. Jamais je n'avais ressenti autant de plaisir. Je n'avais qu'une seule envie à présent : recommencer. Je voulais la combler, qu'elle ne puisse plus se passer de mes gestes, qu'elle gémisse sous mes baisers, qu'elle soit dépendante de moi.

Physiquement, Cille n'était pas spécialement sexy d'après Rayan, que j'avais interrogé. Une adolescente blonde et frêle, se fondant parmi les autres, rien de spécial... à part ses merveilleux yeux verts ! Ce qui la rendait magnifique selon moi, c'était son courage. Toute sa vie, Cille s'était battue pour être une Utile. Je trouvais ça beau.

Mais malheureusement, le destin avait voulu que nous baissions de rang. Je l'avais très mal pris, et j'en souffrais, même si j'essayais tant bien que mal de ne pas le montrer à mon amoureuse.

Je découvris alors avec stupeur que Cille ne se trouvait pas à côté de moi. Où était-elle passé ? Je vis alors un papier posé sur ma table de chevet. J'étais persuadé qu'il n'y était pas la veille. Inquiet et curieux, je le dépliai. Je reconnus aussitôt l'écriture de Cille. Mon cœur s'emballa.

Mon amour,

Je ne pus m'empêcher de ricaner bêtement.  « Mon amour »? Sérieusement ? Certes, j'avais passé une nuit fantastique avec Cille, mais il ne fallait pas non plus qu'elle s'imagine trop de choses à mon égard ! Ce que je cherchais à avoir, c'était ces sensations qu'elle seule était capable de me procurer, ce mélange de plaisir et d'adrénaline enivrant dont je ne pouvais plus me passer. Le reste de mes conquêtes avec lequel j'avais couché jusque là n'étaient rien comparé à elle. Ce pourquoi il m'était difficile de me séparer de Cille longtemps. Quant au reste... La routine de vie de couple, elle pouvait se la garder, cela ne m'intéressait pas !

Pour des raisons que je ne peux t'expliquer à l'écrit, je suis partie sans toi.

Comment ça, partie sans moi ? Quelle idée sangrenue lui était passé par la tête ? Mes mains commencèrent à trembler et je me mis aussitôt à lire la suite.

Je te demande de faire comme si de rien n'était, pour me rejoindre à Asghet. Là-bas, je te donnerais autant d'explications que tu le désire, je t'en fais la promesse.
En attendant, ne te pose pas de question et fais ce que je te dis. Cela en vaut de ma survie, crois-moi.

Ces heures que je passerai sans toi me seront dures, mais il le faut...

Je t'aime, mon beau Matiass,

Cille

Toujours aussi romantique elle, y'avait pas à dire.

Une nuée de questions s'immiscièrent dans mon esprit, sans que je ne puisse y répondre. Mais pourquoi était-elle partie à Asghet sans moi, bon sang ? Elle avait intérêt à me donner des explications ! Aussitôt, j'enfilai ma veste, prêt à partir pour le camp d'Inutiles. Le reste du trajet se ferait seul, sans elle... Dommage !

Soudain, j'entendis des cris. Aussitôt, j'empoignai mes affaires, détruisis la lettre et descendis.

Quand je fus arrivé en bas, je vis avec stupeur que les Autorités étaient là. Que voulaient-elles ?

Un des hommes armés me vit alors et me fit signe de venir. J'obéis aussitôt, avant de me mettre à trembler de tous mes membres, car si les Autorités apprenaient que j'étais Inutile, elles avaient l'autorisation de m'arrêter... Voir de me tuer. Je reconnus alors l'homme qui m'avait demandé de m'approcher. Il s'agissait de l'officier Horton, célèbre parmi les Autorités.
- Connais-tu une certaine Cille Dwight ? me demanda-t-il.
Quoi ? Pourquoi me posait-il cette question ? Je pestai. Dans quelle histoire Cille s'était-elle encore fourrée pour être recherchée par les Autorités ? Cependant, dans sa lettre, elle m'avait demandé de faire comme si de rien n'était. Ce qui signifiait, en un sens, de faire semblant de ne pas la connaître...
- Non, monsieur, répondis-je le plus poliment possible.
Je m'apprêtai à dégager, mal à l'aise à l'idée de mentir, pour entamer ma longue marche vers Asghet. Soudain, Horton m'intercepta.
- Attends, tu t'appelles bien Matiass Ansonn ?
Je réalisai que ma mère avait pris soin d'écrire mon prénom ainsi que mon nom sur mon sac à dos.

Eh merde.

Je ne pouvais plus nier, à présent. Ce serait risquer la vie.

- Euh... Oui.
L'officier se mit à rire.
- Matiass Ansonn ! Alors là, on ne pouvait pas tomber mieux ! Nous savons tous que tu es le compagnon de voyage de Dwight. Est-ce-que tu sais au moins ce qu'a commis ta petite copine pour être recherchée ?
- J'sais pas et j'veux rien savoir, coupai-je alors en bousculant Horton pour sortir de l'auberge, m'armant de la même façon d'un courage dont jamais je ne m'en serai cru capable

Il fallait absolument que j'aille rejoindre Cille pour lui demander des explications. Soudain, j'entendis le déclic d'une arme. Je me retournai le plus lentement possible.

C'était bien ce que je pensais. L'officier me pointait avec un superbe Mag-Pul FMG-9, sous les regards ahuris des clients de l'auberge.

Vaincu, je levai les mains en l'air. Un sourire sadique s'afficha sur le visage d'Horton.
- Je préfère ça. Et si nous allions discuter de tout cela dans un endroit plus... intime ?

Sans que j'ai le temps de protester, il m'empoigna par les bras et me poussa dans une chambre. Il ferma la porte à clé, s'assis sur le lit et m'invita à venir.
- Euh... Vous savez, j'ai déjà tout donné cette nuit, alors bon, je ne crois pas que ce soit le bon moment pour faire ce genre de chose... plaisantai-je.
Horton ignora ma remarque et commença à parler :
- Si nous recherchons Cille Dwight, c'est parce qu'elle est restée Utile illégalement.

Quoi ? Non. Impossible, si vraiment Cille l'avait fait, elle m'en aurait forcément parlé. À moins que... Le jour où elle et moi avions été renvoyé, le fait que la directrice garde Cille dans son bureau pour qu'elles soient seules toutes les deux avait fait jaillir en moi un certain nombre de questions. Alors... Se pourrait-il que la directrice ai conservé le rang d'Utile de Cille ? Et que cette dernière n'ai même pas pris la peine de me mettre au courant ?

Une colère sourde m'envahit. Comment avait-elle pu ! Comment avait-elle osé rester Utile sans me l'avoir avoué. C'était complètement injuste. Pourquoi elle et pas moi ? Nous avions commis la même faute ! Cette fameuse nuit, elle m'avait suivi de plein gré et y prenait autant de plaisir que moi, me semble-t-il !

Cependant, ce n'était pas une raison suffisante pour la trahir. Si elle était retrouvée par les Autorités, c'était la prison et, peut être même la mort. Il valait mieux que je me taise, malgré ma colère et mon cœur qui me hurlait de me venger en avouant à Hoston que Cille était partie à Asghet.

- Peut-être, répondis-je, mais je ne sais pas où elle est en ce moment, désolé. Je peux me casser maintenant ?
- Non, répliqua l'officier. Écoute, je te propose le marché suivant : dis-nous où est Dwight et nous te rendons ton rang d'Utile. Deal ?

Mes mains froissèrent les draps. Après  mon sentiment de vengeance, c'était ma place dans la  Société qu'Hoston mettait en jeu. Et il fallait avouer que cela en méritait clairement la chandelle. Redevenir un Utile contre  la vie d'une fille qui m'avait trahie. Une pierre deux coups : non seulement je me vengeais, mais en plus cela me permettait de reprendre le rang que je n'aurais jamais, Ô grand jamais dû quitter.

Ce fut le sourire aux lèvres que je répondis :

- Deal.

Les InsoumisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant