Chapitre 18 : Tentative d'enlèvement

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Que faisaient-ils ici ? N'étaient-ils pas censés être au foyer ? Il n'y avait qu'une seule façon de le savoir.

Prenant mon courage à deux mains, je m'avançai vers eux.

Même angoisse en voyant le visage de Margaux. Pourquoi est-ce que mon ventre se tordait en deux dès que je la voyais ? Je n'en avais aucune idée...

Ce fut d'abord la fille blonde qui me vit. Elle poussa un petit cri avant de frapper légèrement l'épaule de son... frère jumeau.

Ils stoppèrent tous les trois leur conversation et me regardèrent. Je pris la parole, embarrassée :
- Hum... Salut.
Ils se regardèrent tous les trois. La surprise passée, je vis sur chacun de leur visage un sourire se dessiner. Après un long moment de silence, la fille blonde glissa d'une voix hésitante :
- Tu... Tu ne te souviens de rien ?
Se souvenir ? Comment ça ? Je fronçai les sourcils et demandai :
- Se souvenir de quoi ?
- Pas de doute, le Mémoria a bien fonctionné, glissa le garçon à l'oreille de Margaux.
Cette dernière hocha la tête.

Mais de quoi parlaient-ils ?! Trop de questions se bousculaient dans mon esprit confus. Alors j'explosai :
- Mais qu'est-ce-que vous me cachez ?! C'est quoi, cette histoire de... de "Mémoria"? Et puis, que faites-vous ici d'abord ?! Vous n'êtes pas censés être au foyer ? Je ne comprends rien !
Je me mis à rire amèrement.
- Je ne comprends jamais rien de toutes façons... Depuis que je suis arrivée au foyer, toutes les réponses à mes questions m'échappent.
Margaux s'approcha de moi doucement. Elle souleva une de mes mèches et me murmura :
- Non... Ne dis pas ça, Cille. Tout s'éclaircira pour toi au moment voulu, je te le promet. Pour l'instant... Nous ne pouvons rien te dire.
- Expliquez-moi au moins votre présence ici, soupirai-je.
- Je... Nous allons tous les trois rendre visite à mon frère, Antoine.
Je voyais bien que Margaux ne me disait qu'une partie de la vérité.
- Et toi ? Tu fais quoi ici ? Me lança le garçon d'une voix méfiante.
Je me rappelai de ce garçon gémissant, qui était presque entrain de pleurer sur l'épaule de sa sœur lorsque j'étais arrivée pour la première fois au foyer. Pourquoi ce changement si brusque de caractère ? Et pourquoi cette fille, qui était auparavant brune, avait à présent les cheveux blonds ? Encore un mystère...
- J'ai été renvoyé avec Matiass. Vous expliquer pourquoi je suis ici et pas lui serait trop long.
- Et tu peux nous dire au moins où tu vas ? demanda la fille.
Je secouai la tête. Pas question de leur dévoiler que j'allais à Asghet ! Moins j'en disais sur moi, mieux cela valait !

Remarquant le fait que je ne voulais rien dire, une petite moue s'afficha sur le visage de Margaux. Mais après cet instant de déception passé, elle reprit son éternel sourire avant de lancer :
- Tu es mystérieuse comme fille toi, tu sais ?
- Pas autant que vous, répliquai-je en riant.
- Haha, j'avoue que tu marques un point, là ! me répondit Margaux.

Nous passâmes le restant du trajet à rire et à plaisanter. Les sentiments que je ressentais envers Margaux étaient confus : cette panique qui me submergeait quand elle était près de moi ne me quittait pas, mais d'un autre côté, je ne pouvais m'empêcher de l'admirer et de lui faire confiance.

« Terminus du bus. Arrêt Asghet. J'espère que vous avez passé un agréable trajet en notre compagnie. Veuillez vérifier que vous n'avez rien oublié. Utiles ou Soumis, passez une bonne journée ! »

Nous descendîmes tous du bus. Le paysage qui se présentait devant nous était désert. Seulement quelques cailloux. Une brume flottait, donnant à ce paysage un aspect fantomique. Asghet ne devait pas être très loin.

Je jetai un coup d'œil derrière moi. Les trois adolescents discutaient. Je m'avançai vers eux et lançai en souriant :
- Bon... Eh bien le temps est venu de se dire adieu.
Le garçon se mit à rire. Qu'est-ce-que lui prenait ? Avais-je dit quelque chose de drôle ? Piquée, je m'apprêtai à lui demander ce qui le mettait dans cet état mais il me coupa :
- Je ne crois pas, non.
Soudain, je sentis des mains s'agripper sur ma taille, m'empêchant de partir. Je cherchai à me débattre, en vain. Mais que se passait-il, bon sang ?
- Désolée, Cille... Mais tu restes avec nous.
La voix de Margaux ! La personne qui me tenait par la taille m'écrasa la joue contre les cailloux, m'arrachant un cri, et je compris qu'il s'agissait de cette dernière.
- Co... Comment ça, rester avec vous ? Mais je dois partir ! balbutiai-je.
- Ce n'est plus une option pour toi, répliqua la fille blonde. Bon, on y va ?
- Cette mission aura vraiment été compliquée... Soupira Margaux.

La jeune fille me souleva, et me jeta sur son épaule.

Pendant quelques minutes, je restai paralysée et ébahie.

Puis je réalisai que l'on m'enlevait.

Par la suite je ne saurais expliquer ce qui se passa.

Le fait est qu'une sorte d'adrénaline s'empara de mon corps, dictant mes mouvements.

Comme une sorte de force qui avait toujours sommeillé en moi et qui avait attendu le moment critique pour se manifester.

Une force que je devait sûrement hériter de quelqu'un... Mais de qui ?

Je fis une sorte de bond agile dont jamais je ne me serai cru capable. Margaux, surprise, fut obligée de me lâcher. Je retombai sur mes pieds tel un chat.

Mes trois "ravisseurs" me regardèrent, ahuris. Il y eu un moment de silence, le temps que tout le monde (surtout moi !) réalisent ce que je venais de faire. Je n'avais pourtant appris aucune technique de combat. Alors d'où me venaient ces capacités dont je n'avais même pas soupçonné l'existence jusqu'ici ?

Soudain, le garçon fonça vers moi. Je l'évitai de justesse  et lui administrai un coup de pied. Ce dernier, à ma plus grande surprise s'avéra redoutablement efficace et mon ravisseur s'affaira dans les cailloux.

Déjà un d'éliminé...

Mon esprit embrumé ne réfléchissait plus, seul mon instinct de survie me guidait. Et je devais avouer que je m'en sortai bien mieux que je n'avais pu l'imaginer...

Les deux filles se jetèrent sur moi. Même adrénaline. Je donnai un uppercut à la blonde et esquivai les coups de Margaux.

Le garçon se leva alors.

Et moi, je fatiguai.

Je lançai encore un coup à Margaux, mais mes muscles me faisaient souffrir. Je m'étais peut-être découvert des capacités de combat hors du commun, mais ces dernières ne pouvaient pas m'assurer de gagner un trois contre un.

À présent, la moindre esquive me semblait être un effort hors du commun. Par contre, les trois adolescents semblaient être en pleine forme...

Ils avaient sans aucun doute été formés au combat, car ils savaient gérer leur énergie bien mieux que moi.

N'en pouvant plus, je m'écroulai sur le sol.

NON, CILLE !

Pas maintenant. Pas après tout ce que tu as fait. Tu dois aller à Asghet... Quitte à combattre des ennemis ! Allez, un dernier effort !

Ce fut cette voix intérieure qui me motiva et je me relevai en poussant un cri de rage. Ne pouvant plus combattre, il ne me restait plus qu'une seule option...

La fuite.

Je pris mes jambes à mon cou. La peur de se faire de nouveau attraper et kidnapper prit sur l'épuisement que je ressentais.

Je me rappelai de pourquoi je me battais, pourquoi je ne pouvais pas me permettre de tout abandonner. Alors j'accélèrai.

Je poussai alors un cri de joie lorsque je repérai un petit bois. Aussitôt je me fondis dans les arbres. Je vis un buisson et sautait dedans pour me camoufler.

Tout va bien, tout va bien.. Tu es en sécurité.
Enfin... Pour le moment.

Les InsoumisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant