Mon sang se glaça dans mes veines. J'étais en danger de mort. D'une façon ou d'une autre, les autorités m'avaient trouvée. Qui avait pu me trahir ? Qui n'avait eu aucun scrupule à l'idée d'envoyer une jeune fille à la mort ?
Qui ?
Puis un mot heurta mon esprit. L'aubergiste. C'était évident, il ne pouvait s'agir que de lui. Il avait lu ma carte d'Utile et avait sans doute pris conscience que j'étais recherchée par les autorités... Une vengeance idéale pour lui !
Des larmes perlères au coin de mes yeux. Quelle idiote je faisais, vraiment ! J'avais agi sans réfléchir, sans prendre conscience des conséquences. Montrer ma carte d'Utile alors que j'étais recherchée... Il n'y avait vraiment que moi pour commettre une erreur pareille !
Je revins à la réalité. Pas le temps de réfléchir, bon sang ! Il fallait agir de toute urgence. Fuir.
Alors, ni une ni deux, je m'engouffrai dans ma chambre... Avant de tomber sur Mattias. Ce dernier dormait profondément. Je m'approchai de lui et l'embrassai délicatement sur le front. Je ne pouvais pas prendre le risque de le réveiller, ce qui impliquait de tout lui avouer. Non seulement je n'avais pas le temps mais en plus je ne m'en sentais pas capable.
Alors, que faire ? Il fallait que je trouve un endroit où je sois en sécurité...
Asghet, le camp d'Inutile.
Les autorités ne penseraient pas à venir me chercher là-bas, je devrais donc avoir un peu de répit.
C'était donc décidé. Je partais donc à Asghet, sans Matiass. Je préparai mes affaires à la hâte.
Quand soudain...
Un homme ouvrit la porte de la chambre discrètement. J'eus tout juste le temps de me cacher dans l'armoire.
- Vous voyez bien, il n'y a personne, déclara une voix féminine.
Sans aucun doute la serveuse qui s'était fait frapper quelques minutes auparavant...
- Et ce jeune garçon qui dort ici ? Demanda l'homme.
Je compris qu'il s'agissait de Matiass. Et l'homme qui parlait devait être de l'autorité.
- Un de nos clients. Un homme sans importance. Je vous prierais de ne pas le réveiller...
Un sentiment de peur s'empara de moi. Je serrai les dents pour ne pas craquer.
- Soit. Mais je vous préviens, si jamais vous nous avez menti...
- Je ne vous dis que la vérité. Je ne connais pas de Cille Dwight, mon mari s'est trompé.
Je remerciai silencieusement la serveuse. Le fait qu'elle évoque son mari ne m'etonna même pas, car il était évident que c'était lui qui m'avait trahi. Au moins, elle, avait du cœur...
La porte se ferma et l'angoisse qui m'avait oppressé jusque là s'estompa un peu.
Je sortis de l'armoire en silence. J'ouvris un tiroir dans la salle de bain pour y inscrire une lettre à l'intention de Matiass :
Mon amour, (je m'étais permis de l'appeler ainsi, après tout, ne sortions pas nous ensemble ?)
Pour des raisons que je ne peux t'expliquer à l'écrit, je suis partie sans toi. Je te demande de faire comme si de rien n'était, pour me rejoindre à Asghet. Là-bas, je te donnerais autant d'explications que tu le désire, je t'en fais la promesse.
En attendant, ne te pose pas de question et fais ce que je te dis. Cela en vaut de ma survie, crois-moi.Ces heures que je passerai sans toi me seront dures, mais il le faut...
Je t'aime, mon beau Matiass
Cille
Je pris une grande inspiration et mon sac à dos, qui contenait toutes mes affaires. Allez, Cille !
Je descendis les marches de l'escalier de l'auberge le plus discrètement possible, traversai cette dernière en rampant pour ne pas être vue et ouvris la porte.
Je restai quelques secondes immobiles, avant de m'enfuir à toutes vitesses dans la nuit claire.
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Les Insoumis
Science FictionCille a toujours été ce qu'on exigeait d'elle. C'est à dire une Utile (une personne entièrement soumise à la société). Mais à côté de cela, il y a les Inutiles. Les Inutiles qu'on méprise, qu'on discrimine et qu'on emprisonne. Et puis il y a le be...