XXXV.

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La petite Solange attrapait les framboises du bout des doigts, s'amusant à les dévorer une pars une. Elle engloutit les fruits rouges comme un petit rongeur, rapidement, le bout de ses doigts prenant une teinte rosée. Sa touffe rousse dans la verdure du petit jardin, à rire en voyant Tom qui râlait sur ces tuteur qui ne voulait pas tenir debout.

- Mais ce n'est pas possible ces trucs là... Bill ! ça marche comment tes bâtons ?!

Le brun leva les yeux au ciel, sortant sur le pan de la petite maison. Il s'agenouilla près de Tom, la petite famille ne tenant pas compte de la circulation juste en face de leur minuscule jardin. Il n'était pas très grand, et remplit de mauvaises herbes. Les scarabées traçait leur petite route le long de l'allée et le soleil ne pointait que trop rarement le bout de son nez, rendant l'endroit peut agréable. L'androgyne avait décidé de le rentabiliser malgré tout, et d'en faire un potager. L'idée avait été plaisante pour Solange, et un peu plus embêtante pour Tom qui, à défaut d'une flopée d'autres qualités, n'avait pas la main verte. Le petit portail avait été rénové, repeint en vert, et le jeune homme avait pris soin de rafraîchir leur boite aux lettres, qui avait vu passé tant d'histoire. A vrai dire il ne se serait pas imaginé il y a quelques années qu'il serait un jour-là à la repeindre, cette boite aux lettres d'amour. Elle brinquebalait encore sur son support mais était maintenant signée de la plus belle écriture de Bill d'un « Ivanov-Kaulitz » dont il était plus fier que tout. Exactement comme un vrai couple, avait-il songé. Il n'était pas envisageable qu'il rentre habiter seul, et le voisinage s'était fait à la vie commune des deux hommes. Puis il suffisait d'un petit numéro de pitié de sa part pour que les gens détournent le regard, effrayé par le tragique tatouage de la Shoah. C'était un miraculé, il méritait bien son intimité et sa nouvelle vie correcte ou non.

Le jeune homme fit tenir ses thuyas tout seul et se frotta les mains, avant de récupérer Solange, paniqué. Il râla qu'elle était en train de tout saccager en essuyant du bout de ses manches sa bouche rougie, riant face à sa moue faussement boudeuse. Tom quant à lui bêchait pour la plantation des courgettes, sous le regard attentif de son homme qui mordillait sa lèvre, étrangement happé par cette vision de Tom en sueur. Il retourna à ses thuyas lorsque le regard de Tom se dirigea vers lui, gêné. Saletés de courgettes. La bonne humeur reprenait dans le petit lopin de vie et le baiser que le soldat déposa sur la joue de son amant curieux rendit aussi rouge que les doigts de Solange ce dernier. L'été était là.

[...]

Bill entra dans la petite chambre à tâtons, étant descendu juste avant pour récupérer son livre. Il aimait les histoires, si bien qu'il s'était surpris à effectuer quelques brouillons en cachette. De la pacotille, d'après le brun, mais ces bribes d'histoires aussi futiles soit-elles restait son petit jardin secret. Il ne voulait pas en parler à Tom, il savait que ce qu'il faisait n'était pas bon et que Tom qui était si cultivé trouverait certainement ça de bas étage. Après tout il n'avait rien d'un écrivain. Sauf peut-être les lunettes, sourit sarcastiquement le brun, en ouvrant la petite porte grincheuse. Il sursauta en voyant un bouquet de roses rouges déposé sur son lit, et dont la forte odeur féminine et sensuelle embaumait toute la pièce. Il eut ce drôle de sourire d'homme conquit à la vue de Tom qui venait pour l'embrasser, déposant ses mains le long de son visage fin, pour le garder près de lui, faire durer l'instant. Rien ne comptait plus que cet instant bénin, calme, neuf.

- Tu es incurablement romantique.

Tom leva les yeux au ciel, admirait les yeux de son brun qui brillaient sous la lumière des quelques bougies qu'il avait allumé. Il avait trouvé son attention clichée puis s'était tout de même jeté à l'eau, il en avait bien trop envie, de ce regard. Ce regard tue-l 'âme. Ses lèvres furent une nouvelle fois annexée par une bouche taquine et il prit plaisir à l'étreinte, refermant ce cocon de sérénité sur son conjoint, contre lui, au plus près. Ce dernier s'était libéré dans l'étreinte et avait endormis ses craintes, en laissant tomber doucement son châle au sol. Les mains de son homme contre lui le rendait toute chose et le cadet se hissa sur la pointe de ses pieds pour l'embrasser encore, le plaquant contre le mur avec cette fougue imminente, aussi directive qu'affectueuse. Les frissons parcouraient sa colonne vertébrale et il releva sa jambe contre les hanches de Tom, faisant gémir ce dernier. Une petite touffe rousse interrompu les deux hommes, alors que l'un avait les mains sur le torse dévoilé de l'autre et cet autre tenait fermement sa cuisse en se frottant contre lui. Les deux eurent un instant de suspend et se lâchèrent en paniquant, aussi rouges qu'il était possible de l'être.

Je t'attendrai.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant