15. Surprise !

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Je reste sur ma faim. Sans mauvais jeu de mots. Je me vois pas refuser mais encore moins cuisiner.

-Je préfère pas. Je vais faire une bêtise.

Je suis déçu pour demain. Mais c'est vrai qu'elle a une vie dehors. Moi pas. Plus en tout cas.

Comme si elle lisait dans mes pensées elle dit :

-Tu sais, pendant que je suis en classe tu peux aller te balader. Tu n'as pas à rester cloîtré dans la maison.

Je hoche la tête. Je n'ai rien à redire. Pourtant, un petit goût amer me reste en travers de la gorge.

Elle se lève, s'étire et se dirige vers la cuisine. Je la suis, comme attiré par un aimant.

-Tu es sûr que tu ne veux pas m'aider ?

-Non.

Elle hausse les épaules, visiblement déçue. Tant pis. Je ne sais pas cuisiner et je ne tiens pas à brûler le toit sous lequel je dors !

Je la regarde couper des légumes et de la viande. Elle met le tout dans une poêle et fait griller.

Après une trentaine de minutes, on peut manger.

-C'est quoi, fais-je en reniflant. Ça sent bon.

-Poulet plus poivrons. C'est tout. Mais tu n'es pas en train de sentir le plat là...

En effet, j'ai le nez dans ses cheveux. Je m'en lasserais jamais je crois. Ils sont doux et ils sentent tellement bon.

-D'ailleurs, tu devrais aller prendre une douche. Je vais te montrer comment ça marche.

Et sans ménagement, elle me pousse vers les escaliers.

-Hé mais...

-Pas de discussion. Tu vas te doucher avant de passer à table. Sinon tu ne manges pas !

Mon estomac proteste et se met à grogner.

-Tu vois ? Même ton ventre est d'accord avec moi. T'en fais pas, ce sera rapide.

On arrive devant la porte de la salle de bain. Une baignoire, un évier et des toilettes cachées dans un coin.

Ray se dirige vers la baignoire et me fait signe d'approcher.

-Là c'est l'eau chaude et là l'eau froide. Tu peux te débrouiller tout seul ou tu veux que je te fasse couler un bain ?

J'hésite. Je ne veux pas qu'elle s'en mêle mais j'ai peur d'inonder la salle si elle me laisse faire. Un rire lui échappe et elle lance :

-J'ai compris, je m'en charge.

Et elle s'affaire autour du bac.

Quand elle est remplie aux trois quarts, Ray arrête les robinets et va pour partir avant de dire :

-Le savon est sur le côté. Et quand tu seras déshabillé, laisse-moi tes affaires devant la porte.

Et elle s'en va. Fille bizarre va...

Je me déshabille, pose mes affaires en tas. On verra si je lui donne après.

J'hésite à rentrer dans l'eau. Se faire laver au jet une fois par semaine ne laisse pas de bons souvenirs. Pourtant, quand je me décide, je suis content d'y être aller.

Je ne sais pas depuis combien de temps je suis là mais l'eau est trouble maintenant. Je prends le savon et me frotte. J'ai enlevé mes bandes, c'est plus simple.

Enfin, l'eau commence à devenir froide. "C'est l'heure de sortir !"

-Tu es mort ?

La voix de Ray filtre à travers la porte.

Je vais ouvrir et lui réplique joyeusement :

-Et non, pas encore !

Elle sourit avant de remarquer que je ne me suis pas rhabiller... Attends quoi ?!!

Elle détourne les yeux et me tend une serviette et des vêtements.

-Ça devrait t'aller. Maintenant dêpeche-toi de t'habiller.

Et elle s'enfuit en courant.

Je me sèche en vitesse, m'habille avec les fringues qu'elle m'a donné et descends pour aller manger. C'était le but premier de la manœuvre non ?

Une assiette est servie, les couverts à côté. Tout est prêt. Mais il n'y a qu'un couvert. Et Ray qui attend de l'autre côté.

-J'espère que c'est encore chaud. Tu as mis un temps fou dans la salle de bain.

-Tu ne manges pas toi ?

Elle rigole.

-Je viens de te le dire. Tu as mis un temps fou dans la salle de bain. J'ai mangé sans toi.

Je m'installe et avale le contenu de mon assiette d'un trait.

-Il en reste encore ?

Elle rit encore. J'aime bien son rire.

-Oui. Attends deux secondes.

Elle prend mon assiette, la remplie et me l'a retend. À nouveau, je l'avale assez vite. C'est alors qu'elle me fait remarquer :

-Si tu manges toujours aussi vite, tu vas finir par être malade.

À mon tour de rire. Moi malade ? Elle me prend pour qui la minette ?

-C'est juste un avertissement, se défend-elle. Pour la peine, tu vas me réécrire tout l'alphabet avant d'aller dormir !

La Fille Et Le MeurtrierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant