La Fille Et Le Meurtrier

28. Adieux ?

Je me lève doucement pour ne pas réveiller Zack. Il bouge et grogne mais j'arrive à m'habiller et à sortir. Narco m'attends devant la porte et me saute dessus.

-Doucement ! Oui, tu es un bon chien mais du calme, je chuchote.

-Bien dormi mam'zelle ?

Je lève les yeux sur le vieil homme qui m'a accueilli cette nuit. Il me sourit gentiment et je lui rends son sourire. Il sait que je vais partir.

-Vous pourriez restez, dit-il.

-Je suis désolée mais je ne peux pas. J'ai déjà trop tardé. Il y a des bus qui passent souvent ici ? Je voudrais rentrer chez moi le plus vite possible. Il y a des petites têtes blondes qui m'attendent !

Il me lance un regard oblique. Je me suis mal exprimée je crois...

-Je suis professeur.

Son regard se radoucit et il me sourit encore.

-Le prochain bus devrait passer dans une heure à peu près. Vous pouvez attendre jusque là ?

-Bien sûr ! Et si vous avez besoin de moi, je suis à disposition !

L'heure passe avec une lenteur abominable. Heureusement, quand je pars, Zack n'est toujours pas levé. Je dis au revoir. Je reviendrai. Peut-être...

Point de vue de Zack :

Elle n'est pas là. Je sais ce que ça veut dire. On est de nouveau séparés. Putain... Pourquoi déjà ? Pourquoi elle ne m'a pas réveillé ? Parce qu'elle savait comment j'allais réagir bien sûr... Elle me connait beaucoup. Beaucoup trop. On ne se connait pas depuis si longtemps. Enfin... Je sais pas trop en fait.

-T'es réveillé Isaac ?

-Oui m'sieur.

-Je peux entrer ?

-Oui m'sieur.

Il ouvre la porte et s'assied sur le lit. Il me regarde avec des yeux tristes mais il sourit.

-Tu m'as bien aidé pendant tout ce temps.

J'aime pas ce ton mélancolique. Et je vais encore moins aimer ce qui arrive...

-On a fait une bonne équipe... Mais je pense qu'il faut que tu la retrouves. Ne gâche pas ta vie avec un vieux croûton comme moi. Tu es jeune !

-Mais...

-Je vais te donner un peu d'argent pour le bus. Va voir cette fille. Je sais que tu tiens à elle.

Mais il délire le vioque ! Je peux pas le laisser tout seul ! Il est trop vieux pour se débrouiller seul !

-Mais vous avez encore besoin de moi !

-Non justement. Mon neveu va te remplacer à partir de maintenant. Et mon frère va venir aussi. On sera trois ! Je sais que tu es fort mais il n'y a pas beaucoup de travail. Tu seras de trop.

Aïe, ça pique. Mais même si je retourne en ville, qui me dit que je vais retrouver Ray ? C'est grand là-bas.

-Aller, hardi garçon ! Lève-toi ! Et va retrouver ta fiancée !

-Fiancée ? C'est quoi ?

Ok ma question est idiote apparemment. Le vieux fait une tête bizarre.

-Tu as grandi où ?

-Vous voulez pas savoir.

-Ta fiancée, la fille que tu aimes quoi.

-Ah...

D'accord, j'aurais pu le deviner seul. Mais bon, on est jamais sûr de rien.

-Alors, je dois vraiment partir ?

-Oui !

Je soupire et me lève. En voilà une journée qui commence mal...

Point de vue de Rachel :

-Vous pouvez sortir !

Les enfants se lèvent et me saluent en sortant. Ils ont de drôles d'habitudes. Un peu comme moi en même temps.

-Tout va bien là-dedans ? Tu as l'air fatiguée Ray.

-Ça va Rick, ne vous en faites pas.

Il va pour me caresser la tête mais j'arrête son bras. Il me lance un regard d'excuse.

-J'avais oublié... Désolé.

-Ce n'est rien Rick. Vous voulez bien me laisser récupérer 5 minutes ?

-Bien sûr. Tu veux que je les prenne en sport avec les miens ? Comme ça tu auras encore deux heures devant toi.

Oui mais non. Je tiens à être payée à la fin du mois. Bien essayé Ricky.

-Non, je vais me débrouiller.

-Comme tu le souhaites. À plus tard !

Et il sort. Il est gentil mais un peu collant. Comme Arthur. C'est plutôt marrant.

-Mademoiselle ?

-Oui ?

Une petite fille s'approche du bureau et hésite.

-Je peux avoir un câlin mademoiselle ?

Je souris. Elle est trop mignonne ! Je tends les bras et elle s'engouffre dedans.

-Qu'est-ce qu'il se passe ?

-Les garçons sont méchants avec moi. Ils disent que je suis folle et que je n'ai pas d'ami.

Elle sanglote doucement. Je lui caresse les cheveux et demande :

-Tu veux bien me les montrer ? Je vais leur concocter une petite punition maison.

Elle me sourit et essuie ses larmes. Puis elle me prend par la main pour me faire sortir de ma salle :

-Ils sont là-bas. Au fond de la cour.

Je m'approche des garçons en question, sans bruit. Ils ne me regardent pas. Je finis par être juste à-côté d'eux. C'est à ce moment-là que je vois pourquoi ils ne bougent pas. Un chien, apparemment roué de coups, git à leurs pieds.

-Les enfants, je dis doucement.

Ils tournent la tête et me regardent méchamment. Ne pas se démonter. Surtout ne pas se démonter.

-Rentrez, j'ai à vous parler.

Ils rentrent en silence. Je contemple encore le chien couvert de sang. Je me retiens de vomir. Avant de rejoindre mes élèves, je préviens Rick. Puis je rentre dans ma salle. Ils sont assis tous les trois à leurs places et me suivent du regard.

-Que faisiez-vous avec ce chien ?

-Ils nous a mordu. Alors on l'a tapé, répond le plus grand.

Ils ont l'air apeurés maintenant. Plutôt étrange vu ce qu'ils ont fait.

-On va être punis ?

-Oui. Sans aucun doute. Mais ce n'est pas moi qui vais décider. Le principal s'en chargera. Moi je vais vous punir pour ce que vous avez dit à Abby.

La petite arrive et regarde les garçons d'un air réprobateur. Elle est suivie de près par Rick qui arbore le même regard.

-Je viens de voir les dégâts dans la cour. Comment avez-vous pu faire ça ? C'est ignoble ! Je vous exclus trois jours. Votre conduite est inacceptable !

Les enfants me regardent d'un air suppliant. Je secoue la tête. Je ne peux rien faire pour les aider. Au mieux, je peux plaider leur cause auprès de leurs parents.

-Mademoiselle Gardner, merci de m'avoir averti. Je vais appeler les parents de ces trois cancres.

-Ce ne sont pas des cancres Monsieur. Ce sont des gamins qui n'ont encore aucune notion de bien et de mal. Ils ont tué un animal, certes. Mais est-ce que vous les auriez puni si ils avaient écraser une fourmis ?

Rick darde un regard noir sur moi. Je vais passer un mauvais moment...