53. L'ombre

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...

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Tout est noir. Mais je sens de l'eau. Comme si j'étais sous la pluie. C'est ça. Il pleut.

Mais pourquoi je ne vois rien ? Même si j'essaye d'ouvrir les yeux, je ne vois toujours rien. Juste la sensation de la pluie sur ma peau.

Puis la pluie s'arrête. Je ne vois rien et je ne sens rien. Je ne sais même pas ce que je faisais avant de ne plus rien voir. Peut-être rien qui sait ?

Je n'existe peut-être pas finalement.

Ce serait bien d'avoir un peu de lumière.

...

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Ça fait un moment que je suis ici. Je n'entends rien, je ne sens rien, je ne vois rien.

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Le silence devient angoissant. Et toujours aucun moyen de me rappeler quoique ce soit de ce que je faisais ni de ce que j'étais avant d'atterrir ici.

Peut-être que je suis née ici après tout. Que je viens d'entrer dans une vie sombre et vide. Mais alors pourquoi je ne peux pas utiliser mes sens ni bouger ?

...

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Je ne sais pas depuis quand je suis ici mais je commence à trouver le temps long. J'ai l'impression que quelque chose manque mais je ne sais pas quoi.

Ce n'est pas le mouvement ni la lumière qui me manque. C'est quelque chose de plus profond. Plus complexe.

Peut-être que si je réessaye d'ouvrir les yeux je pourrais voir où je suis.

Rien à faire. J'ai beau essayer, rien ne se passe... Fais chier !

Je commence à atteindre la limite de la frustration. Je veux bouger, voir ce qu'il y a derrière cette sphère sombre qui me sert de cellule.

Je suis sûre qu'il y a quelque chose de l'autre côté. Peut-être même ce qui me manque tellement.

J'ai entendu un son. Très léger mais suffisant pour savoir qu'il y a quelque chose derrière le mur d'ombre. Je le savais.

Si je le brise, je suis sûre de trouver ce que je cherche.

Mais au fait qu'est-ce que je cherche ?

Est-ce que ce que je cherche existe au moins ?

Je commence à apercevoir des choses. Des ombres dans le noir. Je les discerne mal mais je sais qu'elles sont là. Qu'elles me regardent.

Elles me tournent autour, se rapprochent. Mais elles n'ont pas l'air agressives.

Elles se sont toutes rassembler en une. C'est plutôt étrange mais après tout, comme je ne sais pas où je suis, c'est peut-être normal dans cet endroit.

Je me souviens de quelque chose. J'en suis sûre. C'est un garçon. Mais je ne trouve plus son nom. Je sais que je le connais mais pas moyen de le retrouver.

L'ombre s'est rapprocher de moi. Elle ressemble au garçon de mes souvenirs. Elle m'a fait me lever et m'a fait marcher.

Je peux bouger maintenant. Mais je vois toujours aussi mal. J'ai essayé de briser le mur à coups de poings mais l'ombre m'a retenu. Je ne sais pas si elle ne veut pas que je casse le mur ou si elle ne veut pas que je me blesse.

J'ai réussi à dire un mot. Mais ce n'est pas ce que je voulais dire. Je n'arrive qu'à dire ça.

-Zack.

Je le répète souvent. L'ombre fait la même chose en se désignant.

-Zack.

Deux mots viennent s'ajouter à mon registre :

-Zack. Pardonne-moi.

L'ombre répète à son tour.

-Zack. Pardonne-moi.

Elle pose une main sur sa poitrine et l'autre sur la mienne.

-Rachel pardonnée. Zack pardonné ?

Je ne sais pas quoi répondre. Elle n'a jamais dit ça avant. Moi non plus. Ce n'est pas qu'un perroquet sans conscience.

-Zack pardonné.

Comme un mot de passe, ces deux mots font éclater la prison noire dans laquelle nous étions.

Je me retrouve assise sur une chaise, face à la lune.

-Une lune bleue...

La Fille Et Le MeurtrierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant