45. L'Hôpital

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L'hôpital est toujours aussi effrayant. Le dénommé Franck m'a accompagné, Zack ne supportant pas l'atmosphère du lieu.

-Ça va bien se passer, tu t'es juste cognée la tête un peu trop fort. Ce sera réglé très vite.

Malgré ces encouragements, je ne me sens pas bien. En plus, les urgences me font encore plus peur que la salle d'attente classique.

-On ne peut pas attendre ailleurs ? Les gens me font peur.

-Non, nous aussi on a une urgence. Tu veux que j'aille te chercher quelque chose ?

-Non merci monsieur...

Il soupire puis sourit.

-Je t'ai déjà dit que nous étions amis... Tu n'as pas à m'appeler monsieur... C'est bizarre.

Comme si j'étais normale... Je regarde mes pieds. C'est étrange. J'ai le corps d'une adulte et pourtant je suis certaine d'avoir 9 ans. C'est comme si j'étais dans le corps de quelqu'un d'autre. Et d'après ce que Franck m'a raconté, c'est totalement ça. J'ai totalement changé en 12 ans...

-Mademoiselle Gardner.

Je ne tilt pas tout de suite qu'on m'appelle. En fait, je crois que je serais restée à attendre si Franck ne m'avait pas secoué l'épaule pour me faire me lever.

-Oui, je dis d'une voix éteinte.

Le médecin nous fait traverser une multitude de couloirs tous semblables avant de s'arrêter devant une porte.

-Entrez. Que vous est-il arrivé ?

-Je ne sais pas. Je ne sais même plus quel jour on est.

D'ailleurs c'est vrai ça, quel jour on est ?

-Quelle est la dernière chose dont vous vous souvenez ?

-J'étais dans un appartement avec un ami. Mais je ne sais pas comment j'ai atterri ici.

-Étiez-vous dénudée ou habillée ?

-Habillée pourquoi ?

-Vous-êtes vous sentie nauséeuse ou affaiblie après votre prise de connaissance ?

-Non. J'ai même été contente.

-Contente ?

-Oui. Je venais de vivre une scène déplaisante... Bref, voir mon ami m'a fait du bien. Je ne vois pas le rapport avec ma plaie à la tête.

Le médecin me regarde bizarrement avant de se mettre dans mon dos et de contempler l'arrière de mon crâne.

-Mais qu'est-ce que vous avez fait ?

-Elle est tombée sur des pavés.

Franck, qui n'avait pas prononcé un mot depuis le début, avait parlé d'une voix grave et sérieuse.

-Comment ?

-Elle a des absences parfois. C'est ce qui lui est arrivé dans l'appartement.

Son ton est coupant. Je ne dis rien. Je le laisse faire et acquiesce de temps à autres.

-On va faire une IRM pour voir si le cerveau n'est endommagé, finit par déclarer le médecin. On verra en fonction des résultats ce que l'on fait.

Et il sort de la pièce. Franck soupire et me regarde avec tristesse.

-Désolé d'avoir agi comme ça. Mais si je l'avais laissé continuer, on aurait fini avec la police sur le dos. Et c'est pas ce qui nous arrange le plus en ce moment.

-Lenny fait partie de la police.

Il sourit.

-C'est justement ça le problème. Il va prendre ça très au sérieux.

-Quoi exactement ? Je ne comprends pas ! Je suis venue pour retrouver la mémoire. Pourquoi le docteur a posé des questions bizarres ? Et pourquoi ça aurait amené la police ? Et...

Je ne finis pas ma phrase. Franck me prend dans ses bras et murmure à mon oreille.

-Chut... Ça va bien se passer ok ? Tout va bien. Tu vas passer ton IRM et tout ira bien. On va rentrer, tu vas te rappeler de tout ce que tu as oublié et on va faire une croix sur cette journée pourrie d'accord ?

Je me dégage de l'étreinte et m'assois sur une chaise. C'est tellement... Épuisant...

-À quoi bon ?

-À quoi bon quoi ?

-Vivre...

Je regarde encore mes pieds. Ils se balancent doucement. Ça m'apaisent. Franck fait les cents pas autour de moi. Et le docteur revient.

-Venez avec moi.

*Ellipse des examens, parce qu'on va pas se mentir, c'est long, chiant et ça n'intéresse personne. (Si ça intéresse quelqu'un, qu'il (elle) regarde Urgences, Grey's Anatomy, ou un truc du genre).*

-Rien d'anormal. Je vais vous donner un traitement contre les absences et vous devriez retrouver la mémoire dans quelques heures au mieux et dans quelques jours au pire.

Je jette un coup d'œil à Franck. Il acquiesce. Je prends les boîtes et m'incline légèrement.

-Au revoir.

Dès que l'air froid me fouette le visage, je revis. C'est tellement plus agréable que l'odeur d'antiseptique de l'hôpital ! Zack nous attend, adossé à un réverbère.

-Enfin, fait-il en me prenant dans ses bras et en m'embrassant. J'allais finir par rentrer moi !

Je reste immobile un instant. Je sais que Franck m'a expliqué qu'on était amoureux et tout ça mais... Un souvenir me fait dire que je n'ai peut-être pas choisi la bonne personne.

Il faut que je me méfie.

La Fille Et Le MeurtrierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant